ÉthopéeL’éthopée (grec ancien ἠθοποία, « imitation des mœurs, du caractère[1] »), formé sur le grec ἧθος, ethos, « coutume, mœurs », est une figure de style qui consiste à peindre des personnages ou des assemblées de personnages en peignant aussi leurs mœurs et leurs passions. Moins visuelle que l'hypotypose, elle constitue bien souvent des éléments d'un portrait, comme chez les moralistes, depuis Les Caractères de Théophraste repris par Jean de La Bruyère en 1688, dans ses Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle. Pour Marc Escola[2], les portraits de La Bruyère réalisent l'excellence de l'éthopée, qu'il qualifie d'« herméneutique du visible ». Le titre du livre de théologie de Sextus Empiricus intitulé Les Hypotyposes (IIe siècle)[3] fait référence à des séries d'éthopées de philosophes. Un type de portraitSes portraits, moraux avant tout (La Bruyère ne cherchant derrière le portrait physique que la peinture et la stigmatisation des vices) forment des tableaux animés et vivants de personnages emblématiques de son époque et des passions de quelques types universels. Le portrait de Gnathon dans le chapitre De L'Homme est un exemple parfait d'éthopée : Jean de La Bruyère, Les Caractères, De L'Homme :
Dès l'Antiquité, les grands personnages de l'Histoire ont donné lieu à des peintures de leurs mœurs. Suétone dans sa Vie des douze Césars réalise ainsi une série d'éthopées des empereurs romains. Certaines caricatures peuvent se rapprocher de l'éthopée dans le sens où elles captent en plus des défauts physiques, les mœurs des sujets. Au sein de l'art rhétorique, l'éthopée était un exercice rhétorique, scolaire, un progymnasmaton, semblable à la paraphrase où l’élève devait imaginer les paroles d’un personnage célèbre dans une situation particulière de manière à exprimer le caractère propre dudit personnage[note 1]. L'éthopée fait par ailleurs référence à la notion littéraire de catharsis (« purgation » en grec) au sens d'Aristote. Le philosophe explique qu'« On se plaît en effet à regarder les images car leur contemplation apporte un enseignement et permet de se rendre compte de ce qu’est chaque chose, par exemple que ce portrait-là, c’est un tel ; car si l’on se trouve ne pas l’avoir vu auparavant, ce n’est pas en tant que représentation que ce portrait procurera le plaisir, mais en raison du fini dans l’exécution, de la couleur ou d’une autre cause de ce genre[4]. ». Le portrait et l'éthopée permettent donc d'illustrer des sentiments, et, par là, de faire acte thérapeutique dans l'esprit du lecteur ou de l'observateur. Par ailleurs la visée satirique est souvent recherchée. Dans l'enseignement des Lettres, l'éthopée est la figure caractéristique d'un portrait littéraire[5]. Pour Michel Pougeoise, dans cette figure, « les caractéristiques physiques (gestes, attitudes) sont choisis de manière à mettre en valeur la personnalité originale de certains de ses contemporains [de ceux de l'auteur du portrait]. Il s'agit bien de peindre le moral par le physique. »[6]. Références
Notes
AnnexesArticles connexesBibliographie
|