Édouard Moyse, né Édouard Abraham, est le fils de Moyse Abraham, marchand demeurant rue des Carmes à Nancy et de Rose Bernard. À la suite d'une inversion entre le prénom et le nom de son père, il adopte le nom patronymique de Moyse[1]. Il arrive très jeune à Paris pour étudier dans l'atelier de Martin Drolling (1786-1851) à l'École des beaux-arts de Paris. Il commence à exposer en 1845 et obtient une première médaille d’argent au Salon de Paris en 1882.
Il est le premier artiste en France à représenter des scènes de la vie juive, comme l'office à la synagogue, la circoncision, ou la bénédiction. C'est, en 1861, la présentation au Salon de la grande peinture Une synagogue pendant la lecture de la Loi. Moyse forme, avec Édouard Brandon, né la même année que lui, et Alphonse Lévy, né en 1843, « la triade majeure, en France, des peintres juifs du judaïsme au XIXe siècle », adeptes d'une peinture de genre « israélite »[2] dont il est le maître incontesté, genre également pratiqué en Allemagne par Moritz-Daniel Oppenheim ou en Pologne par Maurycy Gottlieb. Il s'en est fait une spécialité, étant surnommé en 1870 par Cerf Berr de Médelsheim, non sans ironie, « le peintre des rabbins »[3]. Il s'est aussi intéressé à l'histoire juive : le Grand Sanhédrin, qui commémore la réunion de l'assemblée des notables juifs ordonnée par Napoléon Ier en 1807, et la fondation du Consistoire des israélites de France est un de ses tableaux les plus importants. Présenté au Salon de 1868, il met en scène l'assemblée du Grand Sanhédrin réunie par Napoléon en février- et présidée par le grand rabbin de France David Sintzheim. Il a aussi représenté des épisodes douloureux de l'histoire juive, avec quelques peintures évoquant les persécutions antisémites de l'Inquisition.
Marqué par un voyage en Algérie effectué durant sa jeunesse, il donne à ses scènes juives une tonalité intemporelle, avec des personnages aux costumes inspirés par l'Orient ou le Moyen Âge.
Édouard Moyse a aussi peint de nombreuses scènes monastiques, ou des scènes de cours de justice, avec des avocats. Des peintures où il exprime une même emphase que dans ses scènes juives.
↑Acte de naissance d'Édouard Moyse, archives municipales de Nancy.
↑Terme d’usage courant au XIXe siècle qui désignait en France jusqu'à la Seconde Guerre mondiale les juifs considérés comme intégrés dans le jeu des institutions.