Abbaye Saint-Pierre de Bèze
L'abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Bèze a été fondée en 630 sur le territoire qui deviendra la commune de Bèze, à quelque 30 km au nord-est de Dijon dans l'actuelle Côte-d'Or. Elle suivit d'abord pendant 200 ans la règle de saint Colomban, puis en 826, la règle de saint Benoît. Ce qui subsiste de cette ancienne abbaye bénédictine est un patrimoine classé monument historique inscrit en 2010[1]. Elle était jusqu'en 1731 rattachée au Diocèse de Langres, puis à partir de cette date, à celui de Dijon. L'abbaye est la propriété privée de Mme Aleth Brasart. Elle est ouverte au public à l'occasion des Journées du Patrimoine. HistoriqueAu VIIIe siècle, le site se nomme alors « Fons Besue » (« fontaine de Bèze » en latin). Source de la Bèze, qui n'est en fait qu'une résurgence et qui devait faire l'objet d'un culte païen[2] La fondation de l'abbayeC'est pour expier un crime, que le duc Amalgaire, décida de donner les terres reçues pour prix de sa forfaiture, à une communauté religieuse afin d'y fonder un monastère. C'est à son fils Waldalène, religieux de l'abbaye de Luxeuil qu'il confia l'établissement, qu'il dota généreusement[3]. La Chronique de Bèze (premier tiers du XIIe siècle) raconte les débuts de l'abbaye sur un site qui n'était alors pas occupé par l'homme[4] : Arnanger, le duc d'Atuyer[5] donna à son fils Gandelin l'ordre d'y fonder un monastère. La Chronique raconte :
Toutefois, le récit de la fondation de l'abbaye par le duc Amalgaire est à prendre avec précaution. En effet, l'auteur de la chronique a probablement embelli l'histoire de la création du monastère afin de la rendre plus prestigieuse[7]. La quiétude des lieux ne tarda pas à être troublée par les deux guerres civiles entre seigneurs francs locaux en 660, puis avec les Austrasiens de Dagobert II en 676, en lutte contre Thierry III. Malgré toutes les destructions qu'elle subira au cours des siècles, elle se relèvera de ses cendres par sept fois. VIIIe siècleL'abbaye est détruite par les Sarrasins en 731. Le roi Pépin le Bref, donne plusieurs biens en Bourgogne, à son demi-frère : Remi de Rouen qui reçoit l'usufruit des importantes propriétés de l'évêché de Langres, qui était vacant, dont en particulier celui de l'abbaye Saint-Pierre de Bèze. Rémi, âgé de 18 ans, dispose de ces revenus pour mener une vie de scandales et débauches, ce qui provoque l'opposition des moines de Bèze et le départ de la plupart pour l'abbaye de Luxeuil. En 752, Rémi donne les bénéfices de cette abbaye à sa maîtresse, Angla, femme mariée, qui partageait sa vie déréglée[8]. Cela se termine par la repentance des deux dépravés qui, après une dizaine d'années de vie de débauche, veulent se racheter par des vies plus conformes aux exigences de la religion. En 826 le monastère est rebâti par Albéric, évêque de Langres qui le met sous la règle de saint Benoît Le culte de saint PrudentEn 883, Gilon de Tournus, évêque de Langres, donne à l'abbaye les reliques du martyr saint Prudent, qu'il a rapporté de son pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle[9]. Saint dont le culte sera important à Bèze aux Xe, XIe et XIIe siècles[10]. Selon Solange de Montenay, en 888, la grotte a servi d'abris aux habitants de Bèze ainsi qu'aux moines de l'abbaye menacés par les Normands. Les moines ne reviennent qu'en 921 IXe et Xe sièclesLes Hongrois, envahissent les lieux en 936, puis en 937, et l'abbaye va rester déserte pendant un demi-siècle. À la fin du Xe siècle Brunon de Roucy, demanda à l'abbé Mayeul de lui envoyer des moines pour refonder son abbaye. C'est ainsi que Guillaume de Volpiano vient à Bèze, dont il devient abbé en 990 et Raoul le Blanc devenu moine, qui consacrera sa fortune à relever l'abbaye. Parmi les moines présents en 1025 à l'abbaye se trouve un scribe du nom de Raoul Glaber. C'est sous l'abbatiat d'Étienne de Joinville que l'abbaye deviendra prospère. On y compte 50 moines et une centaine en tout desservant les différents prieurés et granges. XIIe – XIIIe sièclesElle a accueilli le pape Pascal II du 17 au 19 février 1107 qui consacra le lendemain de son arrivée le grand-autel papal de l'abbaye. Le bourg de Bèze appartient alors à la province de Champagne[11]. Le , c'est l'évêque de Langres Joceran de Brancion, qui consacre l'église abbatiale. Un incendie accidentel se déclare en 1198. Le bourg est fortifié en 1209. L'abbé prend le titre de baron de Bèze en 1253. La préoccupation majeure devient la gestion des biens et l'observance de la règle n'est plus guère appliquée. C'est