Île de Giglio
L'île de Giglio (en italien : Isola del Giglio) est une île de l'archipel toscan en mer Tyrrhénienne constituée d'une seule commune italienne de même nom, rattachée à la province de Grosseto en Toscane. L'île est une des îles méridionales de l'archipel. Son nom ne vient pas du mot italien giglio (« lys »), mais du mot grec αἰγύλιον / aigúlion (« chèvre »)[2], latinisé en igilium, devenu igilio et finalement en italien giglio, une population de chèvres sauvages s'étant développée sur l'île. GéographieL'île de Giglio a une superficie de 23,8 km2. Elle est séparée de la côte toscane et du promontoire de la commune de Monte Argentario par un espace maritime de 16 km de large. Principalement montagneuse, elle est constituée de granite. Son point culminant est le Poggio della Pagana (496 m). 90 % de sa surface est couverte par de la garrigue alternant avec des forêts de pins. Des domaines viticoles produisent le vin « Ansonaco ». La côte, de 27 km de long, est constituée de falaises douces et de baies où se trouvent les villages de l'île. Au nord de l'île se trouvent les trois îlots de Formiche di Grosseto. HistoireL'île a été habitée dès le Néolithique comme l'atteste la découverte de sites (1985 et 1991). Elle est essentiellement granitique. La présence d'obsidienne laisse supposer une importation de matière première brute. L'abondance des céramiques, de l'industrie lithique, des meules, molettes et haches montre que l'établissement devait avoir une certaine importance[3]. À partir de 800 av. J.-C. les Étrusques exploitent la pyrite. Sous domination romaine, elle était une base importante dans la mer Tyrrhénienne, citée par Jules César dans La guerre des Gaules et par le poète Rutilius Claudius Namatianus. La présence romaine est attestée par les ruines d'une villa qui était la propriété de Domitius Ahenobarbus. En 410, fuyant les invasions wisigothes, des populations trouvent refuge sur l'île. À partir de 455, l'île est devenue la propriété de saint Mamiliano, archevêque de Palerme qui fuyait les Vandales. En 805, l'île est donnée par Charlemagne à l'abbaye Tre Fontane de Rome. Entre les Xe et XIIe siècles, l'administration de l'île passa entre différentes familles : les Aldobrandeschis, les Caetani, les Orsini, au nom de Florence ou de Pise, puissances qui se disputaient la propriété de l'île. C'est sous la domination de Pise que furent construits le village de Giglio Castello et les murailles qui l'entourent. Du XIIIe au XVe siècle, l'administration de l'île alterne entre les moines cisterciens de Pise (de 1264 à 1406), des familles de Florence, de Sienne, jusqu'à la protection napolitaine qui, in fine, céda la propriété aux Piccolomini. En 1558, la famille Piccolomini vend l'île à Éléonore de Tolède, femme de Cosme Ier de Médicis. La gouvernance de Giglio acquiert autonomie et stabilité. Des lois sont promulguées afin de permettre à la population d'être associée à la vie politique de l'île. En 1534 a lieu la première incursion de Barberousse. En 1544, Barberousse revient et met à sac Giglio et déporte la plupart de ses habitants en Tunisie pour y être vendus comme esclaves. Les chroniqueurs de l'époque évoquent 700 personnes. La famille des Médicis repeuple l'île avec des personnes provenant des environs de Sienne. Entre 1559 et 1563, de nouvelles attaques par des pirates barbaresques ont lieu, mais cette fois elles sont repoussées. La tour fortifiée (XVIe siècle) de Saraceno est érigée par Ferdinand Ier de Médicis en 1596 afin de protéger les habitants des incursions de pirates. La dernière attaque a eu lieu le . En 1737, François de Lorraine devient grand-duc de Toscane à la mort de Jean-Gaston de Médicis, à la suite d'un échange territorial en compensation de sa perte des duchés de Lorraine et de Bar. Cet accord, négocié en secret dès 1735 et effectif en 1737, est formalisé par le traité de Vienne et la maison de Lorraine règne de la sorte sur l'île de Giglio. Durant la période napoléonienne, après l'invasion de la Toscane, l'île de Giglio passe sous administration française sans que celle-ci soit toutefois pleinement effective sur place. Outre la levée de l'impôt, l'administration imposera la conscription et le désarmement des citoyens qui servaient dans la milice grand-ducale de l'île. Cette disposition ne fut jamais effective. L'unification italienne est le début d'une période de récession du fait de la perte des avantages qui étaient accordés par le grand-duc de Toscane, à savoir absence d'impôt et subventions. Le début du XXe siècle est marqué par la poursuite du déclin. La propagation du phylloxéra a entrainé l'abandon du vignoble. L'exploitation des carrières de granite et l'ouverture d'une mine de pyrite en 1938 ont permis la création d'emplois, mais qui n'ont pas été suffisants pour stopper le déclin de l'activité économique orientée essentiellement vers l'agriculture. Ce déclin se traduit pour la première fois par un solde migratoire négatif, de nombreux habitants préférant tenter leur chance ailleurs, en particulier en Argentine. Le boom économique de l'après-guerre a permis la découverte de l'île par les premiers vacanciers, mais n'a pas permis de compenser les conséquences liées à la fermeture de la dernière mine de pyrite. C'est la démocratisation du tourisme qui permettra la stabilisation du chiffre de population. Dans la nuit du 13 au , le paquebot de croisière Costa Concordia, transportant plus de 4 000 passagers, s'échoue sur un récif de la côte est de l'île, à la pointe Gabbianara[4], à moins de 500 mètres au nord du port de Giglio. La catastrophe fait 32 victimes[5]. Monuments et lieux d'intérêtArchitecture militaire
Site archéologique
PhareAire naturelle
Galerie
Flore et fauneL'ancienne végétation qui recouvrait presque entièrement l'île, se caractérisait par un maquis composé de chêne vert, de chêne-liège ainsi que de bruyère arborescente et d'arbousier. Le développement de l'agriculture et les incendies de forêt ont modifié l'environnement naturel et provoqué la disparition d'une grande partie de cette végétation qui, avec la transition d'une économie agricole au tourisme, est en reconstitution lente. ÉconomieDes origines à nos joursL'économie de l'île était initialement axée sur la pêche, l'agriculture et l'élevage et l'exploitation de la pyrite.
L'économie de la pêche est née à l'époque romaine à l'initiative de la famille Enobarbi Domizi de l'île de Giglio. Les ruines de la villa romaine, située à Giglio Porto, jouxtent les bassins de pisciculture consacrés à l'élevage de la murène. Après l'époque romaine, les droits de pêche sont le privilège de l'abbaye de Tre Fontane, puis passent à la famille Aldobrandeschi jusqu'au XIIIe siècle. Par la suite, cette activité se démocratisa afin de répondre aux besoins des populations locales.
par le biais de sa coopérative agricole[12], outre le vin cité ci-avant :
Redynamiser le secteur agricoleAfin de poursuivre le développement agricole, la coopérative de l'île a en projet de redynamiser le secteur des oliveraies. Afin de fournir un service aux agriculteurs locaux pour les encourager et les aider à produire localement de l'huile d'olive, elle envisage la mise en place de formations liées à la taille des oliviers et la construction d'un petit moulin. Les producteurs de l'île doivent expédier leurs fruits vers des moulins situés sur le continent. Enfin, l'acquisition d'oliveraies à l'abandon devrait permettre l'accroissement de la production. Le maintien d'une fabrication ancestraleLe panficato (it), un pain doux et brun dans la composition duquel entrent les figues, le vin, des fruits secs, du miel et du chocolat. Ces deux derniers ingrédients ont été ajoutés plus récemment. Ce pain trouve son origine dans les traditions culinaires des habitants de Sienne. Après le raid de Barberousse, l'île fut repeuplée par la volonté des Medicis par de nouveaux habitants originaires de cette ville. Raison pour laquelle le panficato rappelle le panforte de Sienne. Commerce et entreprisesCette activité doit satisfaire aux besoins d'une population sédentaire relativement peu élevée et à l'afflux saisonnier de touristes dont la durée des séjours est brève. On dénombre un peu moins d'une centaine de commerces de détails, soit un pour quatorze habitants, cette sur-représentativité est le témoin de cette mutation économique. Certaines épiceries[14],[15] distribuent largement la production artisanale locale (biscuits, huile d'olive, confiture, vin, miel, schiacciatina (it)), y compris par le commerce électronique, et la présence de laboratoires de fabrication fait s'apparenter ces commerces à des delicatessen. Dans le domaine dédié spécifiquement au tourisme, on trouve des entreprises orientées vers :
L'île obtient en 2022 le label Meilleurs villages touristiques de l'Organisation mondiale du tourisme[16]. TransportBusUne ligne de bus dessert Giglio Porto - Giglio Castello - Giglio Campese[17]. La liaison entre les deux terminus est d'une demi-heure, 16 départs de chaque terminus sont assurés quotidiennement. Le prix du billet est de 2,00 € (2014). FerriesDeux compagnies de ferries[18],[19] assurent la liaison entre Isola del Giglio et Porto Santo Stefano, Monte Argentario sur le continent. La fréquence varie de deux aller-retours quotidiens en basse saison à plus de quinze l'été. Impôt sur le revenuLe revenu moyen en 2005 était de 18 045 euros et 847 personnes ont déclaré un revenu soit environ 60 % de la population.
AdministrationHameauxGiglio Castello, Giglio Porto et Giglio Campese. Communes limitrophesLe territoire de la commune recouvre toute l'île. L'île voisine de Giannutri est rattachée administrativement à la commune Isola del Giglio. Enseignement
DémographieÉvolution démographiqueHabitants recensés
Pyramide des âgesIndice de vieillesse : 297,7 % Costa ConcordiaLe naufrage du Costa Concordia est un accident de paquebot de croisière, survenu en Méditerranée, vendredi , à proximité de l'île. Alors qu'il navigue beaucoup trop près de la côte sur ordre du capitaine, pour saluer, le bâtiment talonne un récif sur bâbord (côté gauche), la coque est éventrée sous la ligne de flottaison sur plusieurs dizaines de mètres et prend l'eau immédiatement. Les ordres de barre ne peuvent être exécutés puisque les vérins hydrauliques de barre ne sont plus alimentés en électricité. Les safrans sont bloqués à droite. Le navire ira s'échouer sur un rocher après avoir fait demi-tour. Le bilan définitif s'élève à trente deux morts. Le , l'épave du bateau est redressée. Le , le paquebot est remorqué en direction de Gênes, où il arrive dans la nuit du 26 juillet au , pour y être démantelé. Notes et références
Liens externes
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