Les sphères d'homologie rationnelle sont définies de façon analogue, avec l'homologie à coefficients rationnels. Toute sphère d'homologie entière est une sphère d'homologie rationnelle mais l'inverse n'est pas vrai.
La seule 3-sphère d'homologie qui soit simplement connexe est la 3-sphère usuelle S3 (voir Conjecture de Poincaré). Mis à part la sphère d'homologie de Poincaré (cf. ci-dessous), toutes les autres ont un groupe fondamental infini[1].
L'existence de 3-sphères d'homologie non simplement connexes montre que la conjecture de Poincaré ne peut pas se formuler en termes purement homologiques.
Une seconde est de quotienterSO(3) (qui est homéomorphe à ) par le groupe icosaédrique . Intuitivement, cela signifie que la sphère d'homologie de Poincaré est l'espace de toutes les positions visuellement distinctes que peut prendre un icosaèdre régulier de centre fixe, dans l'espace euclidien de dimension 3.
Une troisième, analogue à celle qui précède, est de quotienter SU(2) (qui est homéomorphe à , le revêtement universel de ) par le groupe binaire icosaédrique décrit plus haut.
Une sixième est la sphère de Brieskorn (voir plus bas).
Une septième est par fibré de Seifert (voir plus bas).
Constructions et exemples
Tout comme celle de Poincaré, les sphères d'homologie peuvent être construites de diverses manières.
Toute chirurgie de S3 le long d'un nœud avec framing ±1 donne une 3-sphère d'homologie.
Plus généralement, une chirurgie le long d'un entrelacs aussi, pourvu que la matrice constituée des nombres d'intersection (hors de la diagonale) et des framings (sur la diagonale) ait pour déterminant ±1.
Si p, q et r sont des entiers positifs deux à deux premiers entre eux alors l'entrelacs de la singularité xp + yq + zr = 0 (c'est-à-dire l'intersection de cette 2-variété complexe avec une petite 5-sphère centrée en 0) est la 3-sphère d'homologie Σ(p, q, r) de Brieskorn. Elle est homéomorphe à la 3-sphère standard S3 si p, q ou r vaut 1. La sphère d'homologie de Poincaré est Σ(2, 3, 5).
La somme connexe de deux 3-sphères d'homologie orientées est une 3-sphère d'homologie. Inversement, dans la décomposition de Milnor (essentiellement unique) d'une 3-sphère d'homologie en somme connexe de 3-variétés indécomposables, les composantes sont des sphères d'homologie.
Si a1, … , ar sont des entiers supérieurs ou égaux à 2 et premiers entre eux deux à deux, alors la variété de Seifert fibrée sur S2 correspondant à la liste (b,(o1,0);(a1,b1), … ,(ar,br)) est une sphère d'homologie si b et les bk sont choisis de telle sorte que b+b1/a1+…+br/ar=1/(a1…ar). (Un tel choix de b et des bk est toujours possible, et tous les choix donnent la même sphère d'homologie.) Si r ≤ 2, c'est simplement la 3-sphère usuelle. Si r > 2, ce sont des 3-sphères d'homologie non triviales et distinctes. Le cas où r = 3 et où {a1, a2, a3} = {2, 3, 5} donne la sphère de Poincaré. Dans tous les autres cas, la 3-sphère d'homologie obtenue est un espace d'Eilenberg-MacLane (i.e. un espace asphérique) et sa géométrie de Thurston est modelée sur le revêtement universel de SL2(R).
Invariant de Rokhlin(en) – Toute 3-sphère d'homologie possède une unique structure spin, et toute 3-variété spin M borde une 4-variété spin, dont la signature(en) est divisible par 8 et dont la valeur modulo 16 ne dépend que de M. Ceci permet d'associer à toute 3-sphère d'homologie un invariant élément de Z/2Z..
Invariant de Casson(en) – À toute 3-sphère d'homologie orientée est associé un entier , additif par rapport à la somme connexe, et changeant de signe quand on renverse l'orientation. Sa réduction modulo 2 est l'invariant de Rokhlin. L'invariant de Casson de la 3-sphère standard est 0 ; celui de la sphère d'homologie de Poincaré est ±1.
Invariant de Taubes - C'est une reformulation analytique de l'invariant de Casson. Clifford Taubes a montré[3] que .
Homologie de Floer d'instantons - L'homologie de Floer d'instantons est une homologie de type Morse en dimension infinie basée sur la théorie de Chern-Simons. La caractéristique d'Euler de l'homologie de Floer d'instantons est égal à l'invariant de Taubes (et donc au double de l'invariant de Casson).
La question de savoir si toute variété fermée de dimension supérieure ou égale à 5 est homéomorphe à un complexe simplicial est toujours ouverte. Galewski et Stern ont démontré qu'elle était équivalente au problème de l'existence d'une 3-sphère d'homologie , d'invariant de Rokhlin non nul, telle que la somme connexe borde une 4-variété acyclique(en).
↑D'autres manières sont décrites dans (en) Robion Kirby et Martin Scharlemann, « Eight faces of the Poincaré homology 3-sphere », dans Geometric topology (Proc. Georgia Topology Conf., Athens, Ga., 1977), Academic Press, , p. 113-146.
(en) David Galewski et Ronald Stern, « Classification of simplicial triangulations of topological manifolds », Ann. of Math., vol. 111, no 1, , p. 1–34 (lire en ligne)
(en) Nikolai Saveliev, « Invariants of Homology 3-Spheres », dans Encyclopaedia of Mathematical Sciences, vol. 140 : Low-Dimensional Topology, I, Springer, (ISBN3-540-43796-7)