Strychnos guianensis (J.B. Aublet) Martius est une espèce de plantes à fleurs du genre Strychnos et de la famille des Loganiaceae (famille du vomiquier).
Il s'agit d'une des espèces servant à la fabrication du curare chez des populations amazoniennes.
Aublet avait initialement donnée pour nom à cet arbuste le nom GalibiRouhamon, que Schreber remplaça par Lasiostoma (signifiant « bouche velue » en grec).
Jussieu a réuni le genre Rouhamon au genre Caniram[réf. nécessaire].
Ailleurs, on emploie les noms de Urali, Duru duru, Anzuelo casha[4].
Description
Strychnos guianensis est une liane ligneuse ou un arbuste grimpant (forme plutôt juvénile), à branches cylindriques, velues de poils de couleur rouille. Les rameaux opposés, sont terminés par une vrille simple
Les nœuds foliaires, portent des lignes interpétiolaires avec des bourgeons axillaires dressés ou ascendants, pubescents, parfois peu denses, avec des trichomes longs de 0,5 à 2 mm.
Les feuilles sont simples opposées, coriaces, entières, de forme ovale à oblongue, et légèrement acuminées, longues de 5 cm pour 2-2,5 cm de large.
Le pétiole mesure ± 5 mm.
La face supérieure du limbe est clairsemée à manifestement pubescente sur toute la surface, avec des trichomes dressés-ascendants ou incurvés.
La face inférieure des limbe est densément poilue ferrugineuse-barbée à l'aisselle interne des nervures principales.
La nervure médiane et les deux paires de nervures secondaires sont très saillantes en dessous.
La première paire de nervure secondaire débute à la base de la nervure médiane, s'amenuisant à environ la moitié de la longueur de la feuille.
La seconde paire de nervure secondaire part environ 0,5 cm plus haut, est arquées et s'amenuise près du sommet.
On observe des crochets fins et claviformes, souvent plus ou moins enroulés à leur sommet (longs d'environ 5 cm) à l'aisselle de certaines feuilles.
L'inflorescence est une cyme ou un corymbes court, axillaire, compact, peu fourni, presque sessiles, latérale à l'aisselle de la feuille, avec des rameaux et bractées fortement hirsutes.
Le calice porte des lobes aigus, de forme ovale-oblongue, glabrescents, mais frangés au bord par de petits poils longs d'environ 1,5 mm.
La corolle en entonnoir quadrifide, est de couleur blanche, avec un tube long d'environ 1,5-5 mm, et des lobes d'environ 5-6 mm, glabrescent à l'extérieur, papilleux au sommet à l'intérieur, et à poils laineux dans la gorge.
Les étamines sont exsertes, longues de ± 3 mm.
Le style est exsert, tronqué, et long d'environ 7 mm.
Le fruit est une baie jaune à orange, d'environ 1,5 cm de diamètre, et contenant deux graines[5],[3].
Strychnos guianensis pousse au Venezuela dans les forêts riveraines, les forêts sempervirentes de basse altitude, et dans la lisière des marécages à palmiers bâche, autour de 50–1 000 m d'altitude[5]. Il croît aux bords des cours d'eau en Guyane.
Strychnos guianensis est largement utilisé pour la fabrication de curare comme poison de chasse[5], notamment en Guyane chez les Tiriyó, et les Wayãpi. D'autres populations amérindiennes de l'Est du plateau des Guyanes (Wayana, Apalai, Émerillon, voire le Kali'na) l'utilisaient mais ne savaient pas le fabriquer[2].
Cet arbrisseau pouſſe de ſa racine un tronc de ſept a huit pieds de hauteur ſur ſix à ſept pouces de diamètre. Son écorce eſt griſâtre, inégale & raboteuſe. Son bois eſt blanchâtre : à meſure qu'il ſe prolonge, il jette des branches, & des rameaux oppoſés, couverts d'un duvet rouſſâtre, de même que le pédicule des feuilles. Ces branches s'étendent & ſe répandent ſur les arbres voiſins. Les rameaux ſont noueux, & portent a chaque nœud deux feuilles oppoſées: elles ſont entières, liſſes, ovales, terminées en pointe, marquées en deſſous de trois nervures ſaillantes. Leur couleur eſt d'un verd pale. Leur pédicule eſt très court. Les plus grandes ont deux pouces de longueur, ſur un pouce quatre lignes de largeur.
Les fleurs naiſſent par petits bouquets à l'aiſſelle des feuilles : elles ſont portées ſur un petit pédoncule qui a deux écailles à. ſa naiſſance. Les fleurs ſont deux à deux, oppoſées, & preſque ſeſſiles : elles ſortent chacune de l'aiſſelle d'une petite écaille.
Le calice eſt d'une ſeule pièce, diviſé profondément en quatre parties aiguës: il eſt garni à ſa baſe, de deux écailles.
La corolle eſt monopétale. C'eſt un tube blanc, qui ſe partage a ſon ſommet en quatre lobes aigus, couverts de poils blancs: il eſt attaché au deſſous de l'ovaire.
Les étamines ſont quatre, placées ſur la paroi interne, au deſſous des diviſions de la corolle. Leur filet eſt grêle, garni à ſa baſe de poils blancs. L'anthère eſt oblongue, jaune & a deux bourſes.
Le piſtil eſt un ovaire ovoïde, ſurmonté d'un style termine par un stigmate verd & obtus.
L'ovaire devient une capsule jaune, caſſante; elle n'a qu'une loge qui renferme deux graines arrondies, convexes d'un côte, & applaties de l'autre.
De l'aiſſelle des feuilles, il part de diſtance en diſtance une vrille ſimple, longue de deux pouces & demi, recourbe en forme de croſſe a ſon ſommet, ou elle devient plus épaiſſe. C'eſt par le moyen de ces vrilles que les branches & les rameaux ſe ſoutiennent ſur les arbres voiſins.
Cet arbriſſeau eſt nommé ROUHAHAMON par les Galibis.
II eſt en fleur & en fruit dans le mois d'Octobre & de Novembre.
II croît ſur les bords de la rivière de Sinémari, à quarante lieues & ſon embouchure.
On a groſſi les parties de la fleur. Le fruit eſt de groſſeur naturelle.
On trouvé une variété de cet arbriſſeau qui diffère par ſes branches, & ſes rameaux qui ſont liſſes ; par ſes feuilles vertes, & plus grand est par ſes fleurs, & ſes fruits plus petits. Elle n'a point de crochet. Les branches ſont droites, & forment un buiſſon. Cette variété croît dans le même lieu & porte le même nom. »
↑ a et bPierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 629-630
↑ ab et c(en) Dr. A. PULLE, FLORA OF SURINAM (DUTCH GUYANA) : APOCYNACEAE - CONVOLVULACEAE - LOGANIACEAE - PEDALIACEAE, vol. IV, KON. VER. KOLONIAAL INSTITUUT TE AMSTERDAM. MEDEDEELINO No. XXX. - APD. HANDELSMUSEUM No. 11. - J.H. DE BUSSY, Ltd., Amsterdam, , 1-112 p., p. 109-110
↑ abc et d(en) Alan E. Brant & Paul E. Berry, Julian A. Steyermark (Eds.), Paul E. Berry (Eds.), Kay Yatskievych (Eds.) et Bruce K. Holst, Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 6, Liliaceae–Myrsinaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 803 p. (ISBN9780915279814), p. 29-32
↑(en) J. Quetin-Leclercq, G. Llabres, R. Warin, M.-I. Belem-Pinheiro, H. Mavar-Manga et L. Angenot, « Guianensine, a zwitterionic alkaloid from Strychnos guianensis », Phytochemistry, vol. 40, no 5, , p. 1557-1560 (DOI10.1016/0031-9422(95)00502-X)
↑(en) Jacques Penelle, Jacqueline Scuvée-Moreau, Monique Tits, A. Dresse et L. Angenot, « A pharmacological comparison of Strychnos guianensis and curare compounds on the neuromuscular transmission », Université de Liège, (lire en ligne)
↑J. Penelle, M. Tits, Ph. Christen, V. Brandt, M. Frédérich et L. Angenot, « GUIAFLAVINE, UN NOUVEL ALCALOÏDE QUATERNAIRE BISINDOLIQUE ISOLEA PARTIR DE L'ECORCE DE TIGE DU STRYCHNOS GUIANENSIS », Université de Liège, (lire en ligne)
↑(en) Jacques Penelle, M. Tits, Ph. Christen, V. Brandt, M. Frédérich et L. Angenot (Université de Liège), « Guiaflavine, a New Bisindole Quaternary Alkaloid from the Stem Bark of Strychnos guianensis », Nat. Prod., Liège, vol. 62, no 6, , p. 898–900 (DOI10.1021/np9804738, lire en ligne)
↑Jacques Penelle, Monique Tits, Philippe Christen, Jordi Molgo, Viviane Brandt, Michel Frédérich et Luc Angenot (Université de Liège), « Quaternary indole alkaloids from the stem bark of Strychnos guianensis », Phytochemistry, vol. 53, no 8, , p. 1057-1066 (ISSN0031-9422, DOI10.1016/S0031-9422(00)00033-9)
↑(en) J. Penelle, M. Tits, P. Christen, J. Molgo, V. Brandi, M. Frédérich et L. Angenof, « Contribution to the study of Strychnos guianensis : purification and structural elucidation of potentially curarizing quaternary alkaloids », Université de Liège, (lire en ligne)
↑J. Penelle, M. Tits, P. Christen, J. Molgo, V. Brand, M. Frederick et L. Angenot, « Contribution à l'étude du Strychnos guianensis : purification et détermination structurale d'alcaloïdes quaternaires potentiellement curarisants », Université de Liège, (lire en ligne)
↑(en) Jacques Penelle, Philippe Christenb, Jordi Molgóc, Monique Titsa, Viviane Brandta, Michel Frédéricha, Luc Angenota et Université de Liège, Institut de Pharmacie, « 5′,6′-Dehydroguiachrysine and 5′,6′-dehydroguiaflavine, two curarizing quaternary indole alkaloids from the stem bark of Strychnos guianensis », Phytochemistry, vol. 58, no 4, , p. 619-626 (DOI10.1016/S0031-9422(01)00255-2)
↑(en) Pierre Wins, Ilca Margineanu et Jacques Penelle, « Bisindole alkaloids from Strychnos guianensis are effective antagonists of nicotinic acetylcholine receptors in cultured human TE671 cells », Naunyn-Schmiedeberg's Archives of Pharmacology, vol. 367, no 3, , p. 253-259 (DOI10.1007/s00210-003-0692-9, lire en ligne)
↑(pt) Maria Lúcia B. Pinheiro, Arnaldo F. Imbiriba da Rocha, Marco A. do N. Fernandes, Francisco José Queiroz Monte, José Daniel Figueroa Villar et Elizabete Rangel Cruz, « Lignanas de Strychnos guianensis (Aublet) Mart. », Quím. Nova, São Paulo, vol. 27, no 2, (DOI10.1590/S0100-40422004000200003, lire en ligne)
↑ a et bJean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 867 p. (lire en ligne), p. 93-95