Saint Venance Fortunat, dont le nom latin est Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, né vers 530 à Valdobbiadene près de Trévise (Italie) et mort en 609 à Poitiers (France), est un poète et un hymniste chrétien du VIe siècle. Ordonné prêtre, il devient également à la fin de sa vie évêque de Poitiers. Considéré comme saint, il est liturgiquement commémoré le [1].
Repères biographiques
Auteur de poèmes latins
Venance Fortunat est italien (peut-être de vieille famille romaine, spéculent certains, à cause de ses quatre noms, chose rare à l'époque), originaire de Duplavilis (actuelle Valdobbiadene) près de Trévise en Vénétie. Il a au moins une sœur, nommée Titiana. Il étudie pendant sa jeunesse la grammaire, la poésie, le droit et l’éloquence à Ravenne.
Vers l’âge de trente-cinq ans, en 565, guéri d’une ophtalmie, il forme le projet d'aller à Tours visiter le tombeau de saint Martin, auquel il attribue sa guérison. Il traverse les Alpes, remonte la vallée du Rhin par le Norique, la Rhétie et l’Austrasie, où il est accueilli royalement par Sigebert et sa femme, la reine Brunehaut à laquelle il voue une profonde admiration.
C’est à Metz au cours des fêtes du mariage de Sigebert et Brunehaut que Fortunat réjouit les oreilles des convives par un poème lyrique en verslatins où il fait de Brunehaut une nouvelle Vénus et de Sigebert un nouvel Achille.
Séduit par la grâce et l'intelligence de Brunehaut, il lui consacrera une partie de ses plus beaux écrits. Elle lui inspire notamment un épithalame de « goût antique » dans lequel il ne tarit pas d'éloges sur elle : « Plus brillante, plus radieuse que la lampe éthérée, le feu des pierreries cède à l'éclat de ton visage, tu es une autre Vénus et ta dot est l'empire de ta beauté […]. L'Espagne a mis au monde une perle nouvelle. »
De la même voix qui a chanté Brunehaut et déploré en vers si touchants la mort de sa sœur Galswinthe, traîtreusement assassinée par Chilpéric, il n’hésite pas à louer les vertus royales de Frédégonde. Évoluant dans les hautes sphères de la société franque, il rencontre plusieurs femmes de la dynastie mérovingienne, entre autres la reine Ultrogothe, veuve de Childebert Ier, et les princesses Théodechilde et Berthovère, filles de Thierry Ier et Thibert Ier.
Poète raffiné, il compose de nombreuses hymnes chrétiennes remarquables par leur profonde sensibilité spirituelle, comme par leur technique musicale qui eurent une influence considérable sur la composition liturgique des siècles postérieurs. Certaines, telles la Vexilla Regis et la Pange lingua, hymne des matines du temps de la Passion[3], sont encore connues et fréquemment chantées lors de cérémonies liturgiques de l'Église catholique latine.
Il adressa à Syagre d'Autun des acrostiches en le priant de les faire peindre dans le vestibule de son palais[4].
Œuvres
Parmi ses œuvres on peut signaler :
onze livres de Poèmes (tome 1, 2 et 3 de l'édition des Belles Lettres traduit par Marc Reydellet) ;
In laudem sanctæ Mariæ (dans le tome 3 de l'édition des Belles Lettres traduit par Marc Reydellet) ;
un poème en quatre chants sur la Vie de saint Martin (dans le tome 4 de l'édition des Belles Lettres traduit par S. Quesnel) ;
Le De ecclesia Parisiaca poème sur la cathédrale de Paris.
Venance Fortunat et Charles Nisard avec Eugène Ritter (traduites en français pour la première fois par), Poésies mêlées, Paris, Librairie de Firmin Didot et Cie, coll. « Collection des auteurs latins », (lire en ligne)
Venance Fortunat, Poésies mêlées, traduites en français pour la première fois par M. Charles Nisard, membre de l'Institut, avec la collaboration, pour les Livres I - V, de M. Eugène Ritter, professeur au Lycée Saint-Louis, Librairie de Firmin-Didot, Paris 1887, 295 p. [lire en ligne]
Venance Fortunat, texte établi et traduit par Marc Reydellet, Collection des universités de France Série latine, Les Belles Lettres
L’Ordre Gastronomique de Saint-Fortunat est une institution du Club Prosper Montagné qui réunit l’élite de la gastronomie. Les membres reçoivent une initiation à l'Ordre, s'engagent à suivre les règles de Saint-Fortunat, Saint-Fortunat figure sur les décorations et insignes[7],[8].
↑Thomas d'Aquin a composé un hymne avec le même titre pour l'office du Saint-Sacrement, dont le premier vers reprend celui de l'hymne de Fortunat « Pange, lingua, gloriosi proelium certaminis ».
↑Fortunat, L.V,c.6. Publ. dans Nisard, Coll des auteurs latins, Ausone, Sidoine Apollinaire, Fortunat, Paris, Firmin-Didot, 1887, p. 138-141 et 147. in Paul Deschamps & Marc Thibout, La peinture murale en France, Librairie Plon, 1951, p. 12.
↑Cette figure, dite « croix angélique » ou « croix de Saint Thomas d'Aquin », apparaît dès un poème de Fortunat mais l'inscription remonterait à Calbulus, auteur du Ve siècle (« D’où vient la croix angélique ? », sur Blog lecteurs de la Bibliothèque nationale de France, ; « Croix Thomas d’Aquin ou croix angélique », sur Commission d'art sacré du diocèse de Paris).