Suzy Parker

Suzy Parker
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 70 ans)
MontecitoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Cecelia Rena Ann ParkerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Fratrie
Conjoint
Bradford Dillman (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata

Suzy Parker (née Cecilia Rena Ann Parker[1] le à San Antonio, au Texas, selon certaines sources biographiques, et morte le [2]) est un mannequin américain, accessoirement une photographe, puis une actrice de cinéma et de télévision active de 1947 au début des années 1960.

Sa carrière, couronnée de succès en tant que modèle pour de nombreux photographes, fait qu'elle reste considérée comme un « visage des années 1950 ».

Biographie

Mannequin

Cecilia Parker est née en 1932 à Long Island selon sa sœur Pamela[3],[4]. Son surnom lui vient de son père qui déteste « Cecilia » et la nomme « Susie », déformé plus tard en France en « Suzy »[5]. Elle fait des études à Jacksonville, en Floride, et à la Garden Day School de New York[4].

Elle est la plus jeune sœur de Dorian Leigh, célèbre dans les années 1940 pour ses multiples couvertures de magazines[6]. Repérée par Irving Penn durant une séance réalisée avec sa grande sœur[7], cette dernière va l'introduire dans le milieu du mannequinat, chez Ford[8], en la présentant à Eileen Ford, alors qu'elle est âgée de quatorze ans[6],[9], dans un restaurant[10].

Contrairement à sa sœur, Susie conserve le patronyme Parker[8]. Comme elle est très grande pour son âge, elle peut démarrer très jeune le mannequinat[11]. Elle travaille rapidement pour Vanity Fair, l'éphémère Flair, Look, Life ou Vogue[7]. En à peine un an, elle quadruple son salaire horaire[12]. À dix-sept ans, ayant toujours voulu voyager, elle part travailler à Paris avec sa sœur[9],[3]. Richard Avedon les attend à l'aéroport[10]. Les français l'apprécient et elle pose, entre autres, dans Elle[12] ou dans le Vogue français[9]. Elle est alors un mannequin très bien payé, avec un tarif pouvant atteindre 200 $ de l'heure[9],[6]. Mais son séjour en France ne peut durer, son père souhaitant qu'elle rentre dans son pays[12]. De retour au pays mais souhaitant toujours voyager, elle devient photographe autodidacte et part au Mexique. À Coyoacán, elle fait la rencontre de Sam Shaw, un proche d'Henri Cartier-Bresson ; ce dernier voit les photos réalisées par Suzy Parker et lui permet de rencontrer d'autres photographes[13].

En , à la demande de Bettina Graziani, elle fait partie du tout premier défilé de Givenchy avec sa sœur, ainsi que Sophie Litvak[14]. Hubert de Givenchy dira d'elle plus tard : « Suzy Parker, à mon avis, n'était pas faite pour présenter les collections mais elle était très belle pour les photos, ce qui lui a permis de réussir avant d'être actrice[15]. » D'ailleurs, à part Givenchy et Chanel, elle défilera très peu[16].

Elle est amie de Coco Chanel qui lui apprend un peu le français et certains principes pour la pose face aux photographes[16]. Suzy Parker aide au retour de la maison Chanel en 1954, lors de sa réouverture[9],[17], grâce à ses apparitions dans des publicités[18] qui en font la « vedette » de la maison de couture[19], photographiée par Richard Avedon ou Henry Clarke. La carrière de mannequin de Suzy Parker atteint son apogée à cette époque[17], lorsqu'elle parait en couverture de nombreux magazines et dans de multiples publicités. Elle travaille énormément, parfois six jours par semaine du matin au soir[20]. L'influente Diana Vreeland, qui l'a aidé à démarrer[6], la considère comme « le visage des années 1950 »[9], « le symbole absolu de toute cette période » d'après Liaut[7]. Parallèlement à sa carrière de mannequin, elle continue sa carrière de photographe, exerçant pour Magnum ou pour Vogue Paris[16].

