Abdulla Yameen

Abdulla Yameen
އަބްދުﷲ ޔާމީން
Illustration.
Abdulla Yameen en 2015.
Fonctions
Président du Parti progressiste des Maldives

(7 ans, 1 mois et 7 jours)
Élection
Prédécesseur Maumoon Abdul Gayoom
Président de la République des Maldives

(5 ans)
Élection 16 novembre 2013
Vice-président Mohammed Jameel Ahmed
Ahmed Adeeb Abdul Ghafoor
Abdulla Jihad (en)
Prédécesseur Mohammed Waheed Hassan
Successeur Ibrahim Mohamed Solih
Député au Conseil du peuple

(4 ans, 6 mois et 8 jours)
Élection 9 mai 2009
Circonscription Mulah
Biographie
Nom de naissance Abdulla Yameen Abdul Gayoom
Date de naissance (65 ans)
Lieu de naissance Malé (Maldives)
Nationalité Maldivienne
Parti politique Alliance populaire (2008-2011)
Parti progressiste des Maldives (2011-2023)
Fratrie Maumoon Abdul Gayoom (demi-frère)
Conjoint Fathimath Ibrahim
Diplômé de Université américaine de Beyrouth
Claremont Graduate University
Religion Islam sunnite

Abdulla Yameen
Présidents de la République des Maldives

Abdulla Yameen (divehi : އަބްދުﷲ ޔާމީން ), né le à Malé, est un homme d'État maldivien, président de la République de 2013 à 2018.

Biographie

Famille

Abdulla Yameen Abdul Gayoom est le demi-frère de Maumoon Abdul Gayoom, président de la République des Maldives entre 1978 et 2008.

Ministre

Il devient ministre du Commerce en 1993[1].

Député

En 2009, il est élu député.

En , il est brièvement détenu[pourquoi ?][2].

Il est aussi président du groupe parlementaire du Parti progressiste des Maldives.

Élection présidentielle de 2013

Il est désigné candidat du PPM après avoir battu Umar Nasser lors des primaires organisées par le parti.

Le , il remporte, à la surprise générale, le second tour de l'élection présidentielle avec 51,3 % des voix face à Mohamed Nasheed[3],[4], président de la République de 2008 à 2012.

Président de la République

Le , il est investi comme 6e président de la République[5]. Il est alors vu par les observateurs comme une marionnette de son demi-frère Maumoon Abdul Gayoom[6].

Le , le vice-président, Jameel Ahmed, est destitué par le Parlement pour « haute trahison »[7]. Tandis qu'il fuit vers le Royaume-Uni, Ahmed Adeeb Abdul Ghafoor est nommé à sa place[8].

Le suivant, une explosion éclate à bord d'un yacht qui le ramène à Malé, alors qu'il revenait du hajj[9]. Celui-ci en sort indemne mais sa femme et deux autres personnes sont blessées[10]. Le , le ministre de la Défense, Moosa Ali Jaleel, est limogé à la suite de cette affaire, puis le , c'est le vice-président Ahmed Adeeb Abdul Ghafoor qui est arrêté[11]. Le , le président décrète l'état d'urgence[12] pour un mois[13]. Le lendemain, Ahmed Adeeb est destitué de ses fonctions par le Parlement[14] et l'état d'urgence est finalement levé dès le [15].

Alors que les Maldives étaient traditionnellement un pays d'islam modéré, la prise de pouvoir par Abdulla Yameen, à la faveur d'une élection présidentielle au résultat contesté et soutenu par les islamistes, change la donne. Influencé par des religieux wahhabites formés en Arabie saoudite et au Pakistan, le prosélytisme islamiste gagne du terrain, notamment dans les milieux carcéraux. De nombreux cheikhs radicaux occupent ainsi de plus en plus l'espace public (universités, télévision – leurs sermons étant retransmis une fois par mois sur les chaînes nationales –, etc.). Plusieurs ONG dénoncent une augmentation des mariages précoces dans les îles reculées ainsi que le refus grandissant de vacciner les enfants. Le docteur Mohamed Iyaz, un influent conseiller du gouvernement en jurisprudence coranique, fait d'ailleurs l'apologie de l'excision, en tant qu'« obligation religieuse ». En 2014, une centaine de Maldiviennes ont été fouettées en public pour « actes de fornication ». En 2015, on enregistre entre 50 et 200 départs de Maldiviens vers les territoires de l'État islamique. Si le gouvernement a officiellement condamné le djihad vers la Syrie, des activistes et des opposants critiquent son inaction sur le sujet, certains craignant même l'instauration d'un califat aux Maldives[16].

Le , Gayoom rejoint l'opposition à son demi-frère Abdulla Yameen, devenu président en 2013, et noue une alliance avec son ancien rival Mohamed Nasheed[17]. Le parti se divise en deux factions, l'une soutenant Yameen et l'autre soutenant Abdul Gayoom[18],[19],[20].

