Académie d'équitation de Caen

Académie d'équitation de Caen
Cour de l'académie d'équitation au début du XXe siècle
Présentation
Destination initiale
Caserne de pompier
Destination actuelle
École de dressage
Architecte
Gustave Auvray
Construction
1863–1866
Localisation
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Coordonnées
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L'académie d'équitation de Caen est une ancienne école de dressage fondée au XVIIIe siècle à Caen dans le quartier Hastings. Fermée au milieu du XXe siècle, elle est en partie détruite pendant la bataille de Caen et les locaux subsistants sont transformés en centre d’incendie et de secours de Caen-Canada.

Histoire

Les origines de l'école au XVIIIe siècle

La filière équestre a une importance particulière à Caen depuis le XVIIIe – XIXe siècles. Il aurait existé dès le XVIe siècle (avant 1583) une académie menée par un Napolitain, Janus Geronimo[1] ; mais son existence fut probablement éphémère[2].

En 1719, un premier projet d'école d'équitation mené par Jean Poussière est autorisé par Charles de Lorraine, grand écuyer de France ; mais faute de financement et de soutien, le projet n'est pas mis à exécution[3].

L'académie est finalement fondée en 1728 par Pierre des Brosses de La Guérinière[note 1],[3]. Il fait construire des manèges, des écuries et des logements pour des pensionnaires sur un vaste terrain au nord de l'église Saint-Martin[4] appelé le Luxembourg[3]. L'école est agrandie en 1737. L'école devient une des plus prestigieuses de France avec celle d'Angers, son prestige dépassant les limites du royaume[2].

En 1763, un élève anglais menant des expériences de chimie met le feu au bâtiment[5] qui est reconstruite trois ans plus tard. En 1765, Pierre-Amable Hébert de La Pleignière, gendre de Pierre des Brosses de La Guérinière, prend la tête de l'institution[6]. Les fils de la noblesse caennaise s'y préparent à la carrière militaire[7]. Elle est également fréquentée par la haute société anglaise[8] comme William Sidney Smith[9],[10].

L'école au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle

L'influence de l’académie sur l’évolution du cheval normand, que l'on constate au XVIIIe siècle[11], se prolonge au XIXe siècle, l'école abritant le siège social de la Société d'encouragement à l'élevage du cheval français, fondée à Caen en 1864[12]. En 1810, un rapport rédigé à l'attention de la mairie pointe le besoin de reconstruire le manège avec des dimensions plus importantes[note 2]. Le maire propose alors de reconstruire l'école. Plusieurs implantations sont évoquées (hôtel de Fontenay, Hôtel-Dieu de Caen). En 1814, un mur s'effondre et le manège devient impraticable. Il est réparé l'année suivante[14]. En 1810, elle est érigée en école impériale d'équitation ; puis sous la Restauration, elle devient école royale[2]. En 1829, l’école devient municipale et prend en 1849 le nom d'école pratique de dressage et d’équitation[4].

L'école de dressage est reconstruite par Gustave Auvray de 1863 à 1866. Cette académie était alors une des plus prestigieuses de France[15].

À partir de 1914, l’école commence à décliner[16]. Pendant l'Occupation allemande, l’école abrite un dépôt du génie de la 716e division d'infanterie[17].

Les vestiges de l'école après la Seconde guerre mondiale

L'école a été partiellement détruite pendant la bataille de Caen[18]. Après la libération de la ville en , les civils affairs, dont l'un des principaux objectifs est de rétablir un centre de secours avec véhicules, établissent leur dépôt et leur cantonnement dans l'ancienne école[19]. Les forces alliées sont ensuite remplacées par les sapeurs-pompiers caennais, dont la caserne de la rue Daniel Huet a été détruite lors de la bataille de Caen[20].

Seuls subsistent de l'ancienne école, le manège et deux pavillons encadrant ce dernier. Après avoir servi un temps de garage pour les voitures, le manège est mis à disposition par la ville à des associations en 2011[16]. Les deux pavillons sont transformés en logement sociaux en 2013[21].

Le manège est rénové afin d'accueillir des spectacles équestres à partir du printemps 2014 dans le cadre des jeux équestres mondiaux de 2014[22]. Il est également prévu d'y organiser des événements culturels[23], notamment deux œuvres de Jean-Philippe Rameau (La Naissance d'Osiris et Daphnis et Églé) avec Les Arts florissants[24]. Pour l'occasion, deux tribunes de 300 places seront installées de part et d'autre du bâtiment[25].

Le 22 mars 2021, l'ancien manège est transformé en centre de vaccination contre la COVID [26].

Architecture

Avant sa reconstruction au milieu du XIXe siècle, les bâtiments longeaient la rue de l’académie[27],[28]. L'établissement est ensuite reconstruit sur un terrain de 87 ares à l'angle de la rue de Bagatelle (actuelle rue Barbey d'Aurevilly), qui constitue jusqu'au milieu du XXe siècle la limite nord de l'espace urbain, et la rue de l'académie[18]. Organisé autour d'une grande cour, l'ensemble était constitué d'un grand manège équipé de tribunes et de vestiaires, d'une écurie pouvant accueillir une quinzaine de chevaux de manège, de boxes pour 60 à 70 chevaux de selle ou d'attelage et de différents logements pour les employés (piqueurs[note 3], agent comptable, palefreniers et directeur)[18]. L'ensemble s'inscrit dans la tradition de l'architecture classique[18].

