Suzanne Duquet est une artiste et professeure d'arts visuels québécoise née le et décédée le [1] à Outremont[2]. Elle est reconnue pour ses portraits peints et son implication en art informatique.
Biographie
Enfance et formation
Suzanne Duquet naît en 1916 et meurt en 2000 au Québec. Elle a une sœur, qui est le sujet de la peinture Portrait de ma soeur (Jeanne-Mance Duquet) réalisée en 1939. Elle étudie de 1922 à 1933 à l’Académie St-Georges de Montréal, une école pour filles anciennement située au coin des rues Waverly et Bernard, dans le quartier Mile End[3]. De 1926 à 1928, elle apprend également le piano, la phonétique et l’art dramatique au privé. En 1932, elle s’inscrit à l’École des beaux-arts de Montréal[4] qu'elle fréquente pendant une dizaine d’années.
Carrière de professeure et d'artiste
En 1943, l'École des beaux-arts de Montréal l'engage comme professeure pour enseigner le dessin et, à partir de 1948, pour mettre sur pied un cours du samedi pour les enfants, ce qu'elle fait alors que les arts plastiques sont peu enseignés au Québec. Sa première exposition individuelle a lieu en 1945 à la Galerie Parizeau, propriété de Lucien Parizeau. De 1944 à 1945, cette galerie est la seule francophone située dans le secteur de galeries anglophones environnant le Musée des beaux-arts de Montréal. Elle présente également les œuvres de Léon Bellefleur, Jacques de Tonnancour, Albert Dumouchel, André Jasmin, Lucien Morin, Mimi Parent, Jeanne Rhéaume et Guy Viau[5]. De 1945 à 1952, elle enseigne à la Commission scolaire catholique de Ville Mont-Royal[6]. À partir de 1970, l'École des beaux-arts de Montréal intègre la famille des arts de l'Université du Québec à Montréal. Son service d'animation communautaire offre dorénavant les cours du samedi[7].
Elle participe à plusieurs expositions, dont Fémina en 1947 au Musée national des beaux-arts du Québec[8],[9]. Cette exposition regroupe vingt-deux œuvres (sculpture, peinture, dessin, aquarelle) d'artistes montréalaises[10] dont celles, entre autres, de Suzanne Duquet, Sylvia Daoust, Simone Dénéchaud, Claire Fauteux, Agnès Lefort, Georgiana Paige Pinneo et Marian Dale Scott, est la première qu'une institution muséale consacre entièrement à des artistes femmes[11],[6]. Vers 1950, Roland-Hérard Charlebois créé la reliure pour un mémorial de Paul Gouin en s'inspirant de la peinture Le divan vert (1948)[12],[13]. En 1956 et 1957, elle poursuit ses études à l'atelier de Morrice Davidson et Seong Moy. De 1955 à 1960, elle anime des ateliers consacrés aux arts plastiques à Radio-Canada pour l'émission La Boîte à surprise[14],[15]. À partir de 1960, elle choisit de se consacrer à la pratique de la peinture avant de retourner à l'enseignement en 1966[15]. Elle réalise des voyages d'études en France, aux États-Unis et au Canada[15]. Durant l'année universitaire de 1971-1972, elle est directrice des modules Gravure, Peinture et Sculpture de la famille des arts à l'Université du Québec à Montréal[16]. Jusqu'en 1982, elle occupe un poste de professeure au département des arts plastiques à deux dimensions de cette même université[15].
Art informatique
En 1971, le ministère des Télécommunications l'invite à la conférence La télécommunication et les arts, et son influence sur l'environnement à l'Université York en Ontario. Elle y explore le dessin assisté par ordinateur à la suite d'une rencontre avec le Dr John F. Hart, directeur du département d'informatique de l'Université Western Ontario[4]. « Tout est à faire. Il faut des artistes professeurs prêts à entreprendre des études et des expériences dans le graphisme cybernétique[4]. » Ses créations BUCL et PARR (1976) font partie de l'exposition Volet abstrait, 1964-1976 qui se déroule à la Galerie Saint-Denis en 1977[17].
