Produit par Soframe[2], il est dérivé du véhicule d'infanterie ARIVE (Armoured infanty vehicle ou « Véhicule blindé d'infanterie ») conçu par cette société au milieu des années 2010, et fabriqué à environ 1 800 exemplaires[3].
Le premier véhicule opérationnel a été livré en pour une commande totale de 90 exemplaires, les 89 engins suivants devant suivre par tranches de 30 jusqu'en 2025.
Dès les années 1930, la Gendarmerie s'équipe de véhicules blindés[4]. Elle déploie dès 1931 deux chars et onze automitrailleuses en Corse lors d'une opération d'envergure contre le grand banditisme[5].
Après la guerre, différents types de blindés sont utilisés : chars, automitrailleuses et half-tracks. Ils sont principalement destinés aux missions de combat (Défense opérationnelle du territoire ou DOT) ou aux situations extrêmes de rétablissement de l'ordre comme en Algérie. La mise en œuvre des blindés est confiée à des "escadrons mixtes portés-blindés"[A 4] implantés en province ainsi qu'à une formation centrale basée à Versailles-Satory. Héritière du groupe spécial formé en 1933, cette unité a porté plusieurs dénominations avant de devenir en 1991, le groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM). Le GBGM est chargé notamment de la protection des institutions en cas de crise majeure (comme le putsch des généraux en 1961), du maintien et du rétablissement de l'ordre en contexte « dégradé ou très dégradé » ainsi que de missions de défense opérationnelle du territoire[6].
Avec la fin des conflits coloniaux puis de la guerre froide, la mission de combat disparait au profit de celle du maintien et du rétablissement de l'ordre. À partir de 1974, la Gendarmerie acquiert un blindé spécialisé, le VBRG, qui est peint en bleu, en cohérence avec cette mission principale. Par la suite, elle retire progressivement du service ses blindés de combat (chars AMX-13, véhicules de transport de troupes (VTT) AMX-13 VCI, automitrailleuses AML et engins VBC-90)[A 5].
Au début des années 2020, la Gendarmerie ne dispose donc plus que du VBRG et de quelques Véhicules de l'avant blindés (VAB), obtenus auprès de l'armée de terre en vue de leur emploi en Afghanistan. Ces derniers sont surtout déployés en Nouvelle-Calédonie[8].
L'utilisation des blindés de la Gendarmerie au maintien de l’ordre est soumise à l’autorisation d’engagement du Premier Ministre[9] et à l’autorisation d’emploi du préfet de zone de Défense[10], cette dernière faisant l’objet d’un formalisme défini à l’article R214-3 du CSI[11].
Le remplacement des VBRG
Le remplacement du VBRG, est évoqué à de nombreuses reprises à partir du milieu des années 2000. Il fait l'objet de nombreux projets allant de l'achat de machines neuves[A 6] à la rénovation totale ou partielle de la flotte[12] mais aucun de ces programmes n'aboutit.
Initialement, deux constructeurs semblent favoris : Nexter avec une version du blindé léger Serval déjà commandé par l'Armée de terre et Arquus avec une version de son Sherpa Light[13]. Mais le , le ministère de l’Intérieur annonce la sélection d'un véhicule proposé par Soframe, filiale du groupe Lohr[16]. La commande concerne 90 blindés - soit 30 de plus que l'effectif des VBRG disponibles à cette date - avec début des livraisons dès l'année suivante[15]. Le coût total du programme est de 70 millions d'euros[17].
Le véhicule est baptisé « Centaure » par la Gendarmerie. L'acronyme officiel est d'abord VBP pour « véhicule blindé polyvalent », avant d'être changé par la suite en VIPG pour « véhicule d'intervention polyvalent de la gendarmerie ». Ce changement reflète, selon Politis, la plus grande polyvalence du blindé en comparaison avec le VBRG[17].
Le véhicule a quatre roues motrices, ce qui lui permet de franchir un fossé de 90 cm ou de gravir des marches de 40 cm. Il peut également progresser sur une pente inclinée à 40 %, et rouler avec un dévers de 30 %[3],[A 1]. Propulsé par un moteur d'une puissance de 330 chevaux[3], il peut circuler à une vitesse minimum de 3 km/h, et jusqu'à une vitesse maximum 100 km/h, avec une autonomie de 500 km[18]. Il peut transporter sept gendarmes, en plus de son équipage de trois militaires. L'accès se fait par deux portes sur le côté droit, une sur le côté gauche et une rampe d'accès à l'arrière[3].
Le Centaure dispose également d'un lance-grenades automatique de 30 coups pouvant tirer des grenades lacrymogènes[19]. Il est équipé, comme les VBRG[20], d'un système permettant de diffuser une substance lacrymogène dans sa proximité immédiate, pour protéger le véhicule et son personnel d'une attaque extérieure[17].
Enfin, chaque véhicule est équipé[3] d'une lame mobile, montée sur des vérins hydrauliques[15], qui lui permet de percuter jusqu'à une vitesse de 30 km/h des obstacles et des véhicules pesant jusqu'à 3,5 t, avant de les pousser pour dégager une voie de circulation[3],[A 8].
Simulateur
La formation des conducteurs est assurée à Satory au moyen d'un système de simulation développé par la société Exail pour un coût d'environ 550 000 euros[17],[18].
Le système comprend trois postes de conduite et un poste instructeur[22]. Il permet l'apprentissage de la conduite du véhicule et de la mise en œuvre de ses équipements.
La mise en réseau des postes permet la simulation de l'engagement simultané de plusieurs véhicules.
Le 31 mai 2024, le ministère de l'intérieur annonce l'envoi de 16 engins (dont pour six par avion An-124) pour renforcer les forces de l'ordre sur place à la suite des émeutes de 2024 en Nouvelle-Calédonie[29],[30].
Utilisateurs
France - environ 30 exemplaires en octobre 2023, 60 autres exemplaires doivent être livrés d'ici le premier trimestre 2024[1].
Galerie
Véhicule d'intervention polyvalent de la gendarmerie Centaure
↑Le mot « gendarmerie », lorsqu'il désigne l'organisme d’État à caractère unique, comme dans les expressions « la Gendarmerie » ou « la Gendarmerie nationale », prend une majuscule ; dans les autres cas, il garde la minuscule, comme pour les expressions « gendarmerie mobile » ou les « forces de gendarmerie » - Voir conventions typographiques de Wikipédia, notamment § « Organismes uniques » et § « Unités militaires »
↑Garde républicaine mobile (GRM) est l'ancienne dénomination de la gendarmerie mobile. Dissoute lors de l'armistice de 1940, elle est remplacée par la Garde pendant l'occupation. Recréée en 1944 sous la dénomination de Garde républicaine, elle prend son nom actuel de gendarmerie mobile en 1954
↑À cette époque, les escadrons bénéficient d'une double dotation en véhicules : fourgons-cars pour le maintien de l'ordre et véhicules de combat pour les missions de Défense Opérationnelle du territoire (DOT). Chaque escadron compte alors trois pelotons de marche (depuis les années 2000 quatre - dont un peloton d'intervention). Alors que dans un escadron porté standard, les trois pelotons sont dotés de camionnettes tactiques, dans un escadron mixte, un des pelotons dispose de VBRG ou d'automitrailleuses.
↑Les VBC-90 sont les derniers à être retirés, en mai 2004 - Source : Colonel Marc Clerc - Histoire et Évolution des Moyens Blindés depuis la Deuxième Guerre mondiale - Revue de la Gendarmerie nationale no 262 - 3e trimestre 2018.
↑Un premier marché, remporté par Panhard avec un véhicule AVXL semi-chenillé original (doté d'une chenille « ventrale » située entre les roues) a été annulé en référé en 2007 sur plainte de Renault Trucks Defense (RTD) dont l'offre basée sur un VBMO (véhicule blindé de maintien de l'ordre) 6 x 6 dérivé du VAB n'avait pas été retenue, au motif que le véhicule de Panhard n'était pas produit en série, comme exigé au cahier des charges. Relancé une deuxième fois puis attribué en 2008, un deuxième appel d'offres avait cette fois été remporté par Renault Truck Defense (RTD) avec une solution basée sur son véhicule Sherpa 3A mais ce marché n'a cependant jamais été exécuté faute de financement.
↑ Si l'utilisation de fonds du plan de relance a permis le lancement puis l'exécution rapides du programme, certains de ses aspects ont cependant été critiqués par la Cour des comptes qui dans son rapport S2024-0185 sur les Forces mobiles de février 2024 questionne notamment la rapidité avec laquelle la spécification du produit a été établie ainsi que le dimensionnement du programme tout en relevant le peu d'intérêt qu'il semble avoir suscité dans la Police dans une optique de mutualisation des ressources Référence : Cour des comptes - Rapport S2024-0185 sur les Force mobiles de février 2024 https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2024-03/20240403-S2024-0185-Forces-mobiles.pdf - consulté le 19 mai 2024 - Conclusion intermédiaire p. 56
↑ Un dispositif comparable existe également sur le VBRG mais seule une partie de la flotte en est équipée.
↑L'achat de ces matériels a été autorisé par la loi de finance du 31 mars 1921. Georges Carrot, Le Maintien de l'ordre en France au XXe siècle, Éditions Veyrier, 1990, p. 39.
↑Simon Fieschi, Les Gendarmes en Corse, 1927-1934 De la création d'une compagnie autonome aux derniers « bandits d'honneur », in Jean-Noël Luc (dir.) Soldats de la Loi, Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne (PUPS), 2010, p. 109-120.
↑ a et bJérôme Bisognin, « Contribution de la Gendarmerie nationale à un conflit de haute intensité: », Revue Défense Nationale, vol. N° Hors-série, no HS4, , p. 29–42 (ISSN2105-7508, DOI10.3917/rdna.hs06.0029, lire en ligne, consulté le )
↑Général Pierre Durieux Histoire de la Gendarmerie Mobile 1921 - 2021 Service de diffusion de la Gendarmerie (SDG) Limoges - p. 154-158