Le , considérant les condamnations de plusieurs prisonniers, dont Mohamed Nasheed et Ahmed Adeeb Abdul Ghafoor, au motifs d'être « politiquement motivées », la Cour suprême décide de casser les jugements[21]. Le 5 février, Abdulla Yameen, refuse d'appliquer la décision, malgré la demande de l'ONU[22] et fait remarquer que selon lui, la Cour suprême « n'est pas au-dessus des lois »[23], puis assiège les bureaux de la Cour suprême, qu'il accuse de vouloir le destituer[24], suspend le parlement, au sein duquel il vient de perdre la majorité après une autre décision de la Cour suprême ordonnant la réintégration des députés récemment passés dans l'opposition, limoge le chef de la police, fait arrêter son demi-frère, l'ancien président Maumoon Abdul Gayoom, qui avait rejoint l'opposition en 2017[17], et décrète l'état d'urgence[25]. Dans la soirée, il fait également arrêter deux juges de la Cour suprême, dont son président Abdulla Saeed, et Ali Hameed[26]. Il justifie cela par une « conspiration » et un « coup d'État »[27]. Nasheed appelle alors l'Inde et les États-Unis, à intervenir[28]. Finalement, les trois juges de la Cour suprême restés en liberté décident d'annuler la décision[29]. L'ONU dénonce alors une « attaque contre la démocratie »[30].

En , un reportage révèle qu'il aurait octroyé illégalement des îles à des entreprises touristiques[31].

Durant la campagne présidentielle de 2018, les médias ne couvrent pas la campagne électorale du candidat d'opposition Ibrahim Mohamed Solih, de crainte de représailles[32]. Il se déclare être le candidat de l'islam face aux « infidèles »[33]. Il prône aussi un discours nationaliste[34]. Le soir du scrutin du , les estimations des résultats donnent celui-ci largement vainqueur[35],[36]. La commission électorale confirme ces résultats durant la nuit du 23 au [37]. Abdulla Yameen reconnaît publiquement sa défaite le , et félicite son adversaire[36]. Selon Olivier Guillard, chercheur associé à l'IRIS, « Abdulla Yameen passe pour un autocrate, il a une très mauvaise image à l'étranger et la communauté internationale avait peur qu'il truque le scrutin, ce qui n'a pas été le cas. La velléité démocratique l'a emporté aux Maldives, sur l'exemple d'autres États de la région »[38]. Solih est déclaré vainqueur le par le président de la commission électorale, qui ajoute que l'institution a fait l'objet de menaces pour que l'annonce des résultats soit reportée[39].

Finalement, le , Yameen change d’avis et dépose un recours contre les résultats à la Cour suprême[40]. Il estime avoir perdu à cause de l'usage d'une encre qui aurait fait disparaître son nom des bulletins de vote[41]. Le , après le refus de la Cour suprême d'entendre ses témoins, il annonce, lors d'une dernière allocution, qu'il reconnaît sa défaite et qu'il quittera le pouvoir comme prévu, ajoutant que « durant son mandat, la chose la plus difficile pour lui a été son échec à comprendre les gens, n'ayant pas trouvé ce qui façonne leurs désirs »[42]. Le , le recours est rejeté par la Cour suprême[43].

Condamnation

Le , il est arrêté pour blanchiment d'argent[44]. Le 28 novembre 2019, il est condamné à cinq ans de prison ferme[45].

En décembre 2022, un tribunal des Maldives condamne Abdulla Yameen à 11 ans de prison pour blanchiment d'argent et corruption[46].

Le , La Cour suprême des Maldives interdit à Abdulla Yameen de se présenter aux élections[47].

Le 1er octobre 2023, au lendemain du second tour de l'élection présidentielle maldivienne de 2023 remporté par Mohamed Muizzu, vice président du Parti progressiste des Maldives toujours présidé par Yameen, ce dernier est transféré de sa prison à sa résidence de Dhooves pour y passer en résidence surveillée le reste de sa condamnation à onze ans de prison pour corruption et détournement de fonds. L'arrivée de Yameen dans sa résidence a lieu sous les applaudissements de ses partisans. Ce transfert pour raisons de santé intervient après le discours de victoire de Mohamed Muizzu donné la veille, dans lequel il appelait Ibrahim Mohamed Solih, battu au second tour, à le mettre en œuvre[48].

Muizzu prend par la suite le contrôle du Congrès national du peuple (PNC) dont il devient le président le 5 octobre avant de rompre avec le PPM. Ce dernier s'éloigne lui-même de Yameen[49],[50], Après avoir décidé de ne pas assister à l'investiture de Muizzu[51], et que ses partians aient appelé à la démission du nouveau président[52], Yameen annonce quitter le parti le 23 novembre[53]. Il fonde le Front national du peuple (PNF), enregistré au nom de son fils Zain Abdulla Yameen du fait de son inéligibilité[54],[55].

Le 18 avril 2024, la peine de Abdulla Yameen à 11 ans de prison pour blanchiment d'argent et corruption a été annulée par la Haute Cour des Maldives, qui a ordonné un nouveau procès au motif que les audiences de 2022 étaient « injustes »[56].

