TotemLe nom totem peut revêtir des significations très différentes selon le contexte. ÉtymologieLe mot « totem » est emprunté à l’ojibwa, langue algonquine parlée sur le pourtour des Grands Lacs nord-américains. Il est introduit en Occident par J. Long en 1791 et c’est à John Ferguson McLennan (1869-1870) que l’on doit le concept anthropologique correspondant. Un Ojibwa entend « totem » dans le sens de relation d’ordre purement sociologique (apparemment d’amitié) entre deux personnes. Ototeman est l’une des premières versions du terme, dans lequel otem, possessif vient du morphème grammatical ote. Le mot, pour les Ojibwas, précise à la fois une relation collective (parenté entre germains, plus généralement dans un groupe exogame), et traditionnelle. La forme aoutem relevée en Acadie en 1609 ne s’est pas répandue en France. Certains groupes ojibwa sont organisés en clans patrilinéaires exogames, lesquels ont pour éponymes le nom d’espèces animales. Le terme sert parfois à énoncer son appartenance clanique : makwa nitotem « l’ours est mon clan ». Il s’agit en fait d’une formule abréviatique qui recouvre la signification suivante « je suis apparenté avec celui qui appartient au clan dont l’éponyme est l’ours, donc j’appartiens à ce clan » (Bonte et Izard, 1995). Il a été introduit dans la littérature, à ce qu’il paraît, par J. Long, interprète indien du siècle dernier, qui l’orthographiait totam. Le R.P. Peter Jones, indien Ojibwa, écrit Toodaim ; Warren, dodaim ; Morgan adopte cette dernière orthographe en la considérant comme une variante de la précédente. Francis Assikinak, indien Ottawa écrit Ottotam. Selon l’abbé Thavent, le mot est proprement « ote » : « famille, tribu », dont la forme passive est otem, avec l’adjectif passif on a "nind otem", ma famille, "kit otem", ta famille (Frazer, 1898 : 3). MythesLe terme renvoie à une appartenance symbolique revendiquée.
Anthropologie et psychanalyseLe sociologue français Émile Durkheim, dans les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), analyse le fait religieux totémique en Australie : « c’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que le mot totem apparaît dans la littérature ethnographique. On le rencontre pour la première fois dans le livre d’un interprète indien, J. Long, qui fut publié à Londres en 1791 (source : Voyages and travels of an Indian interpreter). Pendant près d’un demi-siècle, [et à partir de ce même texte], le totémisme ne fut connu que comme une institution exclusivement américaine. C’est seulement en 1841 que Grey, dans un passage resté célèbre, signala l’existence de pratiques tout à fait similaires en Australie. On commença dès lors à se rendre compte qu’on se trouvait en présence d’un système d’une certaine généralité. (…). John Ferguson McLennan fut le premier ayant entrepris de rattacher le totémisme à l’histoire générale de l’humanité. Dans une série d’articles parus dans la Fortnightly review, il s’efforça de montrer, non seulement que le totémisme était une religion, mais que de cette religion étaient dérivées une multitude de croyances et de pratiques que l’on retrouve dans des systèmes religieux beaucoup plus avancés ». Marcel Mauss tend vers la définition généralisante lorsqu’il écrit un peu plus tard : « [Totem] désigne brièvement tout ce que nous devons écrire longuement si nous devons donner une définition claire de ce qu’il désigne : un culte thériomorphique de clan ». Le terme chez Mauss provient de l’algonquin (Mauss, 1905). Nous considérons alors à travers ces définitions combien Sigmund Freud se réapproprie un terme de nature sociologique. Les lectures de la part du psychanalyste des textes contemporains aux deux années 1910-1912, de l’anthropologie anglo-saxonne, sont multiples. Il lit La religion des Sémites de W.R. Smith (1889), les quatre volumes du Rameau d’or de James George Frazer paraissant jusqu’en 1915, mais aussi Les Formes élémentaires de la vie religieuse d’E. Durkheim. Freud y puise des concepts et trouve une inspiration déterminante à l’écriture du texte qui insistera aussi sur l’association au tabou, comme interdiction rituelle. LittératureLes poètes et, dans une moindre mesure, les auteurs de fiction, utilisent souvent des concepts anthropologiques, notamment la conception anthropologique du totémisme. C'est pourquoi la critique littéraire recourt souvent à des analyses psychanalytiques et anthropologiques[1],[2],[3]. Arts et spectacles
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Voir aussiArticles connexesNotes et références
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