Le spinelle est une espèce minérale de la famille des oxydes de formule MgAl2O4 (oxyde de magnésium et d'aluminium).
C'est une pierre fine utilisée en joaillerie. Celui de couleur rouge a longtemps été confondu avec le rubis, ce qui lui vaut une grande quantité de synonymes. Ses principaux pays producteurs sont le Sri Lanka, la Birmanie et le Tadjikistan.
Historique de la description et appellations
Inventeur et étymologie
La première description a été réalisée en 1546 par Georg Bauer, dit Georgius Agricola. Le nom dérive du latin spina, « épine », en allusion à ses cristaux pointus à arêtes très nettes.
Topotype
Il n'existe pas de topotype reconnu pour cette espèce.
Candite (de Bournon 1823) : spinelle en masse noire. Gemme trouvée dans le district de Candi (Ceylan) à la fin du XVIIIe siècle par monsieur Leschenaust[4].
Rubace ou rubacelle : terme désuet pour « petit rubis[5] ».
Rubicelle : terme désuet qui peut, également, désigner une topaze rose-orangé[6].
Rubis balais : terme désuet provenant d'une déformation du nom de Badakhchan, province du nord-est de l'Afghanistan d'où proviennent ces faux rubis, mot altéré en Balakhsh puis Balas[7].
Spinelite.
Caractéristiques physico-chimiques
Variétés
Alkali-spinel (Eckermann, H. von 1922) : variété de spinelle contenant Na2O 1,38 % et K2O 1,31 %. Trouvée à Mansjöberg, Los, Ljusdal, Hälsingland, Suède[8].
Ceylanite (Delamétherie)[9] : le nom évoque l’île de Ceylan. Variété ferrifère de spinelle pour un ratio Mg:Fe de 3:1 a 1:1.
Variantes orthographiques : Zeilanite, Zeylanite.
Chlorospinelle (M.G. Rose 1840) : variété ferrifère de spinelle avec Fe3+ en remplacement de l’aluminium[10].
Chromospinelle : variété riche en chrome de formule Mg(Al,Cr3+)2O4[11]
Corundolite : variété artificielle riche en alumine de formule MgO·2Al2O3[12]. Ce mot peut également désigner une roche[13].
Gahnospinelle (Anderson & Payne 1937) : variété riche en zinc de formule (Mg,Zn)Al2O4, décrite initialement a Gem gravels, Ratnapura, Province de Sabaragamuwa, Sri Lanka, qui a inspiré le nom[15].
Magnochromite (Websky 1873) : variété chromifère de spinelle[16].
Pléonaste (Haüy 1801) : c'est-à-dire « qui surabonde[17] ». Terme intermédiaire de la série hercynite-spinelle.
Couleur
La couleur des cristaux de spinelle est due à la présence d'au moins deux éléments de transition parmi V3+, Cr3+, Fe2+, Fe3+, Mn2+ et Mn3+, répartis de façon variée entre les sites tétraédriques et octaédriques de la structure spinelle[18].
Les cristaux orange, rouges et magenta sont pauvres en fer et doivent leur couleur, principalement, à V3+ et Cr3+ dans les sites M (avec une prédominance de V3+ pour l'orange et de Cr3+ pour le rouge).
Les cristaux roses, bleus et verts sont riches en fer, et leur couleur varie dans l'ordre rose-bleu-vert sous l'effet de l'augmentation de la concentration en fer total (principalement) et en Fe3+ (secondairement).
Les cristaux jaunes, rares dans la nature, contiennent du manganèse et pas ou très peu de Fe2+.
Les spinelles désignent aussi un groupe de minéraux de formule générale (X2+)(Y3+)2(O2−)4, où X2+ est un cationdivalent et Y3+ un cation trivalent. Parmi les membres de ce groupe, on peut noter la magnétite.
Le spinelle synthétique peut être incolore ou coloré, il porte alors différents noms. Certains sont interdits par le C.I.B.J.O (World jewellery confederation)[20], d'autres font l'objet d'une protection pour terme déposé.
Rozircon : marque déposée pour un spinelle synthétique rose.
Saphir blanc : terme interdit.
Strongite : marque déposée pour un spinelle synthétique.
Exploitation des gisements
Utilisations
Le spinelle fait de qualité gemme est une pierre fine très utilisée.
↑Chilton's jewelers' circular/keystone 1970 jewelers' directory issue p. 274
↑Doklady: Earth science sections, Volumes 244 à 246 1979 p. 46
↑Alfred Lacroix Minéralogie de la France et de ses colonies p. 309
↑Anderson and Payne (1937), Mineralogical Magazine: 24: 547.
↑Websky (1873), Zeitschrift deutsche geol. Ges.: 25: 394.
↑René Just Haüy - Traité de minéralogie, Volume 3 1801 p. 17
↑(en) Giovanni B. Andreozzi, Veronica D’Ippolito, Henrik Skogby, Ulf Hålenius et Ferdinando Bosi, « Color mechanisms in spinel: a multi-analytical investigation of natural crystals with a wide range of coloration », Physics and Chemistry of Minerals, vol. 46, no 4, , p. 343-360 (DOI10.1007/s00269-018-1007-5).
↑Garnier, V., Giuliani, G., Ohnenstetter, D., Fallick, A.E., Dubessy, J., Banks, D., Vinh, H.Q., Lhomme, T., Maluski, H., Pêcher, A., Bakhsh, K.A., Long, P.V., Trinh, P.T., and Schwarz, D. (2008): Ore Geology Reviews 34, 169-191.
↑Pavel M. Kartashov analytical data, Sieghard Ellenberger specimens
↑J.L. Bodinier et al., Bull. Minéral., 1987, 110, p. 345-358 / A.B. Woodland, Chemical Geology, 10 December 1996, vol. 134, no. 1, p. 83-112(30) / J.P. Lorand, 1989, Lithos, 23, 281-299
↑Garnier, V., Giuliani, G., Ohnenstetter, D., Fallick, A.E., Dubessy, J., Banks, D., Vinh, H.Q., Lhomme, T., Maluski, H., Pêcher, A., Bakhsh, K.A., Long, P.V., Trinh, P.T., and Schwarz, D. (2008): Marble-hosted ruby deposits from Central and Southeast Asia: Towards a new genetic model. Ore Geology Reviews 34, 169-191.