Notes et références

  1. Reuters Editorial, « Maldives president Yameen a hardliner who jailed his own brother », sur U.S. (consulté le )
  2. « vnews - Ameen Faisal requests to summon President Yameen and Moosa Ali Jaleel as witnesses », sur Vnews.mv (consulté le )
  3. « Maldives : Abdulla Yameen remporte l'élection présidentielle », RFI, 17 novembre 2013
  4. Frédéric Bobin, « Maldives : un nouveau président, trois incertitudes sur l'avenir », sur Le Monde, (consulté le )
  5. « Ex-strongman's brother sworn in as Maldives leader », sur Yahoo News (consulté le )
  6. « Abdulla Yameen, l'homme fort des Maldives et bien décidé à le rester - Boursorama » (consulté le )
  7. « Maldives government sacks vice president for 'treason' », sur the Guardian (consulté le )
  8. « Qui en veut vraiment au président des Maldives ? », Libération, 22 octobre 2015
  9. « Le président des Maldives a échappé à un attentat », sur Métro (consulté le )
  10. « Maldives : le président sort indemne de l’explosion d’un yacht », Le Quotidien, 28 septembre 2015
  11. « Le vice-président des Maldives arrêté pour tentative d’assassinat du président », Le Monde, 24 octobre 2015
  12. Lefigaro.fr avec AFP, « Maldives: le président décrète l'état d'urgence », sur Le Figaro (consulté le )
  13. « Maldives: règlements de comptes au sommet de l'Etat sur fond d'islam radical », Geopolis (consulté le )
  14. « Maldives crisis: Vice-President Ahmed Adeeb removed from power - BBC News », sur BBC News (consulté le )
  15. Lefigaro.fr avec AFP, « : fin de l'état d'urgence », sur Le Figaro (consulté le )
  16. Manon Quérouil-Bruneel, « Maldives, l'enfer du décor  », sur Le Figaro Magazine, semaine du 12 juin 2015, p. 38-48.
  17. a et b (en) Suhasini Haidar, « Maldivian arch-rivals Mohammad Nasheed and Maumoon Abdul Gayoom join forces. », sur The Hindu (consulté le ).
  18. MaldivesUprising, « Take a Bold Stand Against “Sale of Faafu Attol and Islands” to... », sur Maldives Uprising - MaldivesUprising.com (consulté le )
  19. MaldivesUprising, « Bringing the “Maldives – Saudi Arabia” corruption out from “under the carpet” », sur Maldives Uprising - MaldivesUprising.com (consulté le )
  20. « Maldives ruling Party warns of legal action if their name is not removed from statement – Maldives Times » (consulté le )
  21. « Maldives: l'opposant en exil Nasheed se présentera à la présidentielle », sur LExpress.fr (consulté le )
  22. « ONU Info - Maldives : l'ONU appelle les autorités à respecter la décision de la Cour suprême », sur Centre d'actualités de l'ONU (consulté le )
  23. Le Point, magazine, « Le président des Maldives décrète l'état d'urgence, un ex-président arrêté », sur Le Point (consulté le )
  24. « La Cour suprême des Maldives accusée de vouloir évincer le président », sur RTBF Info (consulté le )
  25. « Maldives: état d'urgence déclaré pour 15 jours », sur Le Figaro (consulté le )
  26. « Maldives : l'arrestation du président de la Cour suprême enfonce le pays dans la crise politique - France 24 », sur France 24 (consulté le )
  27. « Maldives: le président dénonce une «conspiration» des juges », sur Le Figaro (consulté le )
  28. Le Point, magazine, « Les Maldives s'enfoncent dans le chaos politique », sur Le Point (consulté le )
  29. RadioFranceInternationale, « Maldives: une crise très politique - Asie-Pacifique - RFI », sur RFI, RadioFranceInternationale, (consulté le ).
  30. « L'ONU parle pour les Maldives d'«attaque contre la démocratie» », sur Le Figaro (consulté le )
  31. La-Croix.com, « Le président des Maldives impliqué dans l'octroi illégal d'îles », sur La Croix (consulté le )
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  36. a et b (en) "Live blog: Victory for Ibu", The Maldives Independent, 23 septembre 2018
  37. « Maldives : le leader de l’opposition remporte l’élection présidentielle », sur Le Monde.fr (consulté le )
  38. La-Croix.com, « Aux Maldives, la victoire d’un opposant marque « un premier pas vers la démocratie » », sur La Croix (consulté le )
  39. Le Point, magazine, « Présidentielles aux Maldives: confirmation de l'élection de l'opposant Ibrahim Solih », sur Le Point (consulté le )
  40. « Aux Maldives, le président battu ne veut pas lâcher le pouvoir », sur Libération.fr (consulté le )
  41. « Présidentielle aux Maldives: Yameen attribue sa défaite à une "encre disparaissante" », sur Courrier international (consulté le )
  42. Le Point, magazine, « Maldives: le président sortant admet sa défaite malgré son recours devant la Cour suprême », sur Le Point (consulté le )
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  48. Former president Yameen transferred home, supporters rejoice
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  51. (en) « Yameen decides against attending Muizzu’s inauguration », sur SunOnline International (consulté le ).
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  53. (en) raajje.mv, « Ex-Pres. Yameen leaves PPM amid controversy », sur raajje.mv (consulté le ).
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