Les élections législatives ukrainiennes de 2019 se déroulent de manière anticipée le afin de renouveler les membres de la Rada. Elles étaient initialement prévues pour le avant d'être convoquées de façon anticipée par le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Son parti Serviteur du peuple sort grand vainqueur des élections, avec plus de 43 % des suffrages et 253 sièges sur 424. Pour la première fois depuis le retour du multipartisme en Ukraine, un parti remporte seul la majorité absolue.
L'élection présidentielle de 2019, qui se tient en mars et voit le comédien novice en politique Volodymyr Zelensky l'emporter largement au second tour face à Petro Porochenko[5]. Le nouveau président se retrouve en situation de cohabitation, son parti ne détenant que deux sièges à la Rada (Parlement national). L'écart de vue entre le président élu et le Parlement devient évident lorsque Volodymyr Zelensky critique quelques jours après son élection l’adoption d'une loi renforçant l'usage de la langue ukrainienne en dehors des sphères privée et religieuse[6].
Après avoir sans succès tenté de constituer un groupe parlementaire[7], Zelensky entend procéder à des élections anticipées, pour lequel son parti, Serviteur du peuple, est favori dans les sondages. Mais la Constitution interdit de dissoudre la Rada à moins de six mois du terme de son mandat, soit le au plus tard, le terme de la législature sortante étant prévu le . Zelensky demande par conséquent à prêter serment le , huit jours avant la fin du délai constitutionnel[8]. Le Parlement décide de fixer la cérémonie pour le , la première date coïncidant avec celle de la commémoration des victimes de la répression stalinienne[9]. Durant la cérémonie d'investiture, Zelensky annonce la dissolution du Parlement[10],[11]. Le lendemain, il fixe la date au , la loi électorale imposant un délai de soixante jours lors d'un scrutin anticipé[12]. Le , le Parlement, qu'il convoque pour une session extraordinaire, refuse de modifier la loi électorale pour mettre en place un système totalement proportionnel et de fixer le seuil de représentativité à 3 %[13].
Le président de la Rada ayant annoncé le la fin de la coalition au pouvoir, l'opposition et des juristes estiment que la décision de Zelensky viole la Constitution, qui prévoit dans un tel cas un délai préalable d'un mois afin de tenter de mettre en place un nouveau gouvernement[14],[15]. Le Premier ministre sortant, Volodymyr Hroïsman, et plusieurs ministres annoncent alors leur démission[16], qui sont rejetées par la Rada. Saisie sur cette question, la Cour constitutionnelle statue le sur la conformité du décret présidentiel, et rend un jugement favorable[17]. Une annulation du décret présidentiel aurait eu pour effet de repousser les élections à la date initiale du [18]
Système électoral
Le Parlement unicaméral de l'Ukraine, la Rada, est composé de 450 députés élus pour un mandat de cinq ans selon un mode de scrutin parallèle. Cependant, pour tenir compte de la double contrainte de tenir les prochaines élections en octobre (sauf dissolution) et de la durée maximale de la législature de cinq ans, le mandat des députés élus en 2019 durera quatre ans[19]. Sont ainsi à pourvoir 225 sièges au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions électorales, auxquels se rajoutent 225 sièges pourvus au scrutin proportionnel plurinominal de liste fermées avec seuil électoral de 5 % dans une unique circonscription nationale. Les deux systèmes opèrent indépendamment l'un de l'autre.
Contrairement à un système mixte de compensation, les sièges à la proportionnelle ne sont pas attribués de manière que leurs additions à ceux du scrutin majoritaire fassent correspondre le total de sièges des partis à leurs parts des voix au niveau national. Chaque parti obtient une part de la moitié des sièges pourvus à la proportionnelle correspondant à sa part des suffrages, auxquels s'ajoutent les sièges de l'autre moitié, obtenus dans chaque circonscription à la majorité relative, donnant au scrutin une tendance majoritaire[20].
En raison de la situation dans l'Est de l'Ukraine, les Ukrainiens y vivant ne peuvent que partiellement participer à ces élections. Cette impossibilité est totale en Crimée depuis l'annexion de la région par la Russie. L'ensemble de ces électeurs représente ainsi près de 12 % des inscrits. Les précédentes élections n'avaient pour ces raisons eu lieu que dans 198 circonscriptions sur les 225 pourvus au scrutin majoritaire. En 2019, 199 circonscriptions sont concernées.
Le Premier ministre, Volodymyr Hroïsman, se présente sous l'étiquette d'un nouveau parti, Stratégie ukrainienne de Hroïsman(en)[22],[23]. De son côté, le Front populaire ne présentera pas de liste pour la part proportionnelle de l'élection ni de candidats au scrutin majoritaire ; cependant, des candidats qui en sont issus sont présents sur les listes Stratégie ukrainienne et Solidarité européenne.
Pour sa part, le musicien et ancien député Sviatoslav Vakartchouk participe au scrutin sous l'étiquette de son parti, Voix[28].
Après son retour en Ukraine, Mikheil Saakachvili annonce que son parti, le Mouvement des forces nouvelles, participera au scrutin[29]. Après avoir refusé d'enregistrer la liste du Mouvement des forces nouvelles à cause de disparités dans les dates de documents justificatifs, la Commission électorale centrale d'Ukraine autorise le parti à concourir[30],[31]. Fraîchement libérée, la députée Nadia Savtchenko annonce elle aussi la participation de son parti, la Plateforme sociale et politique de Nadia Savtchenko, au scrutin[32], mais uniquement au scrutin majoritaire.
À la clôture de la procédure d'enregistrement, 21 listes figurent sur le bulletin de vote pour le scrutin proportionnel[35], ce qui est moins qu'en 2014. Le , la Commission électorale centrale d'Ukraine ajoute le Mouvement des forces nouvelles au bulletin avec 22 pour numéro[36].
Campagne
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Le , un député de la Plateforme d'opposition-Pour la vie achète Zik, une des chaînes les plus populaires du pays, provoquant la démission d'une grande partie des journalistes[38].
Après la présentation initiale des listes, les partis Serviteur du peuple et Voix demandent aux Ukrainiens de leur communiquer des informations compromettantes dont ils disposeraient sur leurs candidats[39]. À la suite de cette procédure, les noms de plusieurs personnes sont retirés des listes[40],[41].
Le , la chaîne d'État russe Rossiya 24 annonce une téléconférence commune avec la chaîne ukrainienne NewsOne, contrôlée par des députés de la Plateforme d'opposition-Pour la vie[42]. Cette initiative provoque une vive réaction des partis pro-occidentaux[43]. Le parti Voix organise une manifestation devant le siège de la chaîne ukrainienne[44]. Volodymyr Zelensky dénonce un coup de communication dangereux juste avant les législatives et propose de remplacer la téléconférence par une réunion entre présidents à Minsk[45].
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Au soir du scrutin, Serviteur du peuple propose une alliance au parti Voix[55], puis y renonce, ayant obtenu la majorité absolue des sièges[56] et l'intéressé ayant décliné la proposition[57]. Cette victoire, qui traduit un désir de renouvellement de la classe politique, amène à la Rada de nombreux députés n'ayant pas d'expérience politique[58].