Amédée Jean Mollard
Amédée Jean Mollard est un officier général de l'Armée de terre française, né le et mort le . Au cours d'une carrière de plus de 40 années, il s'est illustré au cours des campagnes du Maroc (1908), de deux Guerres mondiales et par sa participation active à la résistance française[1]. BiographieJeunesseNé à Elbeuf en Seine-Maritime, il est le fils du général de division Henri Mollard (1850-1933), lui-même Saint-cyrien de la promotion de Suez[2] (1868-1870). Le général Henri Mollard, Commandeur de la Légion d’honneur[3], sera notamment chef de corps du 102e régiment d’infanterie (1900-1905) et commandant de la 5e division d’infanterie. Début de carrièreIl entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr[4] en 1897, au sein de la 82e promotion "de Bourbaki", du nom du général Charles-Denis Bourbaki. Cette promotion compte 575 officiers (571 français et 4 étrangers)[5]. Au sein de sa promotion, 50 officiers deviendront généraux (pour l'Armée de terre[6] : 2 généraux d'armée, 4 généraux de corps d'armée, 14 généraux de division, 20 généraux de brigade ; 6 intendants généraux ; 4 généraux de l'Armée de l'air[7]. Témoin de la violence de son époque et de l'esprit de sacrifice de ses membres, cette promotion comptera 198 morts au champ d'honneur :
À sa sortie de l'École Spéciale militaire, il choisit de servir dans l'infanterie, arme dans laquelle se déroulera la plus grande partie de sa carrière. L'engagement dans les campagnes coloniales (1899-1914)La première partie de sa carrière est marquée par un engagement dans les colonies. Il est ainsi déployé en campagne au Tonkin, en Algérie, au Maroc et au Sahara, de manière quasiment interrompue pendant 7 années :
Les combats du Sahara () Pendant cette période, il sert au sein de la 24e compagnie montée du 1er régiment Etranger. Il s'illustre notamment lors des combats de Béni-Ouzien et de Bou-Dénib (13 et ). Son action lui vaut d'être cité à l'ordre de la colonne du Haut-Guir le . Retour en France (fin ) Après ces années en campagne outre-mer, il est affecté au 26e Bataillon de Chasseurs à pied[8] (stationné à Pont-à-Mousson) puis au 31e régiment d'Infanterie, stationné en Ile-de-France. Durant cette période, son action pendant les inondations de 1910 lui vaut d'être félicité[9] par le ministre de l'Intérieur, président du Conseil. Scolarité à l'École Supérieure de Guerre (ESG) Le capitaine Mollard réussit[10] le concours de l'École supérieure de Guerre et intègre la 38e promotion. Parmi les 374 officiers ayant concouru, 85 avaient été admis, dont 64 fantassins. Le , la guerre éclate et surprend sa promotion avant la fin de sa deuxième année de scolarité. L'école est alors fermée et les officiers stagiaires affectés en unité opérationnelle. Ils ne seront brevetés qu'ultérieurement, par loi du . La Première Guerre mondialeIl est engagé dans de multiples unités pendant l'ensemble de la guerre[11] :
Au sein de ces unités, il participe à des multiples combats, en France ou en Italie, notamment :
L'ensemble de ses actions lui vaudront d'être cité à 5 reprises pendant la durée du conflit, manifestant "de remarquables qualités d'activité, de jugement et de décision, d'un dévouement absolu de bravoure sans ostentation"[13]. Entre deux guerresÀ l'issue de la guerre, le chef de bataillon Mollard est affecté en au 2e bureau de l'État-major des armées. Pendant cette période, il co-traduit un livre intitulé Souvenirs de guerre du Kronprinz paru en 1923 aux éditions Payot, où il relate la Première Guerre mondiale[14]. La Seconde Guerre mondialeCommandant supérieur de la défense de la Corse du au , il est un farouche défenseur de la souveraineté française sur son territoire. Dans le contexte de tensions avec l'Italie fasciste qui réclame le rattachement de la Corse à l'Italie, il fait construire une série d'ouvrages fortifiés, la « ligne Mollard »[15], afin de verrouiller le réduit de Bonifacio des éventuelles attaques venant du sud[16]. Il considère la signature de l'armistice comme une trahison et envisage alors d'établir des contacts avec le consulat de la Grande-Bretagne pour organiser la résistance. Cela lui vaut d'être dénoncé aux autorités de Vichy et à l'État-major du général Weygand par Horace de Carbuccia, fondateur de l'hebdomadaire "Gringoire" journal pamphlétaire, ouvertement pétainiste, antisémite et opposé