Toki pona
Le toki pona est une langue construite minimaliste[1] inventée par la linguiste et traductrice canadienne Sonja Lang et publiée pour la première fois en 2001 sur Internet[2]. L'expression « toki pona » désignant la langue construite par Lang signifie « langue du bien »[Notes 1]. La langue est basée sur la philosophie du Tao et se caractérise par la simplicité extrême de sa phonologie[Notes 2], de sa grammaire et surtout de son vocabulaire, ce qui la rend facile à apprendre. Le toki pona possède 14 phonèmes et son vocabulaire ne comporte originellement que 120 mots[1]. À l'instar de l'anglais basic, qui compte 850 mots, il offre néanmoins une relative expressivité, tout en étant une des langues construites les plus concises. ÉtymologieLe nom Toki Pona est composé avec toki (langage), dérivé de tok en Tok pisin qui vient de l'anglais talk[3] ; et pona (bien/simple), qui vient de l'espéranto bona (bien)[3]. GraphieLe toki pona dispose de deux systèmes d'écriture. Le premier, basé sur l'alphabet latin, comporte cinq voyelles (a, e, i, o, u) et neuf consonnes (j, k, l, m, n, p, s, t, w). Tout s'écrit en minuscule (même après un point), sauf les mots « non officiels » qui servent à nommer. Ainsi, ma Elopa signifie « Europe », littéralement : « pays européen ». Le second est un type d’écriture figurative où chacun des 120 mots est représenté par un unique logogramme, nommé hiéroglyphe par l'auteure Sonja Lang. Plusieurs logogrammes peuvent se combiner pour former un syntagme, voire une phrase complète. PrononciationLang indique pour chaque phonème la prononciation officielle, tout en précisant que la langue est très tolérante. Ainsi, le mot « toki » est de manière standard prononcé /toki/, mais la prononciation /dogi/ ne peut pas être considérée comme fautive. Un accent tonique doit être porté sur la première syllabe de chaque mot[4]. Voyelles
ConsonnesLes consonnes p, t, k, m, n, s, l, w et j se prononcent comme leurs symboles dans l’alphabet phonétique international :
NomsLe toki pona ayant un vocabulaire particulièrement restreint, il recourt souvent aux mots composés. Ainsi, tous les noms relatifs à des personnes ou à des métiers commencent par jan, par exemple :
ModificateursIl n'y a pas d'adjectifs proprement dits en toki pona. Un mot placé en seconde position peut être considéré comme un modificateur du premier. Ainsi :
Exemples pour les couleurs :
Les démonstratifs, numéraux et possessifs suivent toujours les autres modificateurs. Pronoms
Le pluriel de mi peut être indiqué en ajoutant mute = plusieurs : mi mute = nous Ces mêmes pronoms désignent aussi bien les possessifs que les autres cas : mi = je, moi, me, à moi Puisque le toki pona ne fait aucune distinction entre le masculin et le féminin, les pronoms aussi suivent ce modèle. SyntaxeLe toki pona utilise l'ordre SVO et va du plus vague au plus précis. Sujet et prédicat sont séparés par le mot li, sauf quand le sujet est mi ou sina. Par exemple : jan Lea li lukin e sina = Léa voir toi (jan = personne ; li = marque du verbe ; e = complément d'objet direct). L'objet direct est généralement précédé du mot e. Par exemple : mi lukin e sina = Moi voir toi. La structure [nom + modificateur1 + modificateur2] est analysée comme [(nom modificateur1) modificateur2]. Ainsi, avec jan pona = personne bonne (ami ou amie) et lukin = voir ou regarder, l'on peut construire : jan pona lukin = [(jan pona) lukin] = un ami qui regarde. L'insertion du mot pi permet de casser cet ordre implicite et de modifier en conséquence le sens de la phrase. Ainsi : jan pi pona lukin = [jan (pona lukin)] = personne bonne à regarder (belle ou jolie personne). Les principaux traits syntaxiques du toki pona peuvent être notés ainsi en BNF étendue : <phrase> ::= [<groupe-adverbial> "la"] <sujet> "li" <prédicat> <groupe-adverbial> ::= <groupe-nominal> <sujet> ::= <groupe-nominal> | <sujet-composé> <prédicat> ::= <groupe-verbal> | <prédicat-composé> <sujet-composé> ::= <sujet> "en" <sujet> <prédicat-composé> ::= <prédicat> "li" <prédicat> <groupe-nominal> ::= <nom> <adjectif>* <groupe-verbal> ::= <verbe> <adverbe>* <objet-direct>* <objet-direct> ::= "e" <groupe-nominal> Enseignement et développementLa méthode d'apprentissage de référence est l'ouvrage « Toki Pona : The Language of Good » (« Toki Pona : La langue du bien ») de Sonja Lang. Un des 120 mots de la langue lui est même consacré : pu signifie en effet « interagir avec le livre officiel du toki pona »[2]. Plusieurs locuteurs proposent également des cours en ligne au format texte[7],[8] ou vidéo[9],[10]. La langue peut être maîtrisée après 30 heures d’apprentissage[11]. Le 18 juillet 2021, Sonja Lang publia l'ouvrage « Toki Pona Dictionary » (« Dictionnaire de Toki Pona »), proposant des traductions possibles de termes anglais en tokipona et l'inverse. Cet ouvrage se base entièrement sur des sondages communautaires, et utilise 137 mots dont ceux qui ont été créés par la communauté[12]. Sona Lang explique que, même si elle est la créatrice du langage, il appartient à sa communauté. Le toki pona est plutôt connu et populaire chez les espérantophones qui sont relativement nombreux à l’étudier[réf. nécessaire]. Il est cependant difficile de connaître le nombre exact de personnes aptes à s’exprimer couramment en toki pona, estimé à plusieurs centaines[13],[14]. Il existe un groupe de discussion sur le site web de Yahoo!, deux groupes Facebook (« toki pona » qui permet de poster des messages dans d'autres langues et « toki pona taso » dont les messages sont uniquement en toki pona), un canal IRC, un serveur Discord (« ma pona pi toki pona »), une instance mastodon[15], ainsi que quelques pages web contenant des œuvres originales[16] et des traductions[17]. Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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