Zeyneb FarhatZeyneb Farhat
Zeyneb Farhat, née en et morte le , est une militante culturelle tunisienne, cofondatrice et codirectrice de l'espace culturel El Teatro à Tunis. BiographieNée en 1957, originaire de Gabès[1],[2], Zeyneb Farhat appartient à une fratrie de sept enfants, nés de la seconde épouse de son père. Celui-ci est directeur d'école et syndicaliste, ainsi que professeur au collège Sadiki : « Il était à fond pour la scolarisation des filles, mes deux sœurs aînées étaient d'ailleurs scolarisées dans les années 1940-1950, une rareté en ce temps-là », raconte-t-elle[3]. La vie de la famille évolue profondément à sa mort, en 1963, dans une prison tunisienne. « Quelques années après l'indépendance », explique-t-elle, « il y eut un projet de complot contre Bourguiba. Ce projet regroupait tous les frustrés de l'indépendance, mon père a été sollicité. Bien qu'il n'ait pas pris part au complot, il a été condamné à 5 ans de travaux forcés pour ne pas avoir dénoncé les coupables. Il est mort au bout de 10 mois, à 58 ans, dans un fort espagnol au nord de la Tunisie »[3]. Ses deux épouses successives dirigent alors la maison, de façon soudées et solidaires[3]. Elle effectue des études à l'Institut de presse et des sciences de l'information[2]. Devenue journaliste, elle cofonde en 1987 avec son compagnon, le comédien et dramaturge Taoufik Jebali, un espace culturel à Tunis, El Teatro, lieu de spectacles de théâtre mais aussi lieu de réunions, de débats d'idées, galerie d'art, atelier de formation artistique, etc[4],[5]. L'endroit se veut « un espace libre et laïc, ouvert à toutes les expressions artistiques et associatives ». « C'était dans l'euphorie du changement qui a suivi la disparition de Bourguiba et 31 ans de pouvoir absolu », indique-t-elle, « nous avons connu 5 années faites d'attente, de souffle et d'espoir où nous avons été exonérés de persécution et d'oppression. On a eu la chance de commencer El Teatro à ce moment-là. Jusqu'en 1993 on a pu positionner ce lieu comme un espace innovant ouvert à la société civile »[3]. L'ouverture du lieu, le , se fait avec comme premier spectacle Mémoires d'un dinosaure, une adaptation des Dialogues d'exilés de Bertolt Brecht, qui est censurée puis autorisée[6]. El Teatro subit des tracasseries policières durant des années et, en 1996, il est interdit à sa direction d'y abriter des manifestations autres qu'artistiques[7]. En 1989, elle commence aussi à militer au sein de l'Association tunisienne des femmes démocrates[3]. Lors de la révolution tunisienne et des manifestations de 2011, elle refait d'El Teatro un lieu de rencontres et d'échanges pour les artistes qui s'associent au mouvement[8]. Elle devient en 2019 présidente du Syndicat libre des espaces scéniques indépendants tunisiens pour deux ans[9]. Elle préside également une association éditant des ouvrages et animant des ateliers d'écriture, Zanoobya[10],[11],[12]. Références
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