Il est considéré comme un des lobbys les plus puissants des États-Unis[2],[3],[4],[5].
Présentation
Objectifs principaux
Faire du lobbying pour défendre les intérêts israéliens
S'assurer du veto des États-Unis contre toute résolution de l'ONU condamnant les actions israéliennes
Assurer une aide financière généreuse envers Israël
Assurer une aide militaire généreuse envers Israël
Préparer la future génération de leaders pro-israéliens
Surveiller les votes et les propos des politiciens américains concernant tout ce qui est lié de près ou de loin à Israël
Coordonner et orienter les donations des donateurs juifs américains aux politiciens candidats aux élections
Histoire
Origines et fondation
En 1951, soit 3 ans après la naissance de l'État d'Israël, Isaiah Kenen(en) un employé du ministère des Affaires étrangères israélien lance le American Zionist Committee for Public Affairs. L'organisation devient une aile du American Zionist Council(en).
En 1963, le département américain de la Justice de l'administration Kennedy ordonne à l'American Zionist Committee de s'enregistrer comme un agent étranger.
La même année, le lobby décide alors de changer de nom pour devenir le American Israel Public Affairs Committee (AIPAC)[6] et il reformé sous un nouveau nom par Isaiah Kenen, Isadore Breslau et Joseph Ottenstein[6].
Pour David Siegler, professeur de sciences politiques à UCLA : « La tension entre l'administration Eisenhower et les sympathisants d'Israël était si forte, qu'il y avait des rumeurs (qui s'avèrent non fondées) au sujet de l'imminence d'une enquête des autorités américaines sur le Conseil sioniste d'Amérique. Ainsi a été constitué un lobby indépendant, qui des années plus tard a été renommé AIPAC ».
En 1975, Morris Amitay(en) remplace Isaiah Kenen en tant que directeur exécutif de l'AIPAC.
Sous sa direction puis sous celle de Tom Dine(en), l'AIPAC se renforce considérablement.
Affrontement avec George H. W. Bush
En 1989, le secrétaire d’État James Baker déclare devant le lobby AIPAC en 1989 qu'Israël devrait abandonner ses « politiques expansionnistes. »
Le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir insiste pour obtenir de l'argent, et entre en conflit politique avec George H. W. Bush. Pour le Washington Post, le président Bush perd l'élection présidentielle de 1992, pour un second mandat, à cause de son opposition à Israël[7].
Pour Jacob Heilbrunn, éditorialiste au New York Times : « Il n'a pas été capable de tenir à cause de son refus d'accorder les prêts à Israël. C'était un seul bonhomme face à un énorme lobby. Il n'a pas tenu le coup. George Bush s'est fait crucifier »[8].
Affaire d'espionnage Rosen - Weissman
En , Steve J. Rosen(en) qui avait servi pendant 23 ans comme cadre dirigeant de l'AIPAC et Keith Weissman, un autre cadre dirigeant, sont inculpés pour des violations de la loi américaine sur l'espionnage[9]. Ils auraient reçu d'un membre de l'Office of Special Plans au Pentagone, Lawrence Franklin(en), des documents classés secret-défense de la politique américaine vis-à-vis de l'Iran et les auraient transmis à Israël.
En , Lawrence Franklin est condamné à 12 ans et 7 mois d'emprisonnement[10].
En 2009, les accusations contre Rosen et Weissman sont finalement abandonnées. Selon le New York Times, « l'affaire avait soulevé des questions politiques délicates sur le rôle joué par les partisans juifs américains d'Israël et leur étroite relation, derrière les coulisses, avec de hauts responsables du gouvernement »[11].
Livre de Stephen Walt
En 2006, la publication par deux professeurs d'université américains Stephen Walt (Harvard) et John Mearsheimer (université de Chicago) d'un article, puis d'un livre sur le lobby pro-israélien aux États-Unis — Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine — déclenche un véritable scandale[12]. Les deux universitaires y jugent disproportionnée l'influence de l'AIPAC sur la politique étrangère des États-Unis[12] et reprochent le soutien inconditionnel de l'AIPAC au Likoud, le parti conservateur israélien[12], ainsi que son manque de soutien aux efforts de paix avec les Palestiniens. Le livre a aussi montré les divisions qui existent au sein de la communauté juive américaine[12]. En 2008, un lobby juif progressiste, J Street, est ainsi né pour défendre les objectifs des Américains pro-israéliens pacifistes auprès du Congrès américain[13].
Affrontement avec l'administration Obama sur l'Iran
Fin 2013, l'AIPAC fait part de sa méfiance à l'égard du rapprochement entamé entre le président Barack Obama et le nouveau président iranien Hassan Rohani[14].
En intervenant quelques jours avant les élections israéliennes devant le Congrès américain pour s'opposer au Président des États-Unis sur l'Iran, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou déclenche un scandale[15],[16]. 58 élus démocrates dont le Vice-Président Joe Biden n'assistent pas au discours de Netanyahu[17].
L'accord sur l'Iran doit faire l'objet d'un vote que le Sénat peut bloquer aux 2/3[18].
L'AIPAC lance une campagne de lobbying intense et dépense entre 20 millions[19] et 30 millions[20] de dollars en publicités négatives contre l'accord dans les médias.
Les opposants républicains échouent finalement à obtenir les 60 voix nécessaires pour barrer la route au Président Obama[18].
Pour l'AIPAC, c'est une vraie défaite politique historique et sa campagne ternit sa réputation[21],[20],[22],[23].
Donald Trump assure dans son discours que s'il est élu président, Washington reconnaîtra Jérusalem comme la capitale d'Israël et promet de démanteler l'accord sur le programme nucléaire iranien[25].
Hillary Clinton assure que la sécurité d'Israël n'est pas négociable[25]. Elle assure que les États-Unis doivent être capables d'imposer de vraies conséquences à la moindre violation de l'accord sur la politique nucléaire de l'Iran, y compris en employant la force[26].
John Kasich affirme que Jérusalem est la capitale éternelle d’Israël et critique Donald Trump pour avoir parlé de neutralité[30].
Ted Cruz critique Donald Trump pour avoir parlé de neutralité, promet d'annuler l'accord avec le nucléaire iranien le premier jour de sa présidence, et promet de s'opposer au mouvement de boycott d’Israël[31].
L'AIPAC prend ensuite ses distances avec Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en particulier en raison de son gouvernement de coalition avec l'aide de partis d'extrême droite. Cette position réhausse la réputation de l'AIPAC[23].
Fin 2021, l'AIPAC déclare compter 1,5 million de membres[23].
Élections de 2022
En , l'AIPAC met en place United Democracy Project, un comité d'action politique (PAC) qui lui permet, pour la première fois, de soutenir financièrement des candidats lors de différentes élections. United Democracy Project récolte 22 millions de dollars (montant en juin 2022), de donateurs républicains (en particulier Bernard Marcus et Paul Singer) et démocrates (comme Haim Saban). L'organisation finance des personnes qui candidatent dans les primaires républicaines et démocrates et devraient « soutenir Israël » du mieux possible. Les personnes soutenues par United Democracy Project dans les primaires démocrates sont souvent victorieuses, parfois au détriment de candidats à gauche du parti, généralement soutenus par Bernie Sanders. Ce dernier critique le fait que United Democracy Project soit en partie financée par des républicains pour soutenir des candidats démocrates et que l'organisation finance des candidats très à droite du parti républicain, en particulier des candidats qui avaient refusé de certifier la victoire de Joe Biden lors de la précédente élection présidentielle. Toutefois l'AIPAC dépense plusieurs milions de dollars contre la candidature de Summer Lee, une démocrate à gauche du parti mais celle-ci est investie par le parti démocrate, puis élue à la Chambre des représentants[32],[33],[34]. L'AIPAC met aussi en place AIPAC PAC, un PAC d'un autre type qui ne peut donner qu'un montant limité (5 000 $) par candidat[23].
J Street - En 2008, un lobby juif progressiste, J Street, est ainsi né pour défendre les objectifs des Américains pro-israéliens pacifistes auprès du Congrès américain[13]
Le Mouvement sioniste africain (MSA), en Afrique sub-saharienne et communautés noires africaines en diaspora
Notes et références
↑(en) Shirelle Phelps et Jeffrey Lehman, West's encyclopedia of American law, Éditeur Thomson/Gale, 2005, (ISBN0787663670 et 9780787663674), p. 258 : « The American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) is a national advocacy group that lobbies for US support to the nation of Israel. »
↑(en) « And the winner is … the Israel lobby », Asia Times, (consulté le ) : « Former president Bill Clinton defined it as "stunningly effective". Former speaker of the House of Representatives Newt Gingrich called it "the most effective general-interest group across the entire planet". The New York Times as "the most important organization affecting America's relationship with Israel" »