l'époque d'une série de procès entre les habitants et l'abbé, ainsi qu'avec les seigneurs des environs. C'est de la fin du XIIIe siècle, en 1280 que date l'école monastique encore visible de nos jours à l'extérieur du monastère. La rédaction de la chronique par JeanDe 1120 à 1130 environ, Jean, un moine de l'abbaye, entreprend la rédaction de la chronique de l'abbaye[12]. Le manuscrit est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France (il s'agit du ms. lat. 4997). Tout en y rédigeant l'histoire de l'abbaye, Jean intègre à la chronique les documents relatifs à la vie de Saint-Pierre-de-Bèze entre le VIIe et la première moitié du XIIe siècle. Pour la grande majorité de ces documents, les originaux ont été perdus, leur contenu n'ayant survécu que par la copie dans le récit de Jean. Cet effort de rédaction est probablement à mettre en lien avec l'influence de l'abbé Etienne, abbé de Bèze entre 1088 et 1120, qui participa au rétablissement de règles monastiques strictes au monastère. XIVe et XVe sièclesEn 1350 se déclare l'épidémie de Peste noire. En 1379, il ne reste que 12 moines à l'abbaye. En 1423, en pleine guerre de Cent Ans, Simon de Torcenay nouvel abbé, entreprend de faire fortifier l'abbaye en la ceignant d'une muraille, avec douves et pont-levis, et une double enceinte pour protéger la ville avec la Tour d'Oysel et la Tour de Chaux. C'est également lui qui fait construire les premières forges en 1425. XVIe siècle et la Réforme du XVIIe siècleLa commende finira par ruiner l'abbaye, ainsi que les guerres. Les Suisses envahissent la Bourgogne en 1513. Puis les Ligueurs occuperont Bèze. Il ne reste plus que 6 moines en 1592. Gallas et ses troupes descendent la vallée de la Vingeanne, ravageant tout sur leur passage, en novembre 1636. Puis les mercenaires allemands, théoriquement nos alliés se paieront sur l'habitant. L'abbaye est en ruines. Les Mauristes prirent possession des lieux en 1662, l'église est refaite par Étienne. XVIIIe siècle, La RévolutionLes travaux des vannages effectués sur la rivière relèvent le sol de près de deux mètres.<bt />
Puis en 1731, l'évêché de Dijon reçoit la mense abbatiale et en 1738 a lieu la dernière reconstruction de l'abbaye, l'abbaye est devenue un couvent ne comprenant plus que 8 religieux en 1768. Patrimoine inscritLe patrimoine inscrit par arrêté du 15 septembre 2010 à l'inventaire des monuments historiques se compose de quelques vestiges de l'ancienne abbaye : de l'église (datant du début du XIIe siècle), de la chapelle axiale (avec deux pilastres et leurs chapiteaux), du bâtiment conventuel, du réfectoire, du dortoir, d'un lavoir et d'un cellier. Deux tours sont également préservées, marquées aux armes de l'abbé Simon de Torcenay : la tour de Chaux au sud et la tour d'Oysel au nord[1]. ArchitectureLe premier monastère fut bâti en dur sur un plan rectangulaire, l'église orientée était au nord de ce plan, avec à l'est, communiquant avec l'église le bâtiment recevant à l'étage les dortoirs, et au-dessous la salle du chapitre. Au sud le bâtiment avec le réfectoire, au centre de ce dispositif le cloître. Église abbatialeC'est Raoul le Blanc qui fit reconstruire l'église, après sa nomination en 990 et on pouvait encore la voir intacte au XIe siècle, et Étienne de Joinville la fit agrandir jusqu'à la rivière vers 1110. À la suite des travaux de 1675, l'eau envahit l'église qu'il faudra surélever. On y accédait par une grande place encadrée par l'aile Ouest et le Cellier des Moines. L'entrée monumentale ne fut pas réalisée faute de moyens. ChœurDisposé à la romaine, selon le goût des Mauristes, avec les stalles dans l'abside, l'autel sous la tour de clocher, les autels latéraux dans les ailes du transept. ChevetLe premier chevet date de Raoul le Blanc, le deuxième de style roman du début du XIIe siècle et le troisième fut l'œuvre des religieux de la Congrégation de Saint-Maur vers 1662 Il est possible qu'il fut en abside centrale semi-circulaire et flanquée de deux absidioles accolées directement au transept, ou bien trois absides de même plan. Il est possible que le cours de la rivière fut détourné. Les vestiges du chevet actuel sont au bord de la Bèze. NefsTranseptLe transept exista depuis sa construction jusqu'à la démolition de l'église à la fin du XVIIIe siècle dans l'état ou l'avait fait construire Raoul le Blanc. Il est en trois parties : la partie centrale supportait la tour qui fut modifiée au cours du temps. Cette partie se continuait de chaque côté par deux ailes, prolongeant les bas-côtés de la nef. Les Mauristes après