À partir de 1941 Ali-Khodja expose dans plusieurs salons et reçoit en 1942, la « Bourse Sivry », première bourse de la ville d'Alger (section miniature). Aux côtés notamment de Hemche, Temmam, Yellès et Ranem, il participe en 1944 à l'exposition des « Jeunes peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie » organisée par Mohamed Racim. En 1945 il est dessinateur au bureau d'études du service de l'artisanat, où il retrouve Sid-Ahmed Kara. Il présente en 1946 une première exposition personnelle et reçoit de nouveau la bourse de la ville d'Alger (section miniature). Il est coopté en 1947 par la « société des artistes algériens et orientalistes » et participe à une exposition collective en Scandinavie, à Stockholm, Oslo et Copenhague, dans laquelle il présente deux miniatures (Intérieur mauresque, Environs d'Alger) et deux enluminures. En 1950 il figure dans l'exposition des peintres de la revue « Soleil » fondée par Jean Sénac[2]. Il reçoit en 1961 la médaille d'or du « Meilleur ouvrier de France ». Nommé au Musée des arts et traditions populaires de 1948 à 1961, il est ensuite recruté comme professeur de décoration par l'École des Beaux-arts d'Alger où il enseignera jusqu'en 1994.
Ali-Khodja participe à partir de 1962 aux premières expositions organisées à Alger après l'Indépendance, est en 1963 membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP) et participe en 1964 à son premier salon annuel. Il crée en 1966 pour les « Ballets algériens » un ensemble de costumes qui ne seront pas réalisés. En 1969 plusieurs de ses œuvres sont exposées au 1er Festival panafricain d'Alger. En 1970 le grand prix national de peinture lui est attribué et en 1987 la médaille du mérite national. Ali-Khodja est également membre du jury international de la première biennale internationale des arts plastiques d'Alger en 1987 et président du jury de la deuxième biennale en 1989.
L'œuvre
De 1943 à 1950 Ali-Khodja peint exclusivement des miniatures autour des scènes quotidiennes du vieil Alger. Il commence de réaliser en 1963 des peintures ayant pour thème les paysages du Sahel algérois et en 1970 des aquarelles. De 1974 à 1977 ses peintures prennent pour thèmes les animaux. Autour de 1978 il pratique également la gravure.
Au début des années 1980 les œuvres puissamment colorées d'Ali-Khodja, sur toile, sur cuivre ou sur or, se font non figuratives. Le peintre ne leur donne plus que des titres allusifs: Formes primitives ou Signes des temps (1982), Apparence, Cosmogonie ou Eaux profondes (1983), Chemin spatial et Diffraction (1984), Obsession (1985), Transmutation (1985 et 1986), Exaltation, Genèse, Forme fluctuante, Scintillement, Fusion, Équilibre, Structures libres, Solstice ou Ambivalence (1986)[3].
Jugements
« Du travail d'Ali-Khodja se dégage une impression de profusion, mais une profusion faite de sérénité et de douceur. Des compositions feutrées, toutes en volutes et rondeurs, bannissant le tranchant, l'aigu et tout ce qui suggère les blessures. Les travaux font penser à une série de « palettes » où le peintre juxtapose ou combine avec prodigalité désinvolture et jouissance. Le pinceau vagabonde entre les couleurs, s'attardant sur telle ou telle d'entre elles pour rehausser une touche, imposer une nuance précise. (…) Sur les toiles d'Ali-Khodja, le blanc crayeux des falaises (le temps qui passe), le vert des frondaisons, les Fleurs de roche, l'horizon en flamme du couchant hors saison fusionnent pour construire une cosmogonie du rêve. (…) Il ouvre sa toile toute grande et les couleurs affluent, submergeant les contours et les formes, s'agitant pour créer la vie, pour ressusciter les premiers germes d'une sorte de magma originel. »
« Il ne s'est guère occupé de la « gestion » de sa carrière. (…) Les moyens traditionnels - mais néanmoins légitimes - qu'utilisent les artistes pour faire connaître leur œuvre le rebutent ou, à tout le moins, lui paraissent sans intérêt réel. Il place par-dessus tout le fait que l'artiste doit être en accord avec lui-même, être habité d'une profonde sérénité ou, si l'on préfère, avoir une intense croyance en ses choix esthétiques. »
2009 : Centre culturel de la radio algérienne, Alger
Illustrations
Armoiries de la ville d'Alger
Ali Ali-Khodja a créé une série de timbres postaux algériens en 1963, une série d'affiches pour le Ministère du Tourisme en 1965 et en 1968, puis pour les Floralies d'Alger en 1974 et la foire artisanale de Ghardaïa en 1976. Il a également réalisé en 1965 les armoiries de la ville d'Alger.
Algérie, peinture des années 1980, textes de Mustapha Orif et Ramon Tio Bellido, Centre national des arts plastiques, Paris, 1986 (p. 6).
Le XXe siècle dans l’art algérien, (textes de Ramon Tio Bellido, Malika Dorbani Bouabdellah, Dalila Mahammad Orfali et Fatma Zohra Zamoum), Château Borély, Marseille / Orangerie du Sénat, Paris, avril- (p. 24, 26, 27, 37, 38, 170, 176-177) (ISBN2950676812).
Ouvrages généraux
La peinture en Algérie, Alger, Ministère de l'information, 1969.
Mohammed Khadda, Éléments pour un art nouveau, Alger, SNED, 1972 (p. 49).
Musées d'Algérie, II, L'art populaire et contemporain, Alger, Ministère de l'information et de la culture, 1973 (p. 70).
Jean Sénac, Visages d'Algérie, Écrits sur l'art, textes rassemblés par Hamid Nacer-Khodja, préface de Guy Dugas, Paris, Paris-Méditerranée / Alger, EDIF 2000, 2002 (p. 103) (ISBN2-84272-156-X).
Tahar Djaout, Une mémoire mise en signes, Écrits sur l'art, textes réunis par Michel-Georges Bernard, Préface de Hamid Nacer-Khodja, El Kalima Éditions, Alger, 2013 (p. 23-26, éléments de biographie p. 166).
Articles
Saad Ziane, Pour connaître la peinture algérienne, dans El Djezaïr, Alger, Ministère du tourisme algérien, 1968 (p. 50).
↑« Omar était dans la pure tradition avec l’enluminure et la calligraphie, alors que Mohamed, miniaturiste, était plus ouvert au monde extérieur. Tous deux ont vécu à Montparnasse et côtoyé les grands maîtres de l’époque. Leur apport à l’art algérien est considérable. Les Racim restent des modèles dans leur domaine. », déclare Ali Ali-Khodja (Hamid Tahri, Une peinture toute en poésie, dans El Watan, Alger, 14 avril 2005.
↑Jean Sénac, Visages d'Algérie, Écrits sur l'art, Paris, Paris-Méditerranée / Alger, EDIF 2000, 2002, p. 103
↑Toiles reproduites parmi d'autres dans Ali-Khodja, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger, 1986.
↑dans Algérie-Actualité, n° 1314, 20-26 décembre 1880.
↑Ali-Khodja, Galerie M'hamed Issiakhem, Office Riadh el Feth, Alger, 1986, p. 17.