Sukurcze

Sukurcze
La maison de Witold Pilecki avant 1939.
Géographie
Gouvernement
Ouïezd
Lidsky Uyezd (en)
Coordonnées
Carte

Sukurcze est un domaine et un village situé à l'ouest de la ville de Lida en Pologne avant la Seconde Guerre mondiale (aujourd'hui en Biélorussie). Il appartenait au résistant Witold Pilecki, exécuté par les communistes en 1948. C'est aussi là qu'est né Wojciech Narbutt, écrivain et chambellan royal à la cour de Stanislas II, dernier roi de Pologne[1].

Histoire

Sous la République des Deux Nations, Sukurcze se trouve dans la voïvodie de Vilnius dans le comté de Lida, les nobles locaux s'y arrêtait pour des sejmiks[2],[3] Le domaine appartient ensuite à la famille Narbutt au XVIIIe siècle ; il est cependant séparé de la Pologne à la suite de la troisième partition induite par le traité du . Au XIXe et au début du XXe siècle, le domaine et les villageois sont situés en Russie , dans le gouvernorat de Vilnius, district de Lida. À partir de 1865, il appartient à la famille Pilecki[4].

Dans l'entre-deux-guerres, le domaine est de nouveau en Pologne, dans la voïvodie de Nowogródek. En 1921, le domaine des Pilecki et quelques habitations forment un village de 27 habitants vivant dans cinq maisons, tous de rite catholique[5]

Le , Witold Pilecki et Maria Ostrowka (pl) se marient et s'installent à Sukurcze, où naitront leur fils puis leur fille Zofia (pl)[6]. Leur père et beau-père Julian Pilecki meurt en à Sukurcze[7],[8]. Witold s'investit en tant que propriétaire terrien, fonde une amicale agricole et une coopérative laitière dont il est le président ; il écrit des poèmes et peint[9] dessins et contes de fées pour ses enfants et ceux de familles amies[6].

Il a depuis 1928 une jument arabe polonaise nommée Bajka (« Conte »)[10],[11]. En 1931, un escadron de uhlans dont Witold est le capitaine est créé dans le district de Lida ; en 1937, W. Pilecki en est nommé commandant en chef - 19e division d'infanterie[12]. La famille Pilecki vit à Sukurcze jusqu'au déclenchement de la guerre le [13]. Sous les ordres du général Rudolf Dreszer (pl) l'escadron de Pilecki est vaincu par une unité blindée allemande les 4 et à Wolbórz (voïvodie de Łódź) (Bajka meurt engagée dans cette bataille[14]. Sukurcze se retrouve en zone d'occupation soviétique.

Après la Seconde Guerre mondiale, Staline déplace les frontières de la Pologne de 300 km vers l'ouest ; le domaine de Sukurcze se retrouve alors en Biélorussie et est systématiquement détruit par la République populaire biélorusse aux ordres de Moscou, la Pologne communiste ayant exécuté Witold Pilecki le .

Le manoir et la place qui l'entoure sont détruits, les arbres sont abattus et les étangs comblés, le lac et sa source, comblés avec du sable. Plus tard, dans les années 1990[15], les autorités biélorusses sorties du communisme russe détruisent les derniers vestiges du village[16]. Cette destruction comprend tous les souvenirs même les plus intimes, afin de faire oublier jusqu'à l'existence de ses occupants. Les dents en or des cadavres du cimetière sont arrachées[17]. Ce n'est pas un exemple isolé durant l'occupation communiste[18] et sous la dictature contemporaine d'Alexandre Loukachenko[19].

Zofia Pilecka-Optułowicz a raconté en 2012 « Récemment, j'ai reçu un appel d'un homme qui s'est rendu en Biélorussie, là où il y avait le domaine et le village de Sukurcze. Maintenant, il n'y a rien, pas même une seule pierre qui formait autrefois notre manoir. Il n'y a pas non plus de trace des majestueux tilleuls, qui protégeaient les bâtiments du vent de l'Est »[2],[20]

Notes et références

  1. (pl) Słownik geograficzny Królestwa Polskiego i innych krajów słowiańskich] (« Dictionnaire géographique du Royaume de Pologne et des autres pays slaves »), tome XI, pages 560 - 561.
  2. a et b niezalezna "Witold Pilecki, dziedzic na Sukurczach koło Lidy" (kultura, historia)
  3. [http://elstan.iq.pl/Joomla/web/historia-lidy/maj%C4%85tek-sukurcze.html Towarzystwo Przyjaciół Ziemi Lidzkiej / Société des amis de Lida]
  4. (pl) Jan Hlebowicz, « Witold Pilecki: konspirator w piekle », sur Musée d'histoire de la Pologne à Varsovie (pl).
  5. (pl) « Skorowidz miejscowości Rzeczypospolitej Polskiej », Główny Urząd Statystyczny (en), (consulté le )
  6. a et b (pl) Rotmistrz Witold Pilecki, Institut de la mémoire nationale, § « 1921 - 1939 ».
  7. Julian Pilecki, Find a grave.
  8. Julian Pilecki, Geni.
  9. Deux tableaux sont accrochés dans l'église de Krupa.
  10. (pl) Zamek Lipowiec w Babicach, sur Polskie Radio : « Od 1928 roku posiadał własną klacz rasy arabskiej noszącą imię Bajka. »
  11. Le volontaire.
  12. (en) Rafał Zgorzelski, Witold Pilecki – a Flawless Hero, Warsaw Institute (en), 24 mai 2021 (consulté le 15 octobre 2024).
  13. Maria Pilecka avec ses enfants trouve refuge chez sa mère à Ostrów Mazowiecka, où ils vont rester pendant les dix prochaines années. Pendant l'occupation, elle dirige avec sa sœur Zofia Radwańska une librairie que les Nazis incendient en 1944 en quittant la ville.
  14. (pl) Piotr Dzięciołowski Stajnia rotmistrza Pileckiego (« L'écurie du maître et capitaine Pilecki »), hejnakon.pl)
  15. (en) Musée de l'histoire de la Pologne, « In front of the manor house in Sukurcze ».
  16. (pl + en + fr) « Pileccy » [PDF], Institut de la mémoire nationale, p. 35.
  17. Patricelli 2011, Introduction.
  18. Nicolas Werth « Les crimes de masse sous Staline (1930-1953) », Sciences Po, 28 décembre 2009 (consulté le 12 octobre 2024), section « Les déportations de masse dans le cadre de la resoviétisation des pays baltes, de l’Ukraine occidentale et de la Moldavie (1947-1949) ».
  19. Polskie Radio 24 pl : « Un cimetière polonais détruit en Biélorussie. Ce sont les tombes des soldats de l'Armée de l'Intérieur » (Surkonty, dans la région de Grodno) fin août 2022 : les autorités biélorusses ont détruit le cimetière militaire polonais.
  20. (pl) O Witoldzie Pileckim. “Przesłanie mojego ojca” Le message de mon père / Bogusław Rąpała s'entretient avec Zofia Pilecka-Optułowicz, fille du capitaine Witold Pilecki ., Radio Maryja, 25 mai 2012 (consulté le 15 décembre 2022)

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Witold Pilecki (1901-1948) [PDF], Pilecki Institute Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marco Patricelli, Le Volontaire : L’homme qui organisa la résistance à l’intérieur d’Auschwitz, J.C. Lattès, , 341 p. (lire en ligne), Introduction (sur Google Livres), traduit de l'italien Il volontario, 2010. Document utilisé pour la rédaction de l’article
    Aller dans l'édition numérique en français de Google Livres, au dernier chapitre « C […] juges seront jugés ».

Liens externes