Dans les années 1880, l’école est reliée par une allée à la place et à l'avenue de Courseulles (actuelles place et avenue du Canada), percées à la suite de l'ouverture de la gare Saint-Martin[29],[30].

La plupart des manèges des académies équestres existant en France ont disparu, mais celui de Caen a été conservé[5]. De forme rectangulaire et orienté nord-est – sud-ouest, il est long d'environ 50 m sur 18 m de large[31]. La charpente en bois du manège est solidifiée par des tirants métalliques[18].

Notes

  1. Pierre des Brosses de La Guérinière (1687-1761), frère de François Robichon de La Guérinière.
  2. Un premier projet avait été présenté en 1783[13].
  3. Le piqueur est un employé qui était chargé de soigner et de dresser les chevaux.

Références

  1. Corinne Doucet, « Les académies équestres et l'éducation de la noblesse (XVIe – XVIIIe siècle) », Revue historique, vol. 4, no 628,‎ , p. 817-836 (DOI 10.3917/rhis.034.0817, lire en ligne)
  2. a b et c Corinne Doucet, Les académies d'art équestre dans la France d'Ancien régime, Paris, EdilivreAParis, 2007, p. 40–41 et p. 51
  3. a b et c Pierre-Amable Hébert de La Pleignière, Mémoire sur les haras, 1766 [lire en ligne]
  4. a et b Alfred Campion, « Note sur l’école de dressage et d’équitation de Caen », L'Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie, Caen, Le Blanc-Hardel,‎
  5. a et b Corinne Doucet, « Le point sur l’inventaire en cours des manèges français du XVIe au XXe siècle », In situ. Revue des patrimoines, Ministère de la culture et de communication, no 18, § 9 [lire en ligne]
  6. A.-J. Bourde, « L'agriculture à l'anglaise en Normandie au XVIIIe siècle », Annales de Normandie, 1958, Volume 8, no 8-2, p. 227
  7. Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1983, p. 35
  8. A.-J. Bourde, op. cit., p. 128
  9. Jean Vidalenc, « Quelques remarques sur le rôle des Anglais dans la Révolution industrielle en France, particulièrement en Normandie, de 1750 à 1850 », Annales de Normandie, vol. 8, no 2,‎ , p. 283 (DOI 10.3406/annor.1958.4379, lire en ligne)
  10. Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, t. 39, Paris, Delagrave et Cie, (lire en ligne), p. 466
  11. A.-J. Bourde, op. cit., p. 222
  12. Société d'encouragement à l'élevage du cheval français sur data.bnf.fr
  13. « Plan du terrain compris au dehors et joignant les murs de la ville de Caen depuis la porte St Julien jusques et compris la tour Chatimoine dite aussi Tour aux Fous, ensemble l'emplacement destiné à la Construction des bâtiments pour le baillage et la réunion des autres juridictions, et des prisons royales, avec des projets de cours et places au lieu des fossés actuels - C/1125/1 », sur Archives du Calvados (consulté le )
  14. Corinne Doucet, « Le manège de La Guérinière à Caen. Une appellation à revoir », sur Le monde du cheval et de l'équitation,
  15. Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, F. Le Blanc-Hardel, (réimpr. 1970), 200-201 p.
  16. a et b Côté Caen, no 26, 1er au 7 juin 2011, p. 9
  17. Des vestiges allemands à [Caen sur le site Caen dans la Seconde guerre mondiale
  18. a b c d et e Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989, pp. 202-205
  19. Les Civil Affairs (Affaires Civiles) sur le site Caen dans la Seconde guerre mondiale
  20. Site du Service départemental d'incendie et de secours du Calvados
  21. « Six logements sociaux place du Canada » dans Ouest-France, édition de Caen, 24 juin 2013
  22. « Prairie : Des projets votés à l'unanimité » dans Ouest-France, édition de Caen, 29 mai 2013
  23. « Le théâtre va redonner vie au manège de La Guérinière » dans Ouest-France, édition de Caen, 16 février 2013
  24. Site du théâtre de Caen [1]
  25. « Caen: l'ancien manège de "La Guérinière" transformé en salle de spectacle », France 3 Basse-Normandie, 30 décembre 2013 [lire en ligne]
  26. « Covid-19. Caen : le nouveau centre de vaccination a ouvert au gymnase de la caserne Canada », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  27. Cadastre napoléonien
  28. Arsène Le Cointe, Caen à vol d'oiseau [lire en ligne]
  29. Ibid., p. 76
  30. Commission consultative des intérêts hippiques dans le département du Calvados. Procès-verbaux des séances, années 1880, 1881, 1882, Imprimerie de F. Le Blanc-Hardel, Caen, 1883, p. 64
  31. Cadastre.gouv.fr

Articles connexes

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