Les élections régionales de 2023 en Bavière (en allemand : Landtagswahl im Bayern 2023) se tiennent le , afin d'élire les 180 députés de la 19e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans.
Au pouvoir depuis 61 ans en Bavière, la CSU est à nouveau en tête aux élections précédentes en 2018, mais réalise son pire résultat depuis et perd sa majorité absolue des sièges. Le scrutin voit en parallèle la percée des Grünen et l'entrée de l'AfD au Landtag, alors que le SPD tombe à son minimum historique. Ces résultats sont considérés comme un revers pour le gouvernement fédéral de grande coalition de la chancelière chrétienne-démocrate Angela Merkel, la CSU, parti frère de la CDU, et son partenaire de coalition à Berlin, le SPD, essuyant tous deux un revers électoral[1]. Le désaveu des électeurs se répète aux quinze jours plus tard en Hesse, ce qui amène Angela Merkel a annoncer son futur retrait de la vie politique, effectif en 2021[2].
Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Land comptant un total de 91 circonscriptions ; la seconde voix (Zweitstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du district ou d'indiquer sa préférence pour un candidat de cette liste, le suffrage étant également attribué à la liste.
Lors du dépouillement, l'intégralité des 180 sièges est répartie à la proportionnelle sur la base du total résultant de l'addition des premières et secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau du Land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci. Les mandats restants sont pourvus par les candidats présents sur les listes, étant prioritairement attribués à ceux ayant reçu le plus de votes de préférence.
Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et la taille du Landtag est augmentée par des mandats complémentaires distribués aux autres partis pour rétablir une composition proportionnelle au total des voix.
Campagne
Le , le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) indique que son comité directeur propose à l'unanimité son président et chef de groupe parlementaire, Florian von Brunn(de), comme candidat chef de file pour les élections de [5]. Sa candidature est confirmée le lors d'un congrès réuni à Munich, par 93 % des suffrages exprimés, en présence du chancelier fédéral, Olaf Scholz[6].
Les co-présidents du groupe parlementaire de l'Alliance 90/Les Verts au Landtag, Katharina Schulze et Ludwig Hartmann(de), sont investis chefs de file électoraux le , lors d'un congrès de leur parti à Landshut. Proposés par la direction régionale, ils reçoivent le soutien de 95,3 % des délégués[7].
Le comité directeur et le groupe parlementaire du Parti libéral-démocrate (FDP) proposent, le à l'unanimité, que le président régional du parti, Martin Hagen(de), soit de nouveau chef de file électoral, à l'instar des élections de 2018[8]. Sa candidature est ratifiée le , lors d'un congrès du FDP à Amberg, par 339 voix pour, 33 contre et 8 abstentions[9].
Le , l'assemblée régionale des Électeurs libres (FW), rassemblée à Augsbourg, désigne à l'unanimité des 214 votants le président régional et fédéral du parti et ministre régional de l'Économie, Hubert Aiwanger, comme chef de file électoral. Bénéficiant du soutien inconditionnel de sa base, il est investi lors d'un vote à main levée et non à bulletins secrets[10].
Un congrès régional de Die Linke se réunit le même jour, , à Erding. Recueillant 70,3 % des voix des 186 délégués et sans aucun concurrent, la porte-parole du parti dans le Land, Adelheid Rupp(de), adhérente depuis trois ans et ayant déjà siégé au Landtag sous les couleurs du SPD entre 2003 et 2013, est désignée cheffe de file électorale[11].
La conférence de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), convoquée à Greding, vote majoritairement le en faveur du duo Martin Böhm(de) et Katrin Ebner-Steiner(de) pour conduire la campagne électorale. Ces deux députés représentent la mouvance la plus radicale au sein de l'AfD, étant issus du courant officiellement dissous Der Flügel. Ils sont préférés à Andreas Winhart(de), représentant du courant dit plus modéré, à l'issue d'un débat long et controversé[13].
L'Union chrétienne-sociale en Bavière obtient sensiblement la même part des voix que cinq ans plus tôt, et décroche ainsi le même nombre de sièges. Son partenaire de coalition, le parti des Électeurs libres (FW), enregistre quant à lui une nette progression, obtenant dix sièges de plus qu'en 2018 et se hissant à la deuxième place. Le 31 octobre, le ministre-présidentMarkus Söder est par conséquent réélu par le Landtag par 120 voix pour, 76 contre et deux abstentions[16].
Le scrutin est en revanche une lourde défaite pour les partis composant le cabinet Scholz au niveau fédéral, soit le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP). Les deux premiers connaissent un net recul, tandis que le FDP échoue à franchir le seuil électoral de 5 % des voix et perd ainsi toute représentation au Landtag[17]. La défaite de ces partis intervient en parallèle d'une hausse de la popularité de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), arrivée troisième, qui se hisse depuis plusieurs mois en seconde place des sondages d'opinion au niveau fédéral[18],[19],[20].