Descendant d'une vieille famille périgourdine, fils de Jean Cahuet, comptable à la compagnie des chemins de fer d'Orléans, Cahuet passa son enfance à Brive-la-Gaillarde où une rue porte son nom. Il fit de bonnes études au collège Cabanis qui lui permirent d'obtenir une bourse d'État pour poursuivre des études secondaires au lycée de Périgueux. En 1895, il s'inscrivit à la faculté de Bordeaux où il étudia le droit mais aussi commença à écrire des pièces, des critiques littéraires et à donner des conférences comme au théâtre d'Ussel, le sur « L'action sociale du félibrige ».
De 1898 à 1899, il accomplît ses obligations militaires au 14e R. I. de Brive puis, de 1899 à 1902, il séjourna à Paris où il participa à la vie intellectuelle en écrivant dans Gil Blas et l'Écho de Paris. Dès 1898, il écrivait des pièces : en 1900 La Sieste et Noël d'amour qui fut dédiée à l'épouse de Marc Sangnier, un de ses amis qui devint directeur du Sillon la même année.
Le , il soutint sa thèse de doctorat La Liberté du théâtre en France et à l'étranger à la faculté de droit de l'Université de Paris. Malgré le tumulte que provoqua sa prise à partie de la censure, il obtint le titre de docteur en droit et s'inscrivit au barreau de Paris.
En 1903, la revue Lemouzi publia un de ses comptes rendus et l'année suivante, grâce à l'appui de Henri de Noussanne, un compatriote limousin qui écrivait dans L'Illustration, son article La Question d'Orient dans l'histoire contemporaine fut publié. L'année suivante, l'Écho de Paris publia en feuilleton La Corbeille d'argent et, petit à petit engagé dans l'écriture, Albéric Cahuet délaissera sa carrière d'avocat tout en continuant à s'intéresser à l'actualité judiciaire qu'il commenta avec l'affaire Steinheil et ultérieurement, en 1914, l'affaire Caillaux.
En 1907, Henri de Noussanne lui permit de devenir rédacteur à L'Illustration où il devint secrétaire de rédaction.
À partir de 1908, année où il épousa Marie Petit et où, en juin, il fut admis au sein de la Société des gens de lettres, chaque semaine il rédigeait une série de critiques littéraires sur les dernières parutions dans sa chronique Les livres et les écrivains. Il participa aussi aux publications de la Petite illustration qui publia plusieurs de ses œuvres. Associé avec Gaston Sorbets et Louis Bénière, il écrivit la pièce Le Roi s'ennuie qui eut trois-cents représentations au théâtre Antoine en 1909.
Il continua à écrire des biographies, des articles historiques sur Napoléon notamment. Peu avant la Grande Guerre, il mena une campagne de presse contre l'abandon dans lequel étaient laissées la maison de l'Empereur et sa tombe à Longwood.
En 1914, mobilisé, il dut quitter L'Illustration et fut affecté à l'intendance militaire comme officier d'état-major. Son dévouement et son zèle furent cités à l'ordre de la 6e division de cavalerie. À la fin de la guerre, de 1918 au début de l'année 1919, sa pièce Les Roses rouges écrite avec Gaston Sorbets fut jouée au Théâtre de l'Odéon.
Le , démobilisé, il reprit sa place au siège de L'Illustration, au 13 de la rue Saint-Georges, dans le IXe arrondissement de Paris avec davantage de responsabilités au sein de la rédaction. Ceci lui donna un travail énorme : lire six cents livres par an et recevoir dix mille lettres si l'on en croit l'article de Jean Paul Duquesnoy : Un homme de lettres : Albéric Cahuet (1877-1942), publié par la revue Lemouzi no 192 du 2e trimestre 2009.
En 1921, élu vice-président de la Société des gens de lettres à laquelle il appartenait depuis treize ans, on le chargea d'établir un projet de statut des écrivains. Il semble qu'en 1935 Albéric Cahuet ait songé à poser sa candidature à l'Académie française, mais la déclaration de guerre en relégua ce projet au second plan et il continua son activité à L'Illustration qui ne fut pas ralentie si l'on en juge par la liste des contributions qui suit cette « biographie ».
En 1940, il abandonna son appartement de Passy et suivit la rédaction de L'Illustration qui le fit passer par Tours, Bordeaux, Clermont-Ferrand et finalement Lyon, au 87 cours Gambetta. Il ne put se retirer en Dordogne : il passa donc ses derniers jours dans la capitale des Gaules où à la Foire de Lyon, du au , au stand du journal, il accueillit le maréchal Pétain.
Son épouse, Marie Petit, meurt en 1959. Leur fils, le docteur Robert Cahuet, fera transférer, en 1980, leurs restes du cimetière de Francheville à celui de Cénac près de Fondaumier, dans la région de Sarlat, où se trouve la gentilhommière où il avait passé son enfance, ses vacances et où il avait écrit Le Missel d'amour » et Pontcarral.
