Tashlikh
Le tashlikh (hébreu תשליך, « Tu enverras [au loin] ») est une coutume juive d'origine ancienne. Elle est pratiquée l'après-midi de Rosh Hashana (le Nouvel An civil selon le calendrier hébraïque). Les péchés de l'année écoulée sont symboliquement « envoyés », en jetant des bouts de pain, dans une rivière, un lac, la mer, l'océan, ou tout point d'eau courante, naturel de préférence. Origine de la coutumeLa coutume et son nom sont dérivés d'un passage du Livre de Michée[1] :
On se réunit donc près d'un courant l'après-midi de Rosh Hashana, et l'on récite ce passage, ainsi que des prières pénitentielles. La plupart des sources juives retracent l'origine de la coutume au rabbin allemand Jacob Mölin (décédé en 1425), qui y fait la première référence directe du dans son Sefer Maharil : il y relie le tashlikh à l'Akeda d'Isaac car, selon un midrash, le satan aurait voulu les empêcher de se rendre sur le mont Moriah, en se transformant en un profond cours d'eau; cependant, Abraham et Isaac plongèrent résolument dans la rivière jusqu'au cou, priant pour l'aide divine, et la rivière disparut. Cependant, des sources textuelles pourraient indiquer une origine plus ancienne au Tashlikh :
Oppositions à cette coutumeLa coutume avait gagné force de loi chez certains Juifs, puisque le Rema, auteur de la Mapa, grâce auquel le Choulhan Aroukh devint la référence universelle des Juifs en matière de Halakha, écrit[4]: « Les abysses de la mer virent la genèse de la Création; c'est pourquoi jeter du pain dans la mer à Rosh Hashana, qui est le jour anniversaire de la Création, est un tribut approprié au Créateur. » Cependant, Jacob Mölin lui-même, s'oppose à la pratique de jeter des bouts de pain aux poissons[5] de la rivière, particulièrement le jour du Sabbath (pendant lequel il est interdit de porter). Actuellement, le tashlikh est déféré au second jour de Rosh Hashana si celui-ci tombe un Shabbat. Par ailleurs, la pratique kabbalistique de secouer les coins des habits lors de la cérémonie, de façon à chasser les klippot, (« [démons] appendus »), a mené les opposants à la Kabbale, en particulier les Maskilim, à dénoncer la coutume, car elle pourrait selon eux inciter les gens simples à penser qu'en jetant « littéralement » leurs péchés, ils pourraient y « échapper » sans se repentir ou s'amender. Dans une satire populaire écrite dans les années 1860 par Isaac Erter[6], Samaël regarde les péchés des hypocrites tombant dans la rivière. Le Gaon de Vilna ne souscrivait pas non plus au tashlikh. La pratique de nos joursDe nos jours, la coutume est jugée acceptable et encouragée par les grands courants juifs modernes, particulièrement le judaïsme orthodoxe, à l'exception d'un petit groupe de fidèles au Gaon de Vilna localisé à Jérusalem. Les juifs de Tel Aviv le font souvent devant la mer. À New York, beaucoup de juifs se réunissent annuellement devant les ponts de Brooklyn et de Manhattan. En raison de la pandémie de Covid-19 en Israël, le grand-rabbin ashkénaze David Lau, qui a par ailleurs appelé à raccourcir les offices de prière, recommande d’éviter les rassemblements pour le Tashlikh, et rappelle qu’il peut se faire près d’un point d’eau artificiel, y compris un lavabo[7]. Notes et références
Liens externes
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