Photographes

Suzy Parker est, dans les années 1950, le mannequin préféré de Richard Avedon, réussissant à retranscrire devant l'appareil photo les souhaits de ce dernier[9],[4]. Elle dira à ce sujet : « la seule joie que j'ai jamais retirée du mannequinat a été de travailler avec Dick Avedon »[21]. Elle est également photographiée par Horst P. Horst[4] avec qui elle a des relations amicales mais paefois tendues lors des séances de pose, et souvent aussi par Henry Clarke[22] avec qui elle voyage régulièrement[23], Georges Dambier[24] ou Clifford Coffin[25]. Elle est photographiée, avec des images souvent reprises durant les décennies suivantes, par Milton Greene[6], Louise Dahl-Wolfe ou John Rawlings (en)[26].

Suzy Parker est « l'obsession » de Charles Revson des cosmétiques Revlon[4], qui lui établi un contrat d'exclusivité, chose rare à cette période[9]. Elle gagne 500 $ par jour de travail pour cette marque[16]. Rétrospectivement, la presse anglo-saxonne la cite régulièrement comme étant un supermodel[6],[3],[27].

Actrice et mannequin

Suzy Parker débute dans le cinéma en 1957[6]. Elle est présentée par Richard Avedon à Stanley Donen[3] et lui inspire le personnage joué par Audrey Hepburn dans le film Drôle de frimousse, où elle fait un caméo[9] : elle est l'un des trois mannequins parisiens posant face à Fred Astaire qui joue un photographe de mode[3]. Mais, sa carrière de mannequin étant au plus haut, cette courte apparition n'est qu'un amusement, elle n'envisage alors pas de perdurer dans le cinéma[28]. Pourtant, alors qu'elle se trouve en vacances au ski, elle reçoit un, puis deux télégrammes lui enjoignant de rejoindre Hollywood ; elle les ignore jusqu'à ce que Stanley Donen lui téléphone[28].

Elle tourne dans le film de Stanley Donen Kiss Them for Me, avec Cary Grant[3] et Jayne Mansfield. Life fait sa couverture avec Suzy Parker pour la sortie du film[28]. Elle déménage alors de New York à Hollywood[28]. Elle est la partenaire de Gary Cooper dans 10, rue Frederick (1958) produit par Charles Brackett et réalisé par Philip Dune.

Elle apparaît également ponctuellement dans des séries télévisées telles que Producers' Showcase et Playhouse 90 dès 1957 où elle tourne avec Jack Palance le rôle d'une andalouse dans The Death of Manolete[29], puis The Twilight Zone, Dr Kildare, Burke's Law, Tarzan, It Takes a Thief[3] ou Night Gallery. Durant toutes ces années, elle poursuit ses activités de mannequinat, retournant à Paris pour les collections, continuant à poser pour Harper's Bazaar et diverses couvertures de magazines en France[28].

Elle doit rentrer précipitamment en 1958 à San Antonio. Sa mère malade est hospitalisée. En se rendant à l'hôpital avec son père, ils ont un accident de voiture en heurtant un train. Son père meurt sur le coup, Suzy Parker a les deux bras brisés ainsi que les épaules, et des éclats de verre partout dans le corps ; elle reste trois mois à l'hôpital[29],[30].

Vie privée

Début août 1952, elle fait la connaissance, dans un bal donné par Jacques Fath, de Pierre de La Salle (descendant de René-Robert Cavelier de La Salle) et ils deviennent « inséparables »[31]. Elle se marie en secret le avec ce journaliste français[29]. Tout l'argent gagné avec ses photographies sert à entretenir son mari oisif et très dépensier[21]. En 1959, elle a une fille, Georgia de la Salle[n 1],[4], qui débutera à dix-sept ans une carrière de mannequin[32]. Mais, après son accident de voiture, son mari la trompe[33]. « Mariés trop jeune » et cette « désastreuse relation » est une « pure catastrophe » dira-t-elle plus tard[34]. Elle divorce et obtient la garde de sa fille en 1961[29].

Par la suite, elle est également connue comme Suzy Parker Dillman après son remariage avec Bradford Dillman, en 1963[6], avec qui elle aura six enfants[35],[3],[36]et fera également un film. La famille s'installe vers Santa Barbara.

Elle décide d'arrêter le mannequinat en 1965[36]. Elle abandonne aussi peu à peu sa carrière d'actrice, souhaitant uniquement s’occuper de ses enfants[29]. Suzy Parker meurt le à Montecito, en Californie[6].