Reconnaissance et postérité
En 1977, le Musée des beaux-arts de Montréal organise une rétrospective de son œuvre[18] et Françoise Faucher, de l'émission de télévision Femme d'aujourd'hui, réalise une entrevue avec elle[19]. En 1992, l'historienne de l'art Maria Tippett inclut Suzanne Duquet dans son livre By a Lady. Celebrating Three Centuries of Art by Canadian Women et rapporte que l'artiste de 76 ans souligne qu'il s'agit de la première reproduction d'une de ses œuvres dans un livre[20],[21]. Suzanne Duquet meurt huit ans plus tard, à 84 ans.
En 2010, des tableaux de Suzanne Duquet sont présentés lors de l'exposition collective Femmes artistes. La conquête d'un espace 1900-1965 commissariée par Esther Trépanier, alors directrice du Musée national des beaux-arts du Québec[11]. En 2011, le Musée de Joliette inclut la peinture Portrait de ma sœur (Jeanne-Mance Duquet) (1939) dans l'exposition Au-delà du regard. Le portrait dans la collection du MAJ, qui montre une soixantaine d’œuvres de la collection du Musée créées depuis le 17e siècle inclusivement[22]. En , pour sa conférence Représentation de la figure féminine par les artistes femmes. Une modernité du corps, de l'apparence, de la peinture tenue au Musée de Joliette, Esther Trépanier sélectionne cette même œuvre pour engager une réflexion au sujet de la contribution des femmes peintres au début du 20e siècle[23],[24].
Ses créations d'art informatique suscitent un intérêt plus marqué depuis la fin des années 2010. L'exposition collective Salle des maquettes à la Galerie de l'UQAM en 2019 présente PARR I, VIII, XI (1976), œuvres tirées de la Collection de l'UQAM[25]. En 2020, la galerie Mcintosh de l'Université Western Ontario inclut ses œuvres dans le cadre de l'exposition Computational Arts in Canada 1967-1974, une rétrospective de créations d'art informatique au Canada[26].
Médium, inspiration
Le style de Suzanne Duquet s’inspire du fauvisme. Ses médiums utilisés sont l’huile, la gouache, les crayons à colorier et les crayons qu'elle pouvait mélanger. Ses inspirations pour ses œuvres sont sa famille et son entourage, puis les voyages qu’elle a effectués tout au long de sa vie. Ses œuvres accordent une place importante aux femmes[17].
Expositions individuelles et collectives
1941 : Les Anciens des Beaux-Arts, Musée des beaux-arts de Montréal
1942 : Le Salon du Printemps, Musée des beaux-arts de Montréal
1943 : Les Anciens des Beaux-Arts, Musée des beaux-arts de Montréal
1943 : Les Anciens des Beaux-Arts, Galerie Nationale d’Ottawa
1944 : Exposition de Peinture Contemporaine du Canada à Rio de Janeiro et à São Paolo
1945 : Première exposition individuelle, Galerie Lucien Parizeau, rue Peel, Montréal, 1er au 15 mai
1947 : Fémina, Musée national des beaux-arts du Québec, au [27]
Direction des musées et centres d'exposition (ill. Suzanne Duquet), Guide pour la conception architecturale des établissements muséologiques, Québec, Ministère des Affaires culturelles,
Cécile Gagnon (ill. Suzanne Duquet), Pourquoi les moutons frisent: un conte, Montréal, Pierre Tisseyre, , 19 p. (ISBN2890510662)
Jacques Hardy (ill. Suzanne Duquet), Pareil pas pareil, Québec, Ovale, , 36 p. (ISBN978-2891860130)
↑Hélène Sicotte, « UN ÉTAT DE LA DIFFUSION DES ARTS VISUELS À MONTRÉAL : Les années cinquante : lieux et chronologie « Deuxième partie: 1955 à 1961 » », Annales d'histoire de l'art Canadien, vol. 16, no 2, , p. 40–47 (ISSN0315-4297, lire en ligne, consulté le )
↑Pierre L'Allier, « L’art au féminin au Québec : femmes artistes du siècle adolescent », Continuité, no 63, , p. 34–36 (ISSN0714-9476 et 1923-2543, lire en ligne, consulté le )
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