L'église Saint-Saturnin a été inscrite à l'inventaire des monuments historiques le 30 mars 1926 et la base de son clocher roman a été classée le [1].
Histoire
Construite vers 1032 en style roman par le seigneur Hugues de Limeray, l'église Saint-Saturnin fut remaniée de nombreuses fois aux XIIe, XVIe et XVIIIe siècles. La partie la plus ancienne concerne : « Une partie de la base du clocher, bâtie en petit appareil régulier, débris d'un clocher primitif reconstruit en appareil moyen au XIe siècle. »[2]
L'abbesse de l'Abbaye de Moncé Madeleine Dorat, refusant depuis 1690 de financer les réparations indispensables du clocher de l'église, celui-ci s'écroula le en détériorant gravement le chœur de l'édifice. Après plusieurs actions juridiques : « Le Roy en son Conseil fait tant droit sur le tout et conformément à l'avis dudit Sieur Chauvelin, sans avoir égard à l'opposition formée par les religieuses de Moncé, à l'exécution dudit arrest du Conseil du 22 juillet 1698, dont sa Majesté les a déboutées, a ordonné et ordonne que les rolles dans lesquels elles ont été comprises pour le prix entier des ouvrages qui ont été faits ou qui seront à faire au clocher de ladite paroisse de Limeray seront exécutées selon leur forme et teneur. Fait au Conseil d’État du Roy, tenu à Versailles le 16e jour d'avril 1715[3]. »
Vers 1750, une galerie qui abritait le porche fut remplacée par une sorte de hangar. La terrible crue de la Loire de 1856 envahit l'église et y produisit des dégâts importants : dégradation des murs intérieurs et extérieurs, détrempage du sol et enfoncement du carrelage à l'emplacement d'anciennes caves ou sépultures, bouleversement du mobilier, bancs, stalles, autel et marches, augmentation considérable de l'humidité dans les murs.
Vers 1880, l'abbé Blaive[N 1], curé de Limeray de 1872 à 1898, transforma la galerie qui abritait le porche en narthex sur lequel étaient réutilisées six colonnettes de marbre venant d'Amboise et un chapiteau roman apporté de l'abbaye de Moncé[4]. Il fut démoli sous l'égide des Monuments historiques en 1963 et la façade primitive restaurée en 1964.
Depuis 2013, l'église dont la toiture était en très mauvais état, fait l'objet d'une importante campagne de restauration répartie en quatre tranches[5] :
Couverture et maçonneries extérieures de l'abside et du faux carré (115 819 €) réalisée en 2013
Couverture de la nef (155 000 €) 2014 / 2015
Maçonnerie extérieure de la nef (190 000 €) 2014 / 2015
Évacuation des eaux pluviales et restauration des intérieurs (167 000 €) 2017 / 2019
Statues
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La plupart des statues de l'église, dont beaucoup sont inscrites ou classées au patrimoine historique, proviennent des recherches et acquisitions de l'abbé Blaive, amateur d'art et archéologue amateur, auteur de plusieurs communications à la société archéologique de Touraine. Il avait transformé l'église et son narthex en un petit musée hétéroclite dont seules les pièces essentielles ont été conservées. Il a par ailleurs rédigé en 1893 un manuscrit portant essentiellement sur la description de son église. Son frère Alfred Lucien Blaive était le propriétaire du Manoir d'Avisé à Limeray.
Liste des statues en allant de droite à gauche à partir du porche[6]:
Sous le christ en croix no 7 se trouve un ex-voto de marinier de Loire gravé sur une ardoise. Il commémore le mariage en secondes noces de Philippe Véron (47 ans) avec Madeleine Diot (29ans)[7] célébré dans cette église le . Les autels seraient repris de ceux de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers[8] et les comètes symétriques représenteraient les apparitions de la grande comète de 1811 qui avaient fortement marqué les esprits[N 16].
Vitraux
Les vitraux du XIXe siècle ont été réalisés par l’atelier Lobin de Tours (1837) et l’atelier Charlemagne de Toulouse (1866). Les médaillons du XVIe siècle, inclus dans les verrières de l'abside, proviennent de l'abbaye de Moncé.
Texte du vitrail dédié à Ermengarde du Plessis, fondatrice de l'abbaye de Moncé.
Texte latin
Traduction Française
Anno MCCIX JOHANNES de FAYA Arch. TVR. Parthenonis de MONCÆIO fundatioem ratam habuit eique præfecit priorissam ERMENGARDEM, cuid fuere comites PREGRINA, PETRONILLA, AGNES, quorum in benedictionem memoria.
L'an 1209 Jean de Faye archevêque de Tours, du monastère de Moncé ratifia la fondation et mit à sa tête comme prieure Ermengarde, qui eut pour compagnes Péregrine, Pétronille, Agnès, que leur mémoire soit bénie.
↑Louis IX dit saint-Louis, en armure du XVe siècle. Il serait représenté sous les traits de Charles VIII selon Jacques Baudouin, Le grand livre des saints, éditions Créer, 2006 p. 313 (ISBN978-2848190419)
↑Provient de l'église saint Florentin d'Amboise. Rachetée 10 Francs par l'abbé Blaive à un brocanteur qui l'avait achetée 2 Francs au curé de N.D.-du-Bout-des-Ponts qui la considérait indigne du culte.
↑Selon Jacques Baudoin, il pourrait s'agir de Saint Silvain solitaire (Silvain de Levroux), mais l'auteur ne donne pas de détails sur les raisons de cette identification. Grand Livre des Saints : culte et iconographie en Occident, éditions Créer, 2006, p.440.
↑Provient de Pocé-sur-Cisse. A été exposée aux Chefs-d'œuvre de l'Art français au Palais national des arts de Paris en 1937.
↑Malgré ce qu'a écrit l'abbé Blaive dans son manuscrit de 1898 au sujet de la seconde comète représentée, datée selon lui de 1814, il n'y a pas eu de comète visible à l’œil nu cette année là. Par contre la comète de 1811, occultée de fin mai à fin aout par son passage derrière le soleil Lire ici, est réapparue avec sa queue orientée en sens inverse, ce qui pourrait expliquer son dédoublement symétrique sur le dessin. En 1814 on note seulement la mise sur le marché du cru exceptionnel du champagne Veuve Clicquot Ponsardin baptisé « Vin 1811 de la comète » Lire ici
↑Vitrail évoquant la mémoire de Francois Depaul Emanuel Coëllier, né à Limeray le 30 juin 1787 et mort à Limeray le 9 juin 1872, époux de Madeleine LUCASSEAU. Boulanger et propriétaire, il fut le président de la fabrique de l'église.
↑Abbé Bourassé, Recherches historiques et archéologiques sur les églises romanes en Touraine, Ladevèze, Tours, 1869 p.134
↑Archives départementales d'Indre-et-Loire, registre paroissial de Limeray 1700-1721, p. 222-224. Arrêt du conseil d'État consigné à la fin de l'année 1715 par le curé Isaïe Bonnette. Lire en ligne
Jacques-Xavier Carré de Busserole, Dictionnaire géographique historique et biographique d'Indre et Loire et de l'ancienne province de Touraine en 6 tomes.
Jacques-Xavier Carré de Busserole, Itinéraire historique et monumental en Touraine, 1891.
Denis Jeanson, Sites et monuments du Val de Loire, 1976.
Le Patrimoine des communes d'Indre-et-Loire, Éditions Flohic, 2001