Sa famille est favorable au panarabisme, et il s'intéresse dès son plus jeune âge « à toutes les idéologies politiques », mais aussi à la poésie et la littérature. Un temps intéressé par le marxisme, il se tourne vers le parti Baas dont il trouve qu'il « associe le socialisme au panarabisme, qui lie l’homme à sa culture, à son vécu et à sa civilisation », en particulier les textes de Michel Aflak. Après avoir travaillé comme journaliste pour divers organes du parti Baas à partir de 1958, il devient éditeur de son principal organe de presse, Al-Thawra(en) (La Révolution). Il participe au coup d’État de 1963, lui-même contrecarré quelques mois plus tard par un autre coup d’État pro-nassérien. Et c'est dans la clandestinité, à Damas en Syrie, qu'il se lie d'amitié à un autre activiste : Saddam Hussein. En 1968, le parti Bass reprend le pouvoir et Tarek Aziz ne quittera plus les hautes fonctions de l’État irakien, tout proche de Saddam Hussein, en étant peut-être la seule personne du pouvoir pouvant se permettre « une liberté de ton » avec celui-ci[2].
En fuite après la chute de Bagdad le , Tarek Aziz se rend aux forces américaines le , alors que les opérations militaires ne seront officiellement déclarées « terminées » par le président George W. Bush que le 1er mai.
Le , Tarek Aziz, jusqu'alors détenu par les Américains (« livré » aux Irakiens chiites, faisant la chasse aux chrétiens qui étaient considérés comme des alliés de Saddam Hussein), comparaît à Bagdad devant le Haut tribunal pénal irakien pour le rôle qu'il aurait joué dans l'exécution de 42 commerçants dans la capitale en 1992[3]. Le , il est reconnu coupable de cette exécution et condamné à quinze ans de réclusion.
« […] j’ai connu M. Tarek Aziz. Mon prédécesseur et moi-même le considérions comme une personne avec laquelle nous avions une relation cordiale, comme une personne qui — malgré ce que l’on en a dit dans les principaux journaux — essayait de s’occuper du peuple irakien. Une personne donc disponible et disposée à prendre en considération des propositions visant à apporter des améliorations au programme d’assistance humanitaire. De notre point de vue, de mon point de vue, c’était une personne correcte. Je ne peux pas juger de ce que M. Tarek Aziz a fait en Irak en dehors de mon domaine de responsabilité mais, tout ce que je demande, est qu’une personne malade, ne serait-ce que pour des raisons humanitaires, soit traitée dignement […] et [puisse] bénéficier d’un procès équitable. M. Tarek Aziz avait droit, et a droit — tout comme Saddam Hussein du reste — à être traité conformément au droit international, conformément aux conventions de la Haye et de Genève. Je m’élève contre le fait que, trois ans après qu’il s'est volontairement livré aux forces d’occupation, il n’ait pas encore été inculpé […] »
Le , la Haute cour pénale d'Irak l'a condamné à sept ans de prison pour « son rôle dans les exactions contre les Kurdes de confession chiite dans les années 1980 »[4].
En 2010, il est jugé une nouvelle fois, pour son rôle dans la répression contre la communauté chiite dans les années 1980. La Haute cour pénale irakienne le condamne à mort le [5]. Le , le président irakien Jalal Talabani a déclaré qu'il ne signerait jamais son ordre d'exécution[6].
En novembre de la même année, la justice irakienne l'a de nouveau condamné à dix ans de prison pour le massacre de Kurdes chiites pendant la guerre Iran-Irak dans les années 1980[7].
Tarek Aziz meurt le (à 79 ans) à l'hôpital de Nassiriya[8].
Bibliographie
Patrick Denaud, Béatrice Bouvet, Tarek Aziz, le diplomate de Saddam Hussein, Paris, L’Harmattan, 2000.
Patrick Denaud, Irak la guerre permanente. Entretiens avec Tarek Aziz, Paris, Le Félin, 2003.