128e brigade d'assaut de montagne
La 128e brigade d'assaut de montagne « transcarpatique » (en ukrainien : 128-ма окрема гірсько-штурмова Закарпатська бригада, abrégé en 128 ОГШБр ; numéro d'unité militaire А1556) est une grande unité d'infanterie mécanisée de l'Armée de terre ukrainienne. Comme son nom l'indique, elle est levée dans l'oblast de Transcarpatie, dépendant du commandement opérationnel ouest. HistoriqueCette unité porte le numéro 128 car elle est l'héritière d'une longue liste d'unités, ukrainiennes et auparavant soviétiques :
Division soviétiqueDurant la guerre civile russe, une 1re division de fusiliers du Turkestan avait été créée à Samara dans l'Armée rouge dès la fin au sein du front transcaspien ; elle est dissoute dès . Un état-major divisionnaire est recréé en pour commander les troupes autour de Samarcande. Le , l'ancienne 1re devient la 3e division, tandis qu'une brigade est renommée la 1re division de fusiliers du Turkestan. Cette division participe à la répression de la révolte basmatchi, puis elle devient de montagne en , puis est renumérotée 83e lors de la réorganisation de l'Armée rouge en -, avec garnison à Achgabat (pour son état-major, deux régiments d'infanterie et celui d'artillerie) et Kouchka (pour le 3e régiment d'infanterie)[1]. En , la 83e division participe à l'invasion anglo-soviétique de l'Iran. En , la division est affectée au front transcaucasien et combat contre les troupes allemandes durant la bataille du Caucase au sein de la 18e armée soviétique : opération défensive de Touapsé durant l'hiver , puis opération offensive de Krasnodar jusqu'au printemps , avec reprise du Kouban[2]. Le , la division reçoit le titre d'unité de la Garde et est renumérotée, devenant la 128e division de fusiliers de montagne de la Garde[3]. En , la 128e division fait partie de l'armée côtière pour l'opération Kertch-Eltigen, recevant en l'ordre du Drapeau rouge pour sa participation à la prise de Kertch. En , la division passe au quatrième front ukrainien, avec affectation dans la 1re armée de la Garde, dans laquelle elle traverse l'Ukraine (offensive Dniepr-Carpates) et la Ruthénie subcarpathique (alors hongroise), finissant la guerre en Tchécoslovaquie (offensive Prague). Après-guerre, la division stationne à Moukatchevo, dans le nouvel oblast de Transcarpatie, correspondant à l'ex Ruthénie subcarpathique. Ce dernier territoire, anciennement hongrois, tchécoslovaque de à , puis de nouveau hongrois, a été annexé à la RSS d'Ukraine en . De là, la division est envoyée réprimer la révolution hongroise de , jusqu'à Budapest. Le , l'unité, alors stationnée à Esztergom en république populaire de Hongrie, est renommée 128e division de fusiliers motorisés, devenant ainsi une division d'infanterie mécanisée ; son nom complet était alors la 128e division de fusiliers motorisés de la Garde « Turkestanskaïa » (« du Turkestan »; en russe : «Туркестанская»), décorée de l'ordre du Drapeau rouge. Il s'agissait d'une unité maintenue à 70 % de son effectif, devant être rapidement complétée en cas de mobilisation par l'arrivée de réservistes. De à , l'unité est en garnison à Győr, puis elle déménage à Moukatchevo, faisant désormais partie de la 38e armée[4]. La division est mise en alerte le , pour être complétée avec des conscrits de Transcarpatie. Ainsi mise sur le pied de guerre, elle participe à l'« opération Danube » du pacte de Varsovie, qui correspond à l'invasion de la Tchécoslovaquie en , mettant fin au Printemps de Prague. Revenant sur les territoires pris en , elle capture notamment l'aéroport de Prešov en Slovaquie, permettant un pont aérien. En , la division reçoit un nouveau titre honorifique, en rajoutant à son nom celui du ministre de la Défense, sous la formule « nommée d'après le maréchal de l'Union soviétique A. A. Grechko ». En , son 149e régiment est transféré en RSS d'Ouzbékistan, à Termez près de la frontière afghane, pour être placé sous le commandement de la 201e division. À partir de , le régiment est engagé dans la guerre d'Afghanistan, jusqu'à . En , la 128e division reçoit une seconde fois l'ordre du Drapeau rouge à l'occasion du 40e anniversaire de la victoire de . Division ukrainienneÀ la suite de la déclaration d'indépendance de l'Ukraine le (confirmée par le référendum du ) et à la disparition de l'URSS le , les Forces armées soviétiques sont théoriquement mises sous contrôle de la CEI (sous le nom de Forces armées conjointes de la CEI), puis très vite les unités des districts militaires des Carpates, de Kiev et d'Odessa forment les Forces armées de l'Ukraine. Si le district des Carpates est maintenu sous ce nom, la 38e armée combinée soviétique (basée à Ivano-Frankivsk) devient le 38e corps d'armée ukrainien, ne conservant qu'une division sur ses trois. La survivante devient ukrainienne le , quand ses hommes ont prêté leur serment d'allégeance à l'Ukraine, puis elle est renommée la 128e division mécanisée de la Garde ; elle comprend alors 300 blindés BTR-70, 220 chars T-64, 132 BMP-1, 72 obusiers de calibre 122 mm D-30, 36 de 152 mm D-1 (uk) et 18 automoteurs de calibre 152 mm 2S3, le tout caserné à Moukatchevo, Oujhorod, Berehove, Peretchyn et Svaliava[4]. En , le district des Carpates devient le commandement opérationnel ouest, avec sous ses ordres, entre autres, la 128e. Le , la division reçoit par décret présidentiel le titre de «Закарпатська» (de Transcarpatie). Brigade ukrainienneLe , dans le cadre de la réorganisation de l'armée ukrainienne, la division devient une brigade en conservant son numéro. Elle a participé à la guerre du Donbass en particulier à la bataille de Debaltseve et en , avec la 80e brigade d'assaut aérien, elle participe à la défense de Chtchastia[5]. Le , les références soviétiques que sont le double ordre du Drapeau rouge et la mention « du Turkestan » sont retirées du nom de la division, dans le cadre de la décommunisation[6] ; le , c'est le titre d'unité de la Garde qui est enlevé, mais en lui laissant la mention « de Transcarpatie » (référence aux combats de , mais aussi à son oblast de recrutement)[7]. En , elle prend le nom de brigade d'assaut de montagne.
Invasion russe de l'UkraineDéfense de Zaporijjia (février - août 2022)L'unité est engagée lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Au moment du déclenchement du conflit, l'essentiel de la brigade est déployé dans l'oblast de Zaporijjia en protection de la ville. Début , elle défend Zaporijjia en établissant une ligne de défense plus au sud parvenant à contenir l'avancée russe à Orikhiv, au nord de Vassylivka et Houliaïpole[8]. La 2e compagnie du bataillon est envoyée à Volnovakha. Le 15e bataillon d'assaut de montagne est déployé dans le secteur de Sievierodonetsk et prend part à la première bataille de Kreminna[9]. Une partie du groupe d'artillerie est dans le secteur nord-ouest de Kyïv. En , le 15e bataillon est engagé dans des combats sur le flanc sud de Sievierodonetsk et Lyssytchansk aux côtés de la 10e brigade d'assaut de montagne autour de la T1302. Le reste de la brigade est toujours en défense de Zaporijjia où la situation se stabilise. Le , la 128e brigade reçoit la distinction présidentielle Pour le Courage et la Bravoure[10]. Contre-offensive de Kherson (août - novembre 2022)En , la brigade est redéployée dans le raïon de Beryslav (oblast de Kherson) en prévision de la contre-offensive ukrainienne qui débute le [8]. La brigade est positionnée à l'est près de Novovoznesens'ke (uk) quelle attaque, la 60e brigade mécanisée sur sa gauche. Les premiers jours sont difficiles, la 128e est contenu par la 810e brigade d'infanterie de marine mais finit par libérer Novovoznesens'ke le . Le , la 60e brigade, renforcée par la 57e brigade motorisée et des éléments de la 17e brigade de chars percent le front, le long du Dniepr/Dnipro en direction de Doudtchany. La 128e brigade pousse alors, sur leur flanc droit au nord de la T0403. Le , elle libère Myrolyubivka (uk), Lyubimivka (uk) à l'est, puis progresse rapidement vers le sud en direction de Bilyaïvka (uk) puis Chervone (uk) et vers le sud-ouest Nova Kam'yanka (uk). Le , la brigade tente de percer à Nova Kam'yanka mais subit des pertes. La brigade reste ensuite déployée dans le secteur jusqu'à la reprise de la tête de pont de Kherson. Bataille de Bakhmout (décembre 2022 - janvier 2023)Début , la brigade est envoyée dans le secteur de Bakhmout en rotation de la 93e brigade mécanisée protégeant le flanc nord à Soledar qui subit des assauts incessants du groupe Wagner. Elle est engagée dans de violents dans l'est de la ville et dans le village de Yakovlivka[8]. Durant la bataille, la brigade subit des pertes importantes avant d'être relevée en par la 46e brigade aéromobile. Retour sur le front de Zaporijjia (depuis mars 2023)La brigade est retirée du front après la bataille de Soledar pour être reconstituée et envoyée sur le front sud en vue de la contre-offensive de dans l'oblast de Zaporijjia. Elle est engagée à l'ouest, au bord du Dniepr/Dnipro au nord de Vasylivka. La brigade, épaulée par le 130e bataillon de reconnaissance libèrent le village de Lobkove le puis le celui de Pyatykhatky le [11]. Après l'échec de la contre-offensive, la brigade reste déployée dans le même secteur. StructureOrdre de batailleComposition en 2000
Composition en 2024En ,l'ordre de bataille connu de la brigade est le suivant[12] :
Au combat, les divisions ou batteries d'artillerie, les compagnies de chars, ainsi que des détachements antichars, antiaériens, de reconnaissance ou du génie peuvent être affectés à chacun des bataillons d'infanterie, pour former un ou plusieurs groupes tactiques (батальйонної тактичної групи, abrégé en БТГр, équivalent des BTG russes). Le commandant de la brigade peut aussi conserver une réserve d'artillerie et utiliser son bataillon de chars comme unité de choc. ArmementLe bataillon de chars est équipé de T-72EA livrés par la Tchéquie complétés par des T-72AMT et AV. Les bataillons d'assaut et motorisés sont équipés de blindés BMP-1 et M113, sa compagnie de reconnaissance de BRDM-2. Son groupe d'artillerie dispose de canons automoteurs 2S1 Gvozdika. Commandants
Notes et références
Voir aussiLien externe
Articles connexes
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