Élisa Léontine Deroche naît le 22 août 1882 dans le quartier parisien du Marais au numéro 61, rue de la Verrerie. Ses parents sont Charles-François Deroche, un maroquinier[3] fondateur de la Maison Deroche à Paris, et Christine Calydon Gaillard. Jeune femme, elle commence une carrière artistique.
C'est pendant la période où elle s'adonne au théâtre qu'elle prend le pseudonyme de « baronne Raymonde de Laroche », en mémoire de sa fille, Raymonde Marguerite Charlotte Thadome, décédée le à l'âge de sept mois et demi[7],[n 1]. Elle se consacre également à la peinture, à la sculpture et au sport automobile.
Très tôt, Élisa Deroche s'intéresse aux sports. En 1892, à l'âge de dix ans, on lui offre un poney ; elle se passionne pour l'équitation puis, successivement, pour le tennis, le rowing, le patinage, la bicyclette[8].
Raymonde de Laroche s'intéresse aux études et aux expériences de Blériot, d'Ernest Archdeacon et des frères Voisin. Après avoir étudié divers appareils, elle choisit le biplan Voisin pour ses qualités de maniabilité, de stabilité et de facilité à piloter, et en 1909 elle rencontre Charles Voisin[11], fondateur avec son frère Gabriel de l'entreprise Voisin Frères[12].
Apprentissage avec Charles Voisin
Raymonde de Laroche souhaite piloter elle-même et ne plus rester simple spectatrice : elle décide d'exécuter son premier vol en étant seule à bord. L'ingénieur aviateur Édouard Chateau[13] se charge de sa formation, au camp de Châlons à Mourmelon.
Le , elle fait son premier vol seule à bord d'un biplanVoisin sur une distance de 300 mètres. Le lendemain, elle réalise un vol de 6 kilomètres, toujours sous la vigilance de M. Château[14],[15],[16],[17].
Le , elle prend livraison de son biplanVoisin et fait un vol de sept minutes, mais il est interrompu par la nuit, ce qui l'empêche de concourir pour le brevet de pilote[18].
Obtention du brevet de pilote
Le , Raymonde de Laroche s'entraîne pour l'obtention de son brevet de pilote sur le terrain de Bouy. Elle prend son vol vers 15 h, par vent faible, fait un premier tour de piste en volant à quatre mètres de hauteur dans des conditions parfaites, lorsqu'au deuxième tour, ayant pris un virage trop au large et n'ayant pu monter assez haut, elle percute les peupliers qui bordent la route[19]. Ce même jour, Léon Delagrange se tue sur le terrain de La Croix-d'Hins en Gironde[19].
Elle obtient son brevet de pilote pendant le meeting d'Héliopolis en Égypte, qui se tient du 6 au . L'Aéro-Club de France le valide, et le brevet lui est délivré le , no 36 de l'Aéro-Club de France[20],[21],[22]. Elle est la première femme au monde à l'obtenir, bien qu'elle ne soit pas la première femme à avoir piloté un aéroplane en solo (Thérèse Peltier l'a devancée, en effectuant un vol en septembre 1908 sans avoir son brevet).
Participation à des meetings aériens
Raymonde de Laroche participe ensuite à de nombreux rassemblements aériens, tant en France qu’à l’étranger, comme celui d'Héliopolis, le meeting de Tours du au , le meeting de Saint-Pétersbourg du au , devant le tsar Nicolas II ; Raymonde de Laroche fait à cette occasion un vol spectaculaire : à cent mètres d'altitude, elle coupe le moteur de son biplan pour atterrir en vol plané[23]. Elle se produit aussi au meeting de Budapest du 5 au et à la Grande Semaine d'aviation de Rouen du 19 au .
Du 3 au , elle apparaît lors de la deuxième grande semaine d'aviation de la Champagne. Elle est grièvement blessée pendant un meeting à Reims, le , son avion s’étant écrasé ; on la transporte dans la clinique du docteur Roussel à Reims. Rétablie, elle quitte la clinique le pour rejoindre son domicile parisien[24],[n 2].
Elle sert pendant la guerre en assurant des transports. Après la guerre elle établit plusieurs records : d'altitude (4 663 m)[26] et de distance (323 km)[27].
Décès
Le [28], elle se rend à l'aérodrome du Crotoy pour faire des tests sur un avion. Ingénieure chevronnée, elle avait l'intention de devenir la première femme pilote de test[29]. Elle copilote à cette occasion un avion expérimental. Lors des manœuvres d'approche pour l'atterrissage, l'avion effectue un plongeon et s'écrase, tuant les deux copilotes[30],[22].
Vie privée
Élisa Deroche a été mariée deux fois. Le , elle épouse Louis Léopold Thadome à la mairie du 4e arrondissement. Le couple ayant divorcé le , elle se remarie avec Jacques Vial le à Meudon[31]. Le couple divorce le .
Une vingtaine de voies publiques (avenue, rue, etc.) sont baptisées en son honneur à travers le monde.
Une avenue porte son nom à Viry-Châtillon, la ville du premier aérodrome au monde : l'avenue Baronne-de-Laroche. C'est d'ailleurs dans cette avenue que se situe le vieux bâtiment de Port-Aviation, le premier aérodrome au monde.
Une rue porte son nom sur le territoire de la commune d'Orly, dans le secteur de Cœur d'Orly, sur la plateforme de l'aéroport Paris-Orly.
Lucien Robineau (dir.) et Académie nationale de l'Air et de l'Espace (préf. Pierre Miquel, postface Charles Bigot), Les Français du Ciel : dictionnaire historique, Paris, Le Cherche midi, coll. « Ciels du monde », , 782 p. (ISBN2-7491-0415-7, BNF39993744).
Académie nationale de l'Air et de l'Espace, Aviatrices : un siècle d'aviation féminine française, Levallois-Perret/Le Bourget, Altipresse, Musée de l'Air et de l'Espace, coll. « Nouvel envol », , 189 p. (ISBN2-911218-21-3, BNF39289561).
(it) Enrico Grassani, Élisa Deroche alias Raymonde de Laroche : La presenza femminile negli anni pionieristici dell'aviazione, Milan, Editoriale Delfino, (ISBN978-88-97323-46-4).
Sandrine Beau, La Cascadeuse des nuages, Bruxelles, Alice Jeunesse, 2019, 151 p. (ISBN9782874263941) Adaptation très libre en roman jeunesse de la vie d’Élise Deroche.