Pontcarral
Albert Cahuet reste surtout célèbre comme l'auteur de Pontcarral paru en 1937 et qui connut un certain engouement à la suite de son adaptation à l'écran : le , les lecteurs de L'Illustration furent prévenus du tournage de Pontcarral, colonel d'Empire par un article de Bernard Zimmer, réalisateur du film avec Jean Delannoy. À sa sortie, le à Angoulême et le de la même année à Paris, le film, malgré la tonalité pétainiste des écrits d'Albert Cahuet, fut perçu comme un appel à la résistance[3].
Œuvre d'Albert Cahuet
Inventaire des écrits disponibles à la vente en ligne :
Napoléon délivré, roman où l'on trouve Le Coup de théâtre de 1840, Les immortelles de Longwood, L'Aumônier de la Belle Poule, La Nuit de la résurrection, Le Second Retour de l'Empereur, Une journée impériale sous la Monarchie de juillet, Les Lendemains, Documents et témoignages inédits
Le Front après la guerre ; un pèlerinage en auto-mail. Voyage sur les terres dévastées des anciens champs de bataille, villages et monuments, articles parus dans L'Illustration les 12 et
À la Recherche d'Elvire, page liminaire du roman cité ci-dessous où l'auteur explique son nouveau livre sur les amours célèbres d'Alphonse de Lamartine et de Julie Charles
Lamartine et la terre natale où l'on trouve Les maisons de Lamartine, Le Château de Laurence et la tombe de Jocelyn, Les demeures d'Alphonse de Lamartine au pays natal
' Les Vieux Jardins oubliés de Paris : le jardin des feuillantines, les vestiges de l'ancien jardin d'Adrienne Lecouvreur, le jardin brumaire, le jardin de M. et Mme Helvétius à Auteuil, article dans L'Illustration du
Préface pour l'opuscule Images du Périgord noir avec des bois gravés de Maurice Albe
De plus on peut trouver ses articles critiques dans la rubrique Les livres et les écrivains dans les numéros de L'Illustration du 1/3/1924, du 8/3/1924, du 29/3/1924, du 14/6/1924, du 21/6/1924, du 7/1/1933, du 4/2/1933, du 4/3/1933, du 11/3/1933, du 18/3/1933, du 8/4/1933, du 21/4/1933, du 29/4/1933, du 6/5/1933, du 20/5/1933, du 17/6/1933, du 24/6/1933, du 19/8/1933, du 2/9/1933, du 9/9/1933, du 16/9/1933, du 23/9/1933, du 30/9/1933, du 4/11/1933, du 25/11/1933, du 9/12/1933, du 8/6/1935, du 15/6/1935, du 22/6/1935, du 13/7/1935, du 27/7/1935, du 24/8/1935, du 31/8/1935, du 11/1/1936, du 1/2/1936, du 21/3/1936, du 28/3/1936, du 4/4/1936, du 11/4/1936, du 18/4/1936, du 30/5/1936, du 6/6/1936, du 20/6/1936, du 4/7/1936, du 11/7/1936, du 18/7/1936, du 25/7/1936, du 1/8/1936, du 22/8/1936, du 29/8/1936, du 19/9/1936, du 10/10/1936, du 17/10/1936, du 31/10/1936, du 2/4/1938, du 9/4/1938, du 18/6/1938, du 6/8/1938, du 12/11/1938, du 7/6/1941, du 30/8/1941, du 1/11/1941, du 7/2/1942, etc.
↑Le Temps, 4 février 1942, p.4 : "En la cathédrale Saint-Jean ont lieu ce matin les obsèques de notre regretté confrère, M. Albéric Cahuet. (...) Dans le cimetière de Francheville, où a eu lieu l'inhumation, ils se sont réunis à nouveau à la fin de la matinée, formant autour de Mme Albéric Cahuet et de son fils une assemblée intime."
↑Tonalité pétainiste peut-être mais les deux citations suivantes - en espérant qu'on puisse en trouver d'autres - montrent qu'il n'avait aucune admiration pour Hitler : dans L'Illustration du 27 avril 1940, sous le titre « L'Amérique, espace vital du Reich », il écrit : « Hitler, le visionnaire de Mein Kampf, le délirant tragique, ennemi méprisant de toute liberté » ; et dans L'Illustration du 6 août 1938, dans l'article « Les livres et les écrivains » on peut lire : « Si l'on regarde l'histoire des raisons qui firent triompher les dictatures, action, prestige, dynamisme d'un homme, sont aussi à la longue la cause de leur déclin. »
↑Voir un extrait du roman Les amants du lac sur le blog de Consensus - France.