SnusLa snus (/ˈsnʉːs/[n 1] Écouter), est une poudre de tabac humide consommée principalement en Suède et Norvège, mais aussi en Finlande, Estonie, et Suisse. La méthode de consommation habituelle consiste à placer le produit entre la gencive et l'intérieur de la lèvre supérieure et à le garder en place pendant une durée allant de quelques minutes à plusieurs heures. Il est aussi souvent utilisé pour aider à progressivement arrêter de fumer (en fournissant de la nicotine par voie transcutanée via les muqueuses de la bouche, sans goudrons ni autres polluants générés par la fumée de tabac, mais selon une syntèse récente (2024) des études sur le sujet : si le SNUS peut aider à ne plus fumer (tout en restant accro à la nicotine, souvent), chez les non-fumeurs sa consommation augmente aussi le risque de devenir fumeur. Il existe deux principaux types de snus sur le marché :
Le snus suédois est fait à partir de tabac séché à l'air provenant de divers endroits du monde. Le tabac est mélangé avec de l'eau, du sel, du carbonate de sodium et des arômes et est préparé en chauffant le mélange, généralement à la vapeur. Le snus humide contient plus de 50 % d'eau. Un consommateur suédois moyen en utilise environ 800 grammes (soit 16 boîtes de lössnus) par personnes et par an[réf. souhaitée], souvent en vue d'arrêter de fumer. Le snus est vendu principalement en Suède et en Norvège, mais il peut être trouvé dans diverses régions du monde fréquentées par les touristes scandinaves (sa commercialisation est interdite dans l'Union européenne, sauf en Suède et au Luxembourg). Il existe aussi des produits apparentés au snus dans d'autres pays, comme le Maroc (la kala), l'Algérie (le chemma), la Tunisie (le naffa) et l'Inde (le khaini), le Vénézuela (le chimó), qui sont des formes de tabac à mâcher[réf. souhaitée]. La production de snus en Suède dépasse les 300 millions de boîtes par an[Quand ?]. Lorsque les gouvