Spipoll[1], acronyme pour Suivi photographique des insectes pollinisateurs, est un dispositif de sciences participatives créé en 2010 par le Muséum national d'histoire naturelle et l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE). Il fait partie du programme Vigie-Nature co-porté par le Muséum et l'Office français de la biodiversité. Il vise à accumuler des photographies d’interactions plantes/insectes de façon standardisée[2]. L’objectif scientifique du Spipoll est de collecter des données permettant d’étudier les relations entre les plantes et les insectes pollinisateurs à grande échelle (du territoire au national) et dans leur ensemble (pas de présélection ni du groupe d’insectes pollinisateurs suivi ni du groupe de plantes à fleurs concerné)[3]. La contribution à ce programme est accessible à tous, indépendamment des savoirs naturalistes. A contrario, la participation tend à accroitre ces savoirs[4] et à s'approprier les principes de la démarche scientifique[5].
Protocole
Le participant photographie pendant 20 minutes tous les insectes qui viennent butiner la plante en fleur de son choix. Cette collection est complétée par une photographie en gros plan de la fleur et une photographie de la plante dans son contexte permettant de visualiser l’environnement proche. Les photographies sont ensuite recadrées en gros plan sur les insectes et postées sur le site internet du programme. Le participant détermine les espèces ou groupes d’espèces grâce à une série de questions qui permettent de restreindre progressivement les espèces possibles (clé de détermination interactive). Ces identifications sont ensuite validées par la communauté des participants.
Résultats scientifiques
Les résultats obtenus depuis le lancement du programme permettent de quantifier les préférences en termes d’habitats des divers insectes floricoles, montrant par exemple que si la plupart des diptères, coléoptères et lépidoptères évitent les milieux urbanisés, une partie non négligeable des hyménoptères s’accommodent de cet habitat, et que les espèces les moins fréquentes préfèrent les milieux naturels[6],[7]. D'autres résultats ont permis de documenter la recomposition des communautés en réponse à l'urbanisation[8], ou aux changements climatique comme par exemple la remontée vers le Nord de Megachile sculpturalis[9].
↑« Devenir un paparazzi des insectes pollinisateurs avec le SPIPOLL - Magazine GoodPlanet Info », Magazine GoodPlanet Info, (lire en ligne, consulté le )
↑« Spipoll, le Facebook des insectes pollinisateurs », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Clément Imbert, « Des entomologues citoyens épinglent les insectes sur le Web », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le )
↑Nicolas Deguines, Mathieu de Flores, Grégoire Loïs et Romain Julliard, « Fostering close encounters of the entomological kind », Frontiers in Ecology and the Environment, vol. 16, no 4, , p. 202–203 (ISSN1540-9295 et 1540-9309, DOI10.1002/fee.1795, lire en ligne, consulté le )
↑Baptiste Bedessem, Ana-Cristina Torres, Colin Fontaine et Nicolas Deguines, « Science learning in biodiversity citizen science: Inputs from the analysis of online social interactions within a contributory project for pollinators' monitoring », Biological Conservation, vol. 276, , p. 109807 (ISSN0006-3207, DOI10.1016/j.biocon.2022.109807, lire en ligne, consulté le )
↑Nicolas Deguines, Romain Julliard, Mathieu de Flores et Colin Fontaine, « The Whereabouts of Flower Visitors: Contrasting Land-Use Preferences Revealed by a Country-Wide Survey Based on Citizen Science », PLOS ONE, vol. 7, no 9, , e45822 (ISSN1932-6203, PMID23029262, PMCIDPMC3446938, DOI10.1371/journal.pone.0045822, lire en ligne, consulté le )
↑James Desaegher, François Chiron et Carmen Bessa-Gomes, « Nationwide study of the triple landscape gradient across natural, agricultural and urban areas for the richness of flower-visiting insects », Biological Conservation, vol. 288, , p. 110355 (ISSN0006-3207, DOI10.1016/j.biocon.2023.110355, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Nicolas Deguines, Romain Julliard, Mathieu de Flores et Colin Fontaine, « Functional homogenization of flower visitor communities with urbanization », Ecology and Evolution, vol. 6, no 7, , p. 1967–1976 (ISSN2045-7758, PMID27066219, PMCIDPMC4767875, DOI10.1002/ece3.2009, lire en ligne, consulté le )
↑Violette Le Féon, David Genoud et Benoît Geslin, « Actualisation des connaissances sur l’abeille Megachile sculpturalis SMITH, 1853 en France et en Europe (Hymenoptera : Megachilidae) », Osmia, vol. 9, , p. 25–36 (ISSN2727-3806, DOI10.47446/osmia9.4, lire en ligne, consulté le )