Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie
L'Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie (en russe : Древлеправославная Поморская Церковь Литвы, en lituanien : Lietuvos sentikių bažnyčia) est la plus importante des dénominations non presbytériennes (« sans prêtres ») des orthodoxes vieux-croyants en Lituanie[a]. Les Vieux-croyants de Lituanie sont une minorité dans la minorité russe du pays. Le chef de l'Église, président du Conseil suprême, est Grigory Alexeïevitch Boyarov (depuis le ) [1]. L'Église est membre du Conseil unifié de l'Église vieille-orthodoxe pomore. HistoireRéformes du patriarche Nikon et raskolEn 1653, le patriarche de Moscou Nikon introduit des modifications dans le rituel pour le rapprocher de l'usage byzantin. Ces réformes soulèvent la réprobation des traditionalistes de l'Église orthodoxe russe menés par l'archiprêtre Avvakoum[2],[3],[4]. Le concile de 1666-1667 entérine les réformes et prononce l'anathème contre les opposants en les déclarant schismatiques. Ce schisme est généralement appelé « raskol » ou « raskol nikonien » (никонианский раскол) [par les Vieux-croyants]. Les Vieux-croyants vont être persécutés par l'État et l'Église officielle, avec une sévérité variable, jusqu'à la fin de l'Empire russe[5]. Du fait de la répression, des communautés de Vieux-croyants s'installent aux confins de l'Empire ou fuient et s'installent en dehors, notamment dans la république des Deux Nations. Vers 1710, les Vieux-croyants se divisent en deux branches :
Vieux-croyants pomores et nouveaux-pomoresL'Église vieille-orthodoxe pomore ou « confession de Danilov » fut fondée en Carélie orientale par Danila Vikouline et les frères Denissov. Installation des Vieux-croyants en LituanieLe territoire de la Lituanie moderne a d'abord servi de refuge pour les Vieux-croyants fuyant les persécutions, avant d'être intégré à l'Empire russe. La première église y a été construite en 1710. République des Deux Nations et Empire russeAprès les trois partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, le pays cesse d'exister politiquement en 1795. Le territoire de l'ancien grand-duché de Lituanie est alors intégré à l'Empire russe. Les Vieux-croyants qui y avaient trouvé refuge y sont de nouveau persécutés. Sous Nicolas Ier, les persécutions des Vieux-croyants se sont intensifiées sur le territoire de la Lituanie. De 1825 à 1855, treize églises y ont été fermées. En 1905 (Révolution russe de 1905), l'Édit de tolérance religieuse[6] de Nicolas II met fin aux persécutions étatiques des Vieux-Croyants qui cessent aussi d'être appelés schismatiques. S'ouvre alors une période d' « Âge d'or », qui va durer une dizaine d'années jusqu'à la révolution bolchévique, pendant laquelle les Vieux-croyants vont pouvoir jouir de la liberté religieuse. Première république de Lituanie (1918-1940)
République socialiste soviétique de Lituanie (1940-1990)Après l'occupation (1940), puis l'annexion de la Lituanie et des deux autres pays baltes (1944-1991), le Conseil suprême des Vieux-croyants situé à Vilnius[b] n'a pas été fermé et est devenu de fait l'organe central de l'ensemble de l'Église vieille-orthodoxe pomore. Les Assemblées qui y eurent lieu en 1966 et 1974 réunirent des délégués venant de l'ensemble de l'Union. La dernière réunion du Conseil de l'époque soviétique y a eu lieu en 1988, après quoi le processus de formation de différents Conseils locaux dans les différentes Républiques, puis dans les nouveaux États issus de la dislocation de l'URSS a commencé. Histoire moderneLe 11 mars 1990, l'Acte de rétablissement de l'État lituanien, signé par les membres du Conseil Suprême de la république de la Lituanie, a proclamé le rétablissement de l'indépendance de la Lituanie, soit près de deux ans avant la disparition de l'URSS[c]. Le l'Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie adopte de nouveaux statuts. Doctrine et pratiquesL'Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie, conformément aux caractéristiques canoniques et historiques de l'Église vieille-orthodoxe pomore, n'a pas une triple hiérarchie (diacres, presbytres [prêtres], évêques), mais selon ses traditions et sa doctrine, elle est une et indivisible. Il existe un rite du service divin non sacerdotal. Toutes les fonctions sont occupées par des laïcs. L'Église reconnaît tous les sacrements de l'Église orthodoxe mais ne peut en accomplir que deux, faute de prêtres : le sacrement du baptême et le sacrement du repentir (confession), qui sont autorisés aux laïcs. L'Église reconnaît et célèbre le rite du mariage[7]. OrganisationL'Église est dirigée par le Président du Conseil suprême. Au niveau international, le Conseil suprême de l'Église de Lituanie est membre du Conseil unifié de l'Église vieille-orthodoxe pomore (nouveau nom depuis 2001, du Conseil international de coordination, créé en 1992). Structure territorialeLes communautés locales, très autonomes, adhèrent à l'Église en acceptant la Charte qui la régie. L'Église compte 60 communautés (2021). Communautés locales par région (apskritis)
Mouvements centrifugesL'Église a connu au cours des dernières années des conflits internes qui ont entrainé le départ de responsables et de membres. En 1992, un conflit interne ancien au niveau de la communauté de Vilnius a abouti à la création d'une deuxième communauté dans la ville. En 1996, un organisme central alternatif a été créé à Kaunas. Ce nouveau Conseil central des Vieux-croyants n'a, de fait, pas été enregistré, et il a été aboli en 1998 après une réconciliation. En juin 2001, Vassili Vassiliev, ancien responsable de la première communauté de Vilnius, a quitté l'Église et a créé une autre communauté de Vieux-croyants à Vilnius qui a été enregistrée par le Ministère de la Justice. Relations avec l'État et les autoritésL'Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie est reconnue par l'État lituanien comme communauté religieuse traditionnelle en Lituanie. Situation actuelleLe rétablissement de l'indépendance de la Lituanie ouvre une nouvelle ère pour l'Église vieille-orthodoxe pomore de Lituanie. Les communautés peuvent se réorganiser officiellement, se faire enregistrer et mener leurs activités librement. Elles doivent toutefois faire face à de nombreux problèmes et défis :
Galerie de photos
Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie(fr) Religioscope, « La situation religieuse en Lituanie - Entretien avec Donatas Glodenis », sur religion.info, (consulté le ) Voir aussiArticles connexesLiens externes |