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Wismut GmbH
Localisation des mines de la Wismut dans la Saxe et le Thuringe.
Dans le cadre de la course à la bombe, elle fournit l'uranium nécessaire au projet de bombe atomique soviétique et elle devient rapidement le troisième producteur mondial d'uranium, après les États-Unis et le Canada. Mais l'exploitation de l'uranium devant rester secrète, l'entreprise est officiellement chargée d'exploiter du bismuth (en allemand : Wismut); jusqu’à la fin de la RDA, il est interdit de mentionner l’extraction de l'uranium bien que cela soit un secret de Polichinelle[2].
L'exploitation démarre dès 1946 sous contrôle du NKVD. Le , l'administration militaire soviétique en Allemagne fonde la SAG Wismut, l'entreprise est une société d'État soviétique d'un capital de 50 millions de roubles, le nombre d'employés de la Wismut passe de 2 200 à plus de 100 000. De janvier 1954 à 1991, l'entreprise est une société binationale est-germano-soviétique sous le nom de SDAG Wismut (SDAG pour Sowjetisch-Deutsche Aktiengesellschaft : Société soviéto-allemande), les effectifs se stabilisant autour de 45 000 employés[3] qui à partir de 1949 reçoivent de meilleurs rations alimentaires et salaires que les autres mineurs est-allemands[2]. Entre 1946 et 1990, jusqu'à la réunification allemande, environ 220 000 tonnes d'uranium[3] ont été produites par 500 000 hommes, dont au moins 5 237 ont été victimes de cancer du poumon[2].
Entre 1945 à 1950, l'uranium pour le programme d'armement nucléaire soviétique vint des pays suivants (production minière uniquement) :
1947: Union soviétique : 129,3 t ; Allemagne de l'Est : 150 t ; Tchécoslovaquie : 49,1 t ; Bulgarie : 7,6 t ; Pologne : 2,3 t
1948: Union soviétique : 182,5 t ; Allemagne de l'Est : 321,2 t ; Tchécoslovaquie : 103,2 t ; Bulgarie : 18,2 t ; Pologne : 9,3 t
1949: Union soviétique : 278,6 t ; Allemagne de l'Est : 767,8 t ; Tchécoslovaquie : 147,3 t ; Bulgarie : 30,3 t ; Pologne : 43,3 t
1950: Union soviétique : 416,9 t ; Allemagne de l'Est : 1 224 t ; Tchécoslovaquie : 281,4 t ; Bulgarie : 70,9 t ; Pologne : 63,6 t [4]
Le , l'entreprise est reprise par le gouvernement allemand à la suite d'un accord signé le où l'URSS accepte de céder ses parts en échange d'une exemption totale aux travaux de réhabilitation et de réparations des dégâts environnementaux[2]. Elle devient une société à responsabilité limitée qui ferme les mines et entreprend un long travail de dépollution des sols pour un budget de 6,3 milliards d'euros entre 1991 et 2018[3],[5].
Les régions minières ont été bouleversées par l'extraction de l'uranium, qui laisse un héritage désastreux pour l'environnement[2].
Le documentaire allemand La Wismut, sorti en 1993, montre les mines désaffectées et donne la parole à d'anciens ouvriers dont les risques furent minimisés ou ignorés[7]. En 1994, il reçoit le prix allemand de la critique et le prix du film de Hesse.
↑ abcd et eChantal Metzger, La République Démocratique Allemande : la vitrine du socialisme et l'envers du miroir (1949-1989-2009), P.I.E.-Peter Lang S.a, , 373 p. (ISBN978-9052016337, lire en ligne), Michel Deshaies, La désastreuse exploitation du minerai pour la paix, un secret bien gardé. p. 181 à 194