Sofia Poliakova (russe : София Викторовна Полякова, 1914-1994) est une philologue classique, spécialiste de l'Empire byzantin et des auteurs de l'Antiquité grecque et byzantine. Elle est la première à publier un recueil des poèmes de la russe Sophia Parnok et la première chercheuse à élucider le lien entre Parnok et Marina Tsvetaïeva. Son travail sur Parnok relança l'intérêt des chercheurs pour la poétesse.
Enfance et éducation
Sofia Viktorovna Polyakova[Notes 1] est née à Pétrograd en 1914[3]. Excepté une brève période au cours de la Seconde Guerre mondiale où elle vit à Moscou, Poliakova passe toute sa vie à Pétrograd[4]. En 1938, elle sort diplômée de l'Université de Pétrograd en philologie classique. Dès qu'elle l'obtient, Poliakova commence à travailler dans le département de philologie comme un assistante d'enseignement. Entre 1941 et 1944, elle travaille au Bureau d'Information Soviétique à Moscou, mais à la fin de la guerre, elle repart à Leningrad et reprend son poste à l'université. En 1945, elle termine sa thèse, La sémantique de l'imagerie de l'ancienne épopée historique (Ve siècle av. J.-C. - Ier siècle) et est promue professeure adjointe[3].
Poliakova enseigne la littérature grecque ancienne et byzantine et est connue comme une experte sur la traduction de textes byzantins ainsi que des poètes russes de l'Âge d'Argent[3],[5],[6]. Elle est connue comme une professeure exigeante et permet à ses élèves de l'appeler à la maison pour les aider avec leurs études. Poliakova partage un appartement avec Irina Vladimirovna Felenkovskaya (russe : Ирины Владимировны Феленковской) et leurs chiens[5],[7]. Elle enseigne à l'Université de Leningrad jusqu'en 1972[3], année où elle prend sa retraite. Si elle aime enseigner, elle préfère faire de la traduction et étudier des figures littéraires[5]. Une grande partie de son travail n'est pas publié en Russie au cours de sa vie, elle n'était donc pas inquiète concernant la rectitude politique[8], ni par le fait que certains puisse voir son travail comme eurocentrés. En fait, elle fait valoir que le cosmopolitisme développe un sens aigu du patriotisme[5].
En 1979, Poliakova publie София Парнок: Собрание стихотворения (Sophia Parnok : Œuvres complètes), le premier recueil complet de la poétesse russe, chez Ardis Press à Ann Arbor, dans le Michigan. Le livre n'est pas publié en URSS[9],[10] et la première édition russe n'est publiée qu'en 1998, après le décès de Poliakova[11]. Puis, en 1983, elle publie Незакатные оны дни: Цветаева и Парнок (Ces jours qui ne flétrissent pas : Tsvetaïeva et Parnok) également chez Ardis Press, qui est le premier travail d'une chercheuse identifiant Parnok comme la femme dans le cycle Girlfriend de Marina Tsvetaïeva.[12],[13]. Plus tard, les chercheurs s'intéressant aux deux poétesses, dont Diana Burgin et Simon Karlinski, s'inspireront largement du travail de Poliakova dans leurs biographies[14] et son érudition relance l'intérêt des milieux universitaires pour Parnok aux États-Unis et plus tard en Russie[12],[15].
