ActinomètreL’actinomètre (du grec ancien Aktinos « rayon » et -mètre « mesure ») est un instrument qui mesure l’intensité énergétique des radiations émises par le Soleil ou plus généralement par une autre source lumineuse[1]. L'appareil, inventé en 1825 par John Herschel[2], est utilisé dans différentes disciplines dont l'astronomie, la photographie et la météorologie. Il s'agit d'un radiomètre qui évalue depuis la surface terrestre les composantes du bilan radiatif dans le spectre visible et le proche infrarouge ainsi que ceux des rayonnements émis dans l'infrarouge par la Terre et par son atmosphère[3]. Un actinomètre muni d'un enregistreur est appelé un actinographe. Il produit un graphique appelé un actinogramme et l'étude de ces données est l'actinométrie, une branche particulière de la radiométrie. Type d'actinomètresActinomètre de HerschelL’actinomètre généralement employé en Angleterre à la fin des années 1870 est le thermomètre d’Herschel. Il se compose d’un thermomètre à mercure dont le réservoir sphérique est noirci au noir de fumée et enfermé dans un tube de verre renflé à son extrémité en un petit ballon. Le vide est fait dans l’enveloppe autour du thermomètre et le centre du ballon coïncide avec le centre du réservoir. L’instrument est généralement couché à la surface d’un gazon bien découvert et loin de tout abri. Le réchauffement dû à l'insolation est proportionnel à la quantité de rayonnement[4]. Actinomètre de ViolleJules Violle, physicien français connu pour ses travaux sur la photométrie, le rayonnement et la calorimétrie, publia de nombreux articles sur la détermination de la température effective de la surface du soleil grâce aux mesures prises lors de plusieurs expériences au sommet du mont Blanc, de 1871 à 1875, à l'aide d’un actinomètre de son cru. Il a aussi pu déterminer une constante solaire très proche de la valeur réelle (1 771 comparé à 1 368 w/m2)[5],[6]. L'appareil se compose de deux sphères concentriques dont celle intérieure est maintenue à une température constante. Cela est possible en mettant de la glace ou faisant passer un courant d’eau chaude ou froide, ou même de la vapeur d’eau, entre les deux sphères (par t et t' sur l'image). Les deux enveloppes possèdent aussi deux ouvertures sur un même axe permettant aux rayons solaires de traverser l’appareil et un thermomètre se place au centre de la sphère intérieure par un orifice prévu à cet effet (T'). Le bon positionnement de ce dernier peut être vérifié à l’aide d’un miroir fixé sur le support de l'actinomètre, à l'ouverture de sortie du faisceau solaire (en M)[6]. La variation de température au thermomètre est proportionnelle au flux lumineux, ce qui peut être étalonné avec une source connue avant de prendre des mesures. Violle a utilisé la formule empirique de Dulong et Petit, antérieure à la loi de Planck, pour calculer ensuite la température de la surface solaire[6]. Actinomètres chimiquesLes actinomètres chimiques donnent le flux énergétique en mesurant la quantité d'un précipité obtenu lors de la réaction de composés chimiques exposés à la lumière solaire. Il est donc important de connaître à l'avance dans ce cas le ratio de production du précipité par rapport à l'énergie incidente. Le ferrioxalate de potassium est le composé le plus commun dans un actinomètre chimique parce qu’il est facile d’usage et sensible sur une vaste gamme de longueurs d’onde (254 à 500 nm). D’autres composés comme les leucocyanides verts, les oxalates de vanadium(V)–fer(III) et l’acide monochloroacétique sont parfois utilisés mais ils présentent le problème de réagir même en l’absence de lumière. Des composés composés organiques, comme le butyrophénone, servent parfois et sont analysés par chromatographie en phase gazeuse[7],[8],[9]. Certains composés sont finalement utilisés pour des longueurs d’onde spécifiques. Par exemple, le méso-diphenylhélianthrène sert pour le spectre visible (400 à 700 nm)[10]. Actinomètres à thermocouplesLes surfaces réceptrices des actinomètres en météorologie sont protégées par des coupelles dont le matériau sert en même temps de filtre transparent aux seuls domaines de longueurs d'onde souhaités : entre 0,3 et 3 µm environ pour les pyrhéliomètres et pyranomètres, entre 0,3 et 100 µm environ pour les pyrradiomètres. Quant aux capteurs de rayonnement utilisés dans ces instruments, ils font souvent appel à des associations de thermocouples capables de produire une force électromotrice variable avec l'éclairement reçu[3]. Il en existe quatre principaux types[3] :
Les données de rayonnement (en joules par mètre carré) obtenues servent dans diverses applications météorologiques comme le calcul de l'évapotranspiration potentielle et le bilan de croissance forestière[11]. ActinographeL’actinographe est un actinomètre enregistreur, soit un appareil pour enregistrer l'énergie du rayonnement solaire reçu sur Terre, et l’actinogramme est la sortie graphique d’un actinographe[1]. Les actinographes les plus anciens étaient des cylindres montés sur un axe horizontal, dont la rotation était assurée par un mécanisme d'horloge, et entouré d'un autre cylindre fixe dans lequel se trouvait une fente. Un papier photographique était collé sur le cylindre en rotation et se noircissait en passant devant la fente, laissant une trace dont l'intensité dépendait de l'insolation. Un tel appareil fut décrit par le physicien Robert Hunt, secrétaire de la Royal Cornwall Polytechnic Society en 1845 comme une amélioration de l'héliographe de T. B. Jordan (1839)[12]. En 1911, Arthur William Clayden, de la Royal Meteorological Society et Principal du Royal Albert Memorial University College d'Exeter (Angleterre), a développé une version pour les météorologues afin d'observer l'insolation quotidienne. Son appareil utilisait deux ressorts, l'un noirci et exposé au Soleil alors que l'autre était blanc et caché, reliés l'un à l'autre. Celui exposé prenant plus d'expansion que l'autre, à cause de son réchauffement, la pointe d'un stylet mis à leur point de rencontre pouvait tracer une ligne sur un papier mis sur un tambour rotatif et ainsi noter l'intensité de la radiation par rapport au temps[13]. En 1926, Robitzsch a développé un actinographe utilisant la déflexion angulaire d'une bande bimétallique noircie d'un pyrhéliomètre. La bande est formée de deux métaux différents soudés l'un sur l'autre et dont l'une des extrémités est retenue à un point fixe. Lorsque l'ensemble est exposé aux rayons directs du Soleil, sa température augmente mais comme les deux métaux ont un taux d'expansion différent, la bande ne s'étend pas longitudinalement mais fait plutôt une courbe. En plaçant un stylet au bout libre de la bande, la déflexion peut être enregistrée sur un papier en rotation sur un tambour[14]. Des variations de ce dernier type avec des appareils enregistreurs électroniques sont encore en fonction[15]. Notes et références
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