« Tabarin, nom propre, devenu nom appellatif. Tabarin, valet de Mondor, charlatan sur le Pont-Neuf du temps de Henri IV, fit donner ce nom aux fous grossiers [...]. Tabarine n’est pas d’usage et ne doit pas en être, parce que les femmes sont toujours plus décentes que les hommes ».
Installé sur une estrade dressée sur la place Dauphine à Paris, habillé d'un manteau s'attachant à la hauteur des manches (un « tabar ») et d'un pantalon de toile blanche, toujours coiffé d'un grand feutre, il improvisait des monologues, interpellait les passants, dialoguait avec la foule ou encore avec un comparse. Ses harangues lui donnaient également l'occasion de vendre baumes et remèdes. Les tabarinades étaient souvent de style pamphlétaire et incisif. On trouve dans son Recueil des questions tabariniques des dialogues entre Tabarin et son maître Mondor (maître qui était joué par son frère Philippe Girard) réunissant des questionnements qui se veulent porter sur tous sujets, aussi bien philosophiques que pratiques, tels que « Si la raison et la vérité peuvent compatir ensemble », « Qui sont les meilleurs logiciens », « Quel est le premier créé, de l'homme ou de la barbe » ou « Pourquoi les chiens lèvent la jambe en pissant ».
Les frères Girard se retirent près de Sens vers 1624, et y achètent une maison de maître pour vivre de leurs rentes.
On a l’Inventaire universel des œuvres de Tabarin, contenant ses fantaisies, dialogues, paradoxes, farces, Paris, 1622, et nombre d'autres écrits burlesques sous son nom, entre autres la Descente de Tabarin aux Enfers.
Ses Œuvres ont été réimprimées par Gustave Aventin (1858, 2 volumes in-16).
Influences
Dans leur Manuel d'histoire de la Littérature française, Gustave Lanson et Paul Tuffrau établissent Tabarin comme représentant d'une tradition comique menant jusqu'à Molière :
«
Et si sa comédie (celle de Molière) est à tel point nationale, c’est qu’il ne l’a pas reçue de ses devanciers comme une forme savante aux traditions réglées : il l’a extraite lui-même de la vielle farce française, création grossière mais fidèle image du peuple ; il l’a portée à sa perfection sans en rompre les attaches à l’esprit populaire. S’il est unique, c’est précisément, n’en déplaise à Boileau, parce qu’il est le moins académique des auteurs comiques et le plus proche de Tabarin.[1] »
De même, selon les Éditions Classiques Larousse, La Fontaine se serait inspiré de la tabarinade « Si Dieu a fait quelque chose de mauvais »[2] pour sa fable « Le Gland et la Citrouille »[3].
Une médaille ovale à l'effigie de Tabarin a été exécutée par le graveur Jean Varin à une date indéterminée. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0476].
↑Gustave Lanson et Paul Tuffrau, Manuel d’histoire de la littérature française : Des origines à l'époque contemporaine. Nouvelle édition augmentée., Paris, Hachette, , 2e éd., 815 p. (BNF32347397), « Molière », p. 253
↑in Tabarin, Rencontre, fantaisies, et coq-à-l’âne facétieux du baron du Grattelard (BNF31426641), « septième question »
Il faut toutefois se garder de confondre Tabarin avec le baron de Grattelard, bateleur associé avec le charlatan Desiderio de Combes ou Descombes qui opérait à la même époque place Dauphine.
↑Jean de La Fontaine, Fables choisies : Avec une notice biographique, une notice historique et littéraire, un lexique, des notes explicatives, des documents, des jugements, un questionnaire et des sujets de devoirs, t. II : Livres VII à XII, classiques Larousse, (BNF33068723), « livre IX », fable n°IV