L’abbaye de Saint-Jean de Bonneval-lès-Thouars (également connue sous les noms de abbaye de Saint-Jean de Bonneval-lez-Thouars et abbaye royale de Saint-Jean de Bonneval-lez-Touars ou bien encore Bona Vallis prope Thoarcium en latin[1]) était une abbaye de religieuses bénédictines située à Saint-Jean-de-Thouars dans les Deux-Sèvres en régionNouvelle-Aquitaine.
Durant le Moyen Âge, l'abbaye s'enrichit grâce à ses possessions : vignes, moulins, champs céréaliers mais aussi chapelles et églises (comme celle de Saint-Médard de Thouars)[10]. De plus, l'abbaye détient le village de Faye-l'Abbesse depuis 973[11],[12],[13].
En 1163, une bulle du pape Alexandre III confirme toutes les possessions de l'abbaye et la place sous la protection du Saint-Siège[14].
Philippe de Chasteigner succède à sa tante en 1543. Le 28 juin 1548, le roi Henri II lui accorde la permission de démissionner au profit de sa sœur Françoise mais elle ne le fait pas[16].
En 1557, Philippe de Chasteigner se retire à Genève avec huit religieuses, toutes converties au protestantisme, pour rejoindre Jean Calvin[17], ne laissant qu'une seule religieuse au sein de l'abbaye (les autres ayant probablement désertées)[18].
Vers 1560, le roi nomme Gasparde de Clermont-Tonnerre comme abbesse[19].
Puis, au début du XVIIe siècle, l'abbaye et l'église sont rebâties sous l'impulsion d'Isabelle de Vivonne qui est abbesse de 1590 à 1632[19].
Les procès
À compter de 1614, les abbesses successives essayent de recouvrer des terres et des droits perdus en intentant plusieurs procès aux ducs de La Trémoille[20],[21], comme par exemple en novembre 1634 lorsque Louise de Chastillon doit défendre les droits de l'abbaye sur le moulin des Roches (dit le « moulin de l'abbesse ») à la suite de l'agression et de l'emprisonnement des meuniers par les officiers du duc Henri Ier de La Trémoille[22].
Le procès le plus retentissant est l'affaire du « poteau de Faye-l'Abbesse » qui dure près de 17 ans[19],[23].
En 1790, l'abbaye était composée de l'abbesse, de 10 sœurs et de 20 religieuses[25].
Après avoir été vendu comme bien national en 1791[26], le domaine de l'abbaye a été presque entièrement rasé durant la Révolution[27]. Le nouveau propriétaire a en effet démoli les bâtiments pour revendre au détail les matériaux exploitables et les pierres ont été converties en chaux[3].
La Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs habitants de la commune se sont cachés dans les caves souterraines de l'abbaye à l'arrivée des troupes allemandes[27],[28].
La période contemporaine
Après avoir appartenu à la même famille de 1794 à 2016[26], une partie du domaine est acquise par la commune en 2016 pour transformer le clos de l'abbaye en parc paysager[29]. En 2019, ce qui restait encore dans les mains des descendants des propriétaires depuis le début du XIXe siècle, soit le tiers du parc d'origine et les bâtiments (les communs de l'ancienne abbaye, des souterrains et la maison construite après la Révolution), a été cédé et reste propriété privée[30].
Très occasionnellement, des messes continuent d'être célébrées dans l'église de la commune[31].
En 2024, les bénévoles de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine de Saint-Jean-de-Thouars poursuivent toujours les travaux de rénovation[32],[33].
Propriétés et revenus
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Selon le rapport de Charles Colbert de Croissy établi en 1664, et alors que l'abbesse est Elisabeth de Chatillon, l'abbaye dispose de 6 000 livres de rente de revenu, sans compter les pensions des religieuses[18].
Un blason, reproduisant les armes des abbesses de jadis, est situé au-dessus de la porte de l'église paroissiale de la commune. Il est marqué des armes de la famille de France afin d’affirmer la fondation royale de l’abbaye. Ces fleurs de lys sont associées à une crosse en dedans ornée de feuilles, peut-être de houx ou de chêne vert[36],[37].