à la résistance. À l'issue d'une enquête de commandement dont le rapport est sans taches[17], il est néanmoins placé une première fois en deuxième section de l'État-major général de l'armée le , conformément à la loi du . Il est en fait écarté par les autorités de Vichy. Il se retire alors à Bastia où il résidera dès lors, jusqu'à son entrée en clandestinité. Il est en contact dès le mois de avec Paul Giacobbi, sénateur maire de Venaco (Corse), l’un des quatre-vingts élus ayant voté contre l’attribution des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le général Mollard rejoint alors la résistance et prend progressivement la direction du réseau Franc-Tireur en Corse[18]. En , il tente de s'opposer à l'arrivée des forces italiennes qui s’emparent de Bastia sans coup férir et veut soulever le 173e bataillon d'infanterie[19]. Néanmoins devant le déséquilibre des forces, l’option de la lutte clandestine prévaudra. En Fred Scamaroni revient en corse dans le cadre de la mission Sea Urchin organisée conjointement par la section F du SOE et la section gaulliste RF, afin d'unifier le mouvement de la résistance en Corse, et d'organiser des forces de guérilla susceptibles de neutraliser les camps d'aviation de l'Axe en Corse dans le cas d'un débarquement allié en Sardaigne. Le général Mollard rencontre alors Fred Scamaroni à plusieurs reprises et se rallie au général de Gaulle. Prévenu de l’arrestation de Fred Scamaroni par l’OVRA le , le général Mollard quitte la Corse clandestinement le à bord du Cap Corse assurant l’une des dernières liaisons entre la Corse et le continent, puis demeure dans la clandestinité jusqu’à l’été 1943. Une première tentative d’évasion, en dérobant l’avion officiel du Maréchal Pétain à Toulouse se terminera par un embourbement en bout de piste, et une cavalcade éperdue de l’équipage. Puis le , le général et neuf autres résistants, dont son fils André Mollard, qui avait fui le service du travail obligatoire, embarquent à bord d'un petit avion bimoteur, le SO.90 basé à l'aéroport de Cannes - Mandelieu et piloté par Maurice Hurel, afin d'échapper à la Gestapo. Cet avion n'a jamais été testé en vol, et c'est justement un incident technique qui évite à l'avion de se faire abattre par la DCA alliée à son arrivée en Algérie. En effet, après le décollage le train d'atterrissage a refusé de se rétracter, ce qui donne l'indication à l'officier de liaison français et aux britanniques que l'avion cherche à atterrir et non à attaquer. Cette traversée de la Méditerranée se finira à Philippeville (Skikda) en Algérie[20]. Un monument commémore cet épisode[21] à l'entrée de l'aéroport de Cannes[22]. Le , le général Mollard est nommé gouverneur militaire de Corse[23]. Il rejoint la Corse avec les premiers éléments militaires français à bord du contre-torpilleur Le Fantasque dans la nuit du 13 au . Il participe à libération de la Corse[24] où sa connaissance de l’île constitue un réel avantage pour les forces de libération. Ses actions pendant l'ensemble de la guerre et plus particulièrement son rôle dans la libération de la Corse lui valent d'être de nouveau cité à l'ordre de l'Armée. Fin de carrièreIl est replacé en deuxième section de l'État-major général des armées le . De personnalité discrète, ce général a peu fait parler de lui et reste relativement peu connu aujourd'hui. DécorationsDécorations françaisesGrand officier de l'ordre national de la Légion d'honneur (Chevalier le , officier le , commandeur le , Grand-officier le ). Croix de guerre 1914 – 1918 (5 citations dont une à l'ordre de l'armée[25], 2 à l'ordre du Corps d'armée[26] et 2 à l'ordre de la division[27]) Croix de guerre 1939-1945 avec palme (). Il est nommé officier des palmes académiques par arrêté du . Médaille coloniale (devenue médaille outre-mer) agrafe Algérie, Médaille commémorative du Maroc. Médaille interalliée de la victoire Il est cité le à l'ordre de la colonne du Guir pour son action lors des combats de Bou Denib et de Beni Ouzien (Maroc). Il est nommé chevalier de l’ordre de l'Étoile d'Anjouan par décision ministérielle du . Décorations étrangèresCompagnon du Distinguished service order. Chevalier de l'ordre de Léopold 1er. Chevalier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. http://museedesetoiles.fr/piece/general-division-mollard/ Notes et références
Liens externes
|