(ru) Иоанн et al. Камениата, С. В. (traducteur) Полякова et И. В. (traducteur) Феленковска, Две византийские хроники X века : Псамафийская хроника [« Deux chroniques byzantines du Xe siècle »], Moscou, Издательство восточной литературы, (OCLC496639327)
(ru) С. В. Полякова, Византийская любовная проза [« Prose amoureuse byzantine »], Moscou, Наука, (OCLC829705599)
(ru) С.В. Полякова et Дмитрий Сергеевич Лихачев, Византийские легенды [« Légendes byzantines »], Léningrad, Akademija Nauk, (OCLC71567546)
(ru) София Парнок, София Парнок : собрание стихотворений Подробнее [« Sophia Parnok : Sélection d'oeuvres »], Ann Arbor, Michigan, Ardis Press,
(ru) Софья Викторовна Полякова et Карен Никитич Юзбашян, Из истории византийского романа опыт интерпретации "Повести об Исмине и Исмини" Евмафия Макремволита [« De l'histoire de la littérature byzantine, l'expérience d'interprétation de "The Tale of Ismina and Ismini" par Eumafia Makremvolita »], Moscou, Наука, (OCLC491119242)
(ru) Sofiâ Viktorovna Polâkova, Средневековые латинские новеллы XIII в [« Nouvelles latines médiévale du XIIIe siècle »], Leningrad, Nauka, (OCLC891228209)
(ru) С.В. Полякова, Незакатные оны дни : Цветаева и Парнок [« Ces jours qui ne flétrissent pas : Tsvetaïeva et Parnok »], Ann Arbor, Michigan, Ardis Press, (OCLC560988563)
(ru) С.В. Полякова et И. В. Феленковская, Византийский сатирический диалог [« Dialogue satirique byzantin »], Leningrad, Akademija Nauk, (OCLC16260029)
(ru) С. В. Полякова et Карен Никитич Юзбашян, "Метаморфозы", или, "Золотой осел" Апулея [« "Metamorphosis", ou "The Golden Onager" d'Apuleius »], Moscou, Изд-во "Наука," Глав. ред. восточной лит-ры, (lire en ligne)
(ru) Софья Викторовна Полякова, Осип Мандельштам : наблюдения, интерпретации, неопубликованное и забытое [« Ossip Mandelstam: observations, interprétations, non-publié et oublié »], Ann Arbor, Michigan, Ardis Press, (OCLC236171973)
(ru) Софья Викторовна Полякова, Жития византийских святых [« Vie des Saints byzantins »], Saint Pétersbourg, Корвус, (ISBN978-5-7921-0051-0)
À titre posthume
(ru) София Парнок, София Парнок : собрание стихотворений [« Sophia Parnok : Oeuvres complètes »], Saint Petersburg, Russia, Revised and updated, , 538 p. (ISBN978-5-87135-045-4)
(ru) С. В. Полякова, "Олейников об Олейникове" и другие работы по русской литературе [« "Oleynikov on Oleynikov" et autres travaux sur la littérature russe »], Saint Petersburg, Russia, Инапресс, , 381 p. (ISBN978-5-87135-034-8)
Bibliographie
(en) Burgin, Diana Lewis, The Cutting Edge : Lesbian Life and Literature. New York, New York, New York University Press, , 355 p. (ISBN978-0-8147-1190-3, lire en ligne), « Sophia Parnok: The Life and Work of Russia's Sappho »
(en) Feiler, Lily, Marina Tsvetaeva : The Double Beat of Heaven and Hell, Durham, Caroline du Nord, Duke University Press, , 299 p. (ISBN978-0-8223-1482-0, lire en ligne)
(en) Корзинин (Korzinin), А. Л. (A. L.), "Полякова Софья Викторовна" [Polyakova, Sofia Viktorovna], Saint-Pétersbourg, Saint Petersburg State University, (lire en ligne)
(en) Любарский (Lyubarskiy), Я. Н. (J. N.), "Софья Викторовна Полякова: (Некролог)" [Sofia Viktorovna Polyakova: (Obituary)], , pp. 373–374 (ISSN0132-3776, lire en ligne)
(en) McCorkle, Karina, Those Strange Moscow Ladies : Queer Identity in the Poetry of Tsvetaeva and Parnok, Chapel Hill, North Carolina, University of North Carolina at Chapel Hill, (lire en ligne)
(ru) Мейлах (Meilakh), Михаил (Mikhail), « Филологические воспоминания 1. о Софии Викторовне Поляковой », Балакин, А. Ю. Лесная школа: труды VI Международной летней школы на Карельском перешейке по русской литературе (Forest School: Proceedings of the VI International Summer School on Russian Literature on the Karelian Isthmus) [Philological memoirs: 1. Sofia V. Polyakova], (ISBN978-5-793-70527-1, lire en ligne)
(en) Richard, C. C., Women in World History : A Biographical Encyclopedia, Farmington Hills, Michigan, Encyclopedia.com, (lire en ligne), « Parnok, Sophia (1885–1933) »
(en) Shrayer, Maxim D., An Anthology of Jewish-Russian Literature : Two Centuries of Dual Identity in Prose and Poetry, Londres, Routledge, , 992 p. (ISBN978-1-317-47696-2, lire en ligne)
(ru) "Полякова Софья Викторовна (1914-1994)—писательница, литературовед" [Polyakova, Sofya Viktorovna (1914-1994)—writer, literary critic], Moscou, Russian State Archive of Literature and Art,
Notes et références
Notes
↑La première muse-amoureuse de Sophia Parnok était Nadezhda Poliakova.[1],[2]. On ne sait pas si Sofia Poliarkova et elle sont liées[2].