Ce blason n'est pas sans rappeler le sceau de Jeanne de Maillé (abbesse de 1475 à 1488) décrit comme tel : « écu fascé, ondé et adossé à une crosse »[38].
Louise de This ou Louise-Étiennette de Thy (1786-1790)
Missel MS. Douce 313
Écrit au milieu du XIVe siècle, un missel romainfranciscain a été conservé pendant au moins deux siècles à l'abbaye[48],[49]. Ce missel était utilisé comme livre de messe au sein du couvent en 1606[50].
À l'intérieur, on y trouve une inscription manuscrite : « Ce missel m'a esté donné par mad°. de Chatillon abesse de St Jean de Bonneval le 10° aoust 1703. Foucault »[51],[52]. Même si on ignore pourquoi Magdelaine-Angélique-Marie de Châtillon a décidé de s'en séparer[53], nous savons qu'elle l'a offert au bibliophile Nicolas-Joseph Foucault en 1703 (soit quelques années après qu'Henriette, la fille de ce dernier, ne prenne l'habit[54]) puis qu'il s'est retrouvé en Angleterre après la Révolution française avant d'être acquis par Francis Douce vers 1828[50].
Depuis 1834, ce livre liturgique fait partie des possessions de la bibliothèque Bodléienne sous le nom « MS. Douce 313 »[50].
Personnalités liées
Aimery II, vicomte de Thouars, qui fit un don de terres à l'abbaye en 955[6].
La maison de Châtillon dont cinq membres occupent successivement des charges au sein de l'abbaye entre 1625 et 1719 : Louise de Châtillon, Elisabeth de Châtillon, Marie-Françoise-Yolande de Châtillon, Magdelaine-Angélique-Marie de Châtillon puis Françoise-Marie-Anne de Châtillon.
Henriette Foucault, née à Pau le , fille de Nicolas-Joseph Foucault et de Marie de Jassaud, elle est la nièce de Claude Foucault abbesse de l'abbaye Notre-Dame de Gercy. En 1699, à l'âge de 14 ans et demi, elle prend l'habit en apportant au monastère une dot de 2 000 livres et reçoit pour elle une pension viagère de 300 livres[54]. Elle prend la tête de l'abbaye de 1734 à 1750[19].
Galerie
L'abbaye est représentée sur deux œuvres de Louis Boudan, dont une qui lui est entièrement consacrée :
Veüe de l'Abbaye de St Jean de Bonneval, en Poictou, prez la ville de Thouars
Auteur : Louis Boudan Date : 1699 Technique : Estampe (lavis d'encre de Chine et aquarelle) Dimensions : 32,6 x 28,7 cm (f.), 29,7 x 25,6 cm (tr. c.) Propriétaire : Collection Gaignières Commentaire : Représentation des différents bâtiments de l'abbaye en 1699. Sur la droite, on distingue la chapelle abbatiale, l'église paroissiale et un cimetière. Au premier plan, sont représentés le verger et le potager de l'abbaye, parcourus par un ru.
Plan general du chasteau jardins terraces de THOUARS, en poictou à sept lieües de Saumur.
Auteur : Louis Boudan Date : 1699 Technique : Estampe (lavis d'encre de Chine et aquarelle) Dimensions : 33,3 x 29 cm (f.), 30 x 25,8 cm (tr. c.) Propriétaire : Collection Gaignières Commentaire : Représentation du château des ducs de La Trémoille, de l'orangerie, des écuries et du potager. On distingue le prieuré Saint-Nicolas-du-Roc sur la droite et la paroisse Notre-Dame-du-Château au premier plan. On aperçoit l'abbaye de Saint-Jean de Bonneval-lès-Thouars en arrière-plan.
L'un des bassins du parc de l'Abbaye.
Aperçu du lavoir-séchoir daté du XVIIe siècle et situé au cœur du parc de l'Abbaye (avant sa rénovation).
Esplanade André Béville (du nom du maire de la commune de 2001 à 2022) située à côté de l'église Saint-Jean.