les travaux de 1675, construisirent contre une abside de plan carré, à peu près à l'emplacement de l'abside primitive, et l'étayèrent aux angles extérieurs par deux arcs-boutants ChapellesAutour du sanctuaire de deux travées, comportant l'autel papal, un déambulatoire sur plan carré, voûté d'arêtes[13], sur lequel s'ouvraient trois chapelles d'abside contiguës, sur plan carré, voûtées en berceau semi-cylindrique dont le mur de pignon longeait la rivière. Par suite des inondations de 1675 seule restera la chapelle de La Vierge au centre avec à gauche un chapiteau de l'Annonciation dont l'ange à malheureusement disparu en 1940[14]. À droite un autre chapiteau représentant La Visitation. Les deux autres chapelles étaient respectivement consacrées à saint Étienne et la troisième à saint Yves CloîtreIl n'était pas achevé en 1774 FouillesLes fouilles de 1970, permirent de mettre au jour à quelques mètres du mur sud de la chapelle à demi enterrée, un pilier cruciforme avec sur sa face interne quatre cannelures. Bâtiments conventuelsLe bâtiment principal réalisé par les Mauristes a une longueur de 113 mètres. Il ne reste aujourd'hui que les deux ailes qui étaient reliées par un bâtiment en avant-corps qui fut démoli et qui comportait les cellules des moines. Sépultures
JardinsEn 1675 en raison des travaux réalisés sur la rivière pour l’établissement des forges, l'abbé est contraint de faire rehausser ses jardins de quatre mille chars de pierre, de terre, et de gazon. Le parc possède un séquoia. BucherInfirmerieDans l'aile Est. BibliothèqueSituée au second étage de l'aile Ouest. Elle y posséda jusqu'à 23,172 livres, il ne reste que 4,175 livres à l'inventaire de mai 1790[15]. Au-dessus de la bibliothèque, avec des chambres réservées pour les étudiants venant consulter à la bibliothèque. Au rez-de-chaussée, le logement du cellerier et de son adjoint. DortoirLe dortoir des moines, au premier étage du bâtiment disparu, qui reliait les deux ailes toujours existantes. CellierOrangerieBâtiment récent de 1910, et recouvert en tuile de Bourgogne La tour d’OyselC'était la cuverie. C’est la deuxième tour des fortifications de l’abbaye subsistante de l'enceinte fortifiée du XVe siècle. Elle se situait à la jonction de la rivière et des douves entourant l'abbaye et qui seront comblées au XVIIIe siècle. Dès lors, la tour est désignée comme "servant de colombier". Les murs ont 1,75 mètre d’épaisseur. Accolé à cette tour, il y a le « lavoir des sœurs ». L’école primaire Claude Monet est installée dans le grand bâtiment qui part de cette tour. Cette partie était l’ancienne cuverie des moines. La tour de ChauxC’est vers l’an 900 que le monastère s’est entouré de fortifications. Cette tour en est l’un des vestiges et l'une des tours restantes de l'enceinte de l'abbaye. Elle est dite tantôt "Tour aux choues" (= aux chouettes), tantôt "Tour de Chaux", parce qu'au VIIIe siècle il y avait un trou à chaux près de sa base (Inventaire de 1790). Elle a trois étages et ses murs ont environ 2 mètres d’épaisseur. ForgesC'est Simon de Torcenay qui en 1425, fait installer les premières forges qui resteront en place jusqu'à la fin du XIXe siècle. C'est vers 1675 que furent installées en aval de l'abbaye avec des vannes, pour améliorer la puissance des marteaux des forges, ce qui provoqua le rehaussement de la nappe phréatique. MoulinL'école monastiqueL’abbaye de Bèze fut une des premières à posséder une école monastique, dès 655. Celle-ci se trouvait dans l’enceinte de l’abbaye afin d’éduquer les jeunes moines. Plus tard, elle reçut des enfants des seigneurs et des nobles désirant s’instruire. Pour faire face à son succès grandissant, une école extérieure fut fondée en 1280 par l'abbé Girard III. En 1380, elle accueillait 40 garçons et 20 filles. Sa façade a été plusieurs fois remaniée. On peut remarquer des tripodes (trèfles) au-dessus des fenêtres, des têtes sculptées et des arcades de style gothique. En 1872 « l’hôtel du vieux monastère » s’y installa, puis une épicerie et la gare des autobus reliant Dijon à Gray. La façade a failli partir pour les États-Unis en 1913. Ce bâtiment fut sauvé de la démolition et il obtint son classement par les Beaux-arts en 1914. Titres, propriétés, revenusTerres, bois
vignes
Villages
Églises, prieurés, chapelles
Redevances
Armoiries« Semé de fleurs de lys, clef de saint Pierre et glaive de saint Paul en sautoir » DeviseListe des abbés et prieursMoines et personnalités célèbres
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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