Le sous-réalisme (Under Realism) est un mouvement artistique du XXIe siècle, comprenant des procédés de création et d’expression essentiellement figuratifs, à commencer par la peinture et le dessin. Il se caractérise par une volonté d’impact visuel, et vise à provoquer de puissantes émotions.
Les artistes s’opposent expressément à la « conceptualisation » de la peinture contemporaine et à l’art institutionnel. Pour les sous-réalistes, l’image doit primer l’idée, et non l’inverse.
En 2012, les initiateurs du mouvement le définissent dans un manifeste[1].
Histoire
En 2010, Kosta Kulundzic, Stéphane Pencréac'h et Vuk Vidor se rencontrent à la galerie Magda Danysz, à Paris, lors d’une séance de speed-painting (exercice durant lequel les artistes bénéficient de 90 minutes pour peindre un tableau[2]). Ensemble, ils décident d’organiser une série d’expositions à travers le monde, regroupant plusieurs artistes mus par une même vision de l’art. Deux expositions ont lieu en 2012, la première année, à Paris[3] et à Belgrade, en Serbie[4]. Ils s’opposent à la mode des installations et au design alors en vogue[5].
Plusieurs expositions collectives sont alors organisées à partir de 2012, principalement en Serbie (2012), en France (2012, 2013, 2015, 2018), en Croatie (2013), en Chine (2014), en Suisse (2014) et en Allemagne (2016). Un reportage de la chaîne de télévision Arte insiste sur le caractère transnational du mouvement :
« Et si la peinture reprenait du poil du pinceau ? Pour les artistes de l’under realism, c’est certain, le figuratif n’a pas dit son dernier mot. Ils sont Suisses, Bulgares, Iraniens ou Français et font entrer la peinture dans une nouvelle dimension[7]. »
Les artistes, qui ont mûri avec la musique rock[4], sont mus par une volonté d’effectuer de la peinture anti-décorative[7], et promeuvent l’idée que l’art doit faire face au monde[8].
L’expression « sous-réalisme » se veut comme un pied de nez au mouvement surréaliste, théorisé par André Breton dans son Manifeste du surréalisme en 1924. Les surréalistes valorisent la création individuelle, tandis que les sous-réalistes entendent vivre leur condition artistique, ils expriment le collectif. Aussi lorsque Florence Obrecht et Axel Pahlavi, qui se revendiquent « sous-réalistes », organisent une exposition collective, ils ne cherchent pas à montrer leurs identités respectives, mais plutôt le produit de leur collaboration[6].
D’autres artistes revendiquent la paternité de l’expression « sous-réalisme », dans le cadre d’une opposition binaire vis-à-vis du surréalisme. C’est le cas de l’artiste Juan Miguel Llaona[10], ainsi que des écrivains comme David Foenkinos[11], François Beaune[12],[13],[14] ou Nando Michaud[15].
L’expression peut être employée avec une connotation péjorative, par exemple lorsque le peintre Alain Clément l’utilise pour critiquer les canons de la peinture américaine[16]. De même, Roger Chabaud estime que la télévision rend le cinéma victime d’un « sous-réalisme sordide »[17].
Le peintre McLeod estime, quant à lui :
« On vit dans une réalité qui n’est pas à la hauteur des fantasmes véhiculés par la télévision. C’est comme une réalité par procuration. Le réalisme qu’on vit est un sous-réalisme[18] ! »
Liste d’artistes sous-réalistes
Liste des artistes ayant participé au mouvement sous-réaliste
↑(sr) Sanja Vuletić, « Umetnost je suočavanje sa svetom », Harper’s Bazar Art Serbia, .
↑Immortelle. La vitalité de la jeune peinture figurative française (catalogue de l'exposition), textes de Numa Hambursin et Amélie Adamo, Milan, SilvanaEditoriale (ISBN9-788836654062).
↑Margot Flament, « La peinture, son terrain de jeu », L’Est républicain, no 21293, , BES3.
↑Frédéric Beigbeder, « Foenkinos, écrivain normal », Le Figaro, no 21293, , p. 95.
↑François Beaune, « Mes salons délivrent », Libération, , p. 30.
↑« La cocotte, sixième opus en papier », Le Progrès, .
↑Michel Abescat, « Le diablotin se cache dans les détails - François Beaune. Un homme louche », Télérama, no 3124, , p. 67.
↑Stanley Péan, « Soûl-réalisme flamboyant », La Presse, , B2.
↑Alain Clément, « Trois siècles de peinture américaine », Le Monde, .
↑Roger Chabaud, « La crise du cinéma », Le Monde, , p. 30.
↑Marie-Josée Montminy, « Un monde caricatural au puissant message social : le sous-réalisme de McLeod », Le Nouvelliste (Trois-Rivières), , p. 2.
Frédéric Léglise et Judicaël Lavrador, Who’s afraid of picture(s)? Le peintre et l’image, une liaison scandaleuse, Lyon, Fage éditions, , 59 p. (OCLC950234166).
(se) Nikola Dedić, Marijana Kolarić et Laurel McLaughlin, SEE Art Gates. Stanja Stvarnosti, Pančevo, Kulturni Centar Pančeva, (ISBN9788687103634).
Numa Hambursin et Amélie Adamo, Immortelle. La vitalité de la jeune peinture figurative française, Milan, SilvanaEditoriale, (ISBN9-788836654062).
Catalogue de l'exposition.
Artistes
Richard Leydier, Isabelle Sobelman et Clémentine Vermont, Stéphane Pencréac'h : peinture etc., Paris, Editions de la Différence, , 95 p. (ISBN9782729114008).
Frédéric Bouglé et Deborah Zafman, Pencréac'h : le jugement dernier, Thiers, Centre d’art contemporain du Creux de l’enfer, , 179 p. (ISBN9782914307093).
Kosta Kulundzic, Ma religion, Montreuil, Burozoïque, (ISBN9782917130001).
Nicolas Ledoux et Richard Leydier, Gaël Davrinche. Défigure(s), Paris, Art Book Magazine, , 230 p. (ISBN9782821600560)
Géraldine Bloch, Claude Mollard et Richard Leydier, Stéphane Pencréac'h : œuvres monumentales, Paris, Institut du monde arabe, , 102 p. (ISBN9782960169409).