Zhang YuansuJiegu Zhang Yuansu 张元素 (1151-1234), est un expert en matière médicale de la dynastie Jin (1115-1234) 金. Son nom social est Jiegu 潔古, son pseudonyme Monsieur Yishui 易水先生 (Yishui xiansheng). Lieu d’origine: Yizhou 易州, de nos jours xian de Yi 易县, dans la province du Hebei[1]. Imprégné par une lecture approfondie du Huangdi nei jing, le « Classique interne de l'empereur Jaune », le livre fondateur de la médecine chinoise, il fonde une nouvelle approche de la pharmacopée, qui sera appelée par les médecins lettrés l’ « École de Yishui » 易水学派. Il utilise les concept de qi 气 ou de yin yang 阴阳 et les principes explicatifs du système de correspondances systématiques de Cinq Phases wuxing 五行, pour rendre compte des effets thérapeutiques des remèdes. Il aura pour disciples plusieurs élèves qui devinrent célèbres comme Li Gao ou Wang Haogu. Ses innovations marqueront un tournant dans l’histoire de la matière médicale qui jusqu’à son époque s’était déroulée en parallèle avec celle de la médecine du Huangdi nei jing qui reconnaissait la thérapie par aiguilles (l’acupuncture) mais pas les traitements par les plantes médicinales. BiographieAprès avoir échoué aux examens impériaux, Zhang se tourna vers des études de médecine. Il se serait alors plongé avec délice dans l'étude du Huangdi Suwen 皇帝素问. Il gagna en célébrité après avoir guéri d’une maladie fébrile exogène shanghan 伤寒[n 1] le médecin Liu Wansu 刘完素, une figure importante des quatre courants médicaux des Song-Jin-Yuan 宋金元[2]. Quand il eut réalisé que « Les théories médicales et les conditions environnementales changent avec le temps, les anciens remèdes ne conviennent pas toujours aux nouvelles maladies », il développa sa propre doctrine médicale[1]. Il est à l’origine de nombreuses innovations thérapeutiques et propose une nouvelle méthode pour comprendre et utiliser les herbes médicinales. Zhang utilise les concepts et les principes explicatifs utilisés en acupuncture pour rendre compte du mode d’action sur le corps du patient des herbes médicinales. Il associe plus clairement la saveur du remède à un effet thérapeutique et utilise la théorie des correspondances systématiques wuxing et des conduits du qi et du sang (tirées des ouvrages de médecine du Huangdi nei jing) pour analyser le mécanisme d’action thérapeutique du remède. C’est lui qui le premier indique que tel remède pénètre dans tel conduit pour l’influencer, une description qui est toujours utilisée de nos jours[3]. Ce n’est qu’à partir du début du XIIe siècle, que des auteurs comme Zhang Yuansu (1151-1234) et Kou Zongshi 寇宗奭 (XIIe) puis des élèves de Zhang, comme Li Gao (1180-1251) et Wang Haogu 王好古 (1200-1264), ont ouvert la voie à l’introduction des principes explicatifs des correspondances systématiques venant du Huangdi neijing (chap. 4, 5, 10 du Suwen; chap.11 du Lingshu), dans la pharmacopée. L’utilisation des substances naturelles végétales, minérales, animales comme agents thérapeutiques a commencé à la fin des Zhou début des Han. La première synthèse est connue sous le nom de Shennong bencao jing « Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste », écrit entre -100 et +100 de l’ère commune. L’histoire très riche des bencao en Chine, n’a cessé au cours des siècles suivants, d’enrichir les listes de matières médicales et de partager de nouvelles observations thérapeutiques. Parallèlement, le système conceptuel de la médecine chinoise a été mis en place dans le Huangdi Nei Jing à partir du deuxième siècle avant l’ère commune et a servi de fondement à la thérapie par les aiguilles (ou acupuncture). La médecine chinoise des premiers textes, a produit un système conceptuel élégant et même fascinant dans sa conception globale de l’homme produit par l’univers, dépendant du Ciel pour son animation et des souffles de la Terre pour son entretien[4]. Sa conception holistique de l’homme et de la maladie est fort séduisante pour les esprits philosophiques peu soucieux d’établir les bases empiriques solides de leur doctrine. Pendant un millénaire, la médecine et la pharmacopée se sont développées en parallèle, sans échanger[1]. La période d’instabilité politique des Jin-Yuan[n 2] 金元 a apporté des changements culturels importants comme le développement du néo-confucianisme qui adopta quelques conceptions naturalistes du taoïsme, et un mouvement de réforme de la pharmacopée qui a recouru aux principes naturalistes de la médecine du Huangdi nei jing. Dans son ouvrage zhenzhu nang 珍珠囊 « Le sac de perles », Zhang Yuansu analyse la matière médicale à la lumière du système de correspondances systématiques des wuxing et d’autres concepts de la médecine[5]. Les médecins lettrés ont nommé sa doctrine médicale par le nom de son lieu d’origine où il a délivré son enseignement, l’école de Yishui 易水学派 Yishui xuepai[3]. Œuvres
ExempleLi Shizhen cite [Zhang] Yuansu dans son œuvre Bencao gangmu de 1593. La notice sur Astragalus mongholicus (Huangqi en chinois) indique
Le huangqi 黄芪 / anc. graphie 黃耆, (racine d’astragale) peut influencer le mouvement du qi dans les conduits dans lesquels il peut monter ou descendre. Le huangqi bien qu’étant de nature yang (chaud actif) possède aussi des aspects yin (froid, passif). Il peut pénétrer dans le conduit ascendant de la rate (tai) yin majeur du pied 足太阴脾经 et pénétrer par le point d’acupuncture nommé Porte de la vie (mingmen 命門) des conduits de la main mineur yang (du sanjiao) et du pied mineur yin (de la rate). Dans la section faming Explications, une autre citation de Zhang Yuansu est donnée
Li Shizhen cite aussi Wang Haogu (1200-1264), un élève de Zhang Yuansu, qui cerne mieux la relation entre les organes et les symptômes (voir Astragalus mongholicus#Histoire). Par ces exemples, on entrevoit ainsi toute la complexité formelle du système explicatif des conduits et organes où circulent sang et qi, système qui associe des entités anatomiques observables (estomac, muscles) ou définies indirectement (la rate 脾 pi n’est pas la rate de l’anatomie moderne) et d’autres entités avec une base empirique mal établie (qi originel yuanqi 元气, conduit jing 经). La médecine chinoise, très spéculative, a fourni à la pharmacopée chinoise, basée en partie sur une observation des succès et échecs, un instrument argumentatif si puissant qu’on peut lui faire dire à peu près tout, ce qui en fait un système irréfutable/infalsifiable. Notes
Références
Liens internesMédecins auteurs de bencao durant la période Jin-Yuan 金元
Période Ming Qing
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