Parvis de l’église paroissiale du XIXe siècle (à ne pas confondre avec la chapelle de l’abbaye qui a été totalement détruite sous la Révolution française).
Porche du pavillon de l'abbesse daté du XVIIIe siècle.
Verger participatif situé au cœur du parc de l'Abbaye.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Maxime de Montrond, Dictionnaire des Abbayes et Monastères : Histoire des établissements religieux érigés en tout temps et en tous lieux à la destination des réguliers des deux sexes, t. 16, Paris, J.-P. Migne, , 1228 p. (lire en ligne), pages 120 et 121.
Pierre-Victor-Jean Berthre de Bourniseaux, Histoire de la ville de Thouars : depuis l'an 759 jusqu'en 1815, Niort, A.-P. Morisset, , 318 p. (lire en ligne), pages 89 à 94.
Antoine Milanges, Oraison funèbre de la très-illustre et très-religieuse dame Magdelaine-Angélique-Marie de Chastillon, abbesse de Saint-Jean de Bonneval Lez-Thouars : prononcée dans l'église de l'abbaye, le huitième jour de may mil sept cens huit, Poitiers, Veuve de Jean-Baptiste Braud, , 53 p.
↑Henri Beauchet-Filleau, Pouillé du diocèse de Poitiers, L. Clouzot (Niort) et H. Oudin (Poitiers), (lire en ligne), page 180
↑ abcd et ePierre-Victor-Jean Berthre de Bourniseaux, Histoire de la ville de Thouars : depuis l'an 759 jusqu'en 1815, Niort, A.-P. Morisset, , 318 p. (lire en ligne), pages 89 à 94
↑Abbé Victor-Daniel Boissonnet, Dictionnaire des abbayes et monastères : Histoire des établissements religieux érigés en tout temps et en tous lieux à la destination des réguliers des deux sexes, vol. 16, Paris, J.-P. Migné, , 1228 p., p. 120
↑Gabriel de Gramont, Règle des filles religieuses de l'ordre de S. Benoit accommodée pour la réformation de l'abbaye de Sainct Jean de Bonneval lèz Thoüars : en l'an mil cinq cens trente trois,, Poitiers, Veuve A. Mesnier, , 480 p.
↑M. Clabault, Généalogie historique de la maison de Chasteigner en Poitou, Paris, Auguste-Martin Lottin, (lire en ligne), p. 74
↑Jean-Luc Tulot, « L'église réformée de Thouars au XVIIe siècle », Cahiers du Centre de généalogie protestante, no 87, , p. 6/54 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bCharles Colbert de Croissy, État du Poitou sous Louis XIV : Rapport au roi et mémoire sur le clergé, la noblesse, la justice et les finances, Fontenay-le-Comte, imprimerie de Pierre Robuchon, , 641 p., p. 139 et 140
↑Bulletin de la société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, t. V, Poitiers, , p. 334 et 335
↑Pôle culture de la Communauté de communes du Thouarsais, Saint-Jean-de-Thouars - Livret découverte, Thouars, Presse de Mace imprimerie, , 26 p. (SJT_livret_planches.pdf), p. 11 et 17
↑Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres, Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, t. XVI, Niort, L. Clouzot, , 361 p. (lire en ligne), p. XLVI et 280
↑Guy Devailly, « Les vicomtes de Thouars et l'abbaye de Saint-Jean-de-Bonneval (Xe – XIIe siècles) », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, , p. 107-126
↑Hugues Imbert, Registre de correspondance et biographie du duc Henry de La Trémoille (1649-1667), Poitiers, Imprimerie de A. Dupré, , 332 p., p. 289 et 290
↑Carl Guillet, « Près de Thouars. Ils veulent restaurer le « dernier témoin » de l’abbaye Saint-Jean-de-Bonneval », Le Courrier de l'Ouest, (lire en ligne, consulté le )
↑François Eygun, Sigillographie du Poitou jusqu'en 1515 : étude d'histoire provinciale sur les institutions, les arts et la civilisation d'après les sceaux, Imprimerie Protat Frères, , 556 p.
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