Épouvantail (rhétorique)L’épouvantail (en anglais : straw man, littéralement « homme de paille[1] ») est un sophisme ou un paralogisme qui consiste à présenter la position de son interlocuteur ou d'un adversaire en exagérant, en la déformant, ou en la simplifiant à l'excès afin de donner l'impression que cette position est indéfendable[2]. Cette argumentation fallacieuse est symbolisée par l'image du mannequin de paille (inoffensif) utilisé pour l'entraînement au combat à la place d'un véritable combattant (qui serait plus redoutable), ou par le mannequin de paille utilisé dans le cadre des exécutions par effigie. DéfinitionLa technique de l'épouvantail consiste à déformer la position de l'adversaire en lui attribuant un argument facilement réfutable[3],[4]. Arthur Schopenhauer appelle ce sophisme le stratagème de l'extension : « il s’agit de reprendre la thèse adverse en l’élargissant hors de ses limites naturelles, en lui donnant un sens aussi général et large que possible et l’exagérer, tout en maintenant les limites de ses propres positions aussi restreintes que possible »[5]. Normand Baillargeon explique que « si on ne peut vaincre un raisonnement donné, il peut être possible de sortir victorieux d'un débat avec une version affaiblie de ce même raisonnement. Cela sera d'autant plus facile si nous créons nous-mêmes la version affaiblie en la façonnant de manière à garantir qu'elle sera démolie »[6]. Il définit ce procédé parmi les paralogismes. L'argument de l'homme d'acier est l'inverse d'épouvantail, en cela qu'on tente de trouver la meilleure forme de l'argument de l'opposant pour évaluer les opinions adverses[7],[8]. Aristote n'avait pas inclus le sophisme de l'homme de paille dans sa liste de réfutation sophistiques, mais avait abordé un concept très proche, étudiant le cas où la réfutation d'un argument se base seulement sur une apparence de l'opinion réelle de l'autre partie. La question de savoir quand ce sophisme a été répertorié comme un sophisme est débattue[9]. L'expression « straw man » (« mannequin de paille ») pourrait avoir été introduite par Isaac Watts au 18e siècle, pour désigner le cas où un adversaire renverse facilement une position qui n'a pas été affirmée par l'autre adversaire[10],[11]. D'après Laurence Bouquiaux et Bruno Leclercq, le terme « épouvantail » est souvent utilisé, mais peut induire une confusion avec une stratégie de la terreur[10]. TechniquesIl est possible de créer un argument épouvantail de différentes manières :
On peut définir un argument épouvantail comme un argument de fausse déclaration. L'épouvantail est une technique utilisée très fréquemment dans les débats politiques ou d'une manière plus générale dans les médias. ExemplesExemples fictifs« Vous ne voulez pas mettre au point ce programme de construction de porte-avions ; je ne comprends pas pourquoi vous voulez laisser notre pays sans défense. » La proposition « je suis contre la construction d'un porte-avions » a été détournée en « je suis contre la défense de mon pays », argument beaucoup plus facile à mettre en défaut.
La proposition « range ta chambre » a été changée en « range ta chambre tous les jours ». Usage du motEn 2019, le libéral classique Gaspard Koenig considère le mot « ultralibéralisme » comme un « épouvantail si français », une « critique récurrente, à la limite de l'insulte […] une spécialité française d'une confondante naïveté[12] ». Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexesLien externe
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