Filmographie

Cinéma

Télévision

Notes

  1. De son prénom complet : Georgia Belle Florian Coco Chanel ; Gabrille Chanel est sa marraine[16].

Références

  1. Gross 1995, p. 152.
  2. (en) Douglas Martin, « Suzy Parker, Willowy Model And Actress of 50's, Dies at 69 », Arts, sur nytimes.com, The New York Times,
  3. a b c d e f g et h (en) Dennis McLellan, « Suzy Parker, 69; Was a Supermodel Before Term Was Coined jour=6 », sur latimes.com, Los Angeles Times, (consulté le )
  4. a b c d e et f (en) Veronica Horwell, « Suzy Parker. Bringing emotion and reality to modelling », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
  5. Gross 1995, p. 153.
  6. a b c d e f g h et i (en) Francie Grace, « Chanel Girl Suzy Parker Dead At 69 », sur cbsnews.com, CBS News, (consulté le )
  7. a b et c Liaut 1994, p. 47.
  8. a et b (en) Douglas Martin, « Dorian Leigh, Multifaceted Cover Girl of the ’40s, Dies at 91 », Arts, sur nytimes.com,
  9. a b c d e f g h et i (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1950s, Londres, Conran Octopus, coll. « Fifty Fashion Looks », , 112 p. (ISBN 978-1-84091-603-4, présentation en ligne), « Suzy Parker - 1957 - the vivacious face of the 1950's », p. 84
  10. a et b Gross 1995, p. 156.
  11. Gross 1995, p. 155.
  12. a b et c Liaut 1994, p. 48.
  13. Liaut 1994, p. 48 à 49.
  14. Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), « Hubert de Givenchy », p. 123

    « Portée avec désinvolture par Suzy Parker et Sophie Litvak, les deux plus jolis mannequins du moment, la collection fait un triomphe, à la grande joie de Bettina, […] »

  15. Liaut 1994, Témoignage d'Hubert de Givenchy, p. 57.
  16. a b c d et e Liaut 1994, p. 50.
  17. a et b (en) Laura Jacobs, « Everyone Fell For: Suzy », sur vanityfair.com,
  18. [image] En 1957, l’actrice Suzy Parker est shootée par Richard Avedon. sur le site de Madame Figaro
  19. Victoire Doutreleau, Et Dior créa Victoire, Paris, Robert Laffont, , 332 p. (ISBN 2-221-08514-0), chap. 17, p. 241
  20. Gross 1995, p. 158.
  21. a et b Gross 1995, p. 157.
  22. Dictionnaire mondial de la Photographie, Paris, Larousse, , 766 p. (ISBN 2-03-750014-9, lire en ligne), p. 130

    « Avec la complicité des grands mannequins comme Suzy Parker, Capucine, Bettina, Ann Saint-Marie, etc., il traduit admirablement l'élégance de la femme « moderne », celle qui est jeune, vivace, insouciante et prête à séduire. »

  23. Liaut 1994, p. 49 à 50.
  24. Georges Dambier, prolifique photographe des années 1950 ayant déjà à son actif Brigitte Bardot (1951), Capucine (1952) ou Ivy Nicholson (1954), prend Suzy Parker à Paris en 1953, mais également sa sœur la même année ; in : François Besse et Mathilde Kressmann, Paris Mode : 100 photos de légende, Paris, Parigramme, , 128 p. (ISBN 978-2-84096-880-1, présentation en ligne), p. 37 et ss.
  25. Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8), « La fabrique de la beauté », p. 130
  26. (en) Harold Koda (en), Kohle Yohannan et Metropolitan Museum of Art, The Model as Muse : Embodying Fashion, New York, Yale University Press, , 223 p. (ISBN 9781588393135), p. 58 et sv.
  27. (en) Lesley M. M. Blume, « ICONS OF STYLE Series: Suzy Parker, The World's First Supermodel », sur huffingtonpost.com,
  28. a b c d et e Liaut 1994, p. 51.
  29. a b c d et e Liaut 1994, p. 52.
  30. Gross 1995, p. 160.
  31. Liaut 1994, p. 49.
  32. (en) « The Old Order Changeth: Suzy Parker Launches Her Daughter with a New Sassoon Look », sur people.com, Time, (consulté le )
  33. Gross 1995, p. 161.
  34. Gross 1995, p. 156 à 157.
  35. (en) Hilton Als, « Suzy Parker », sur newyorker.com,
  36. a et b Gross 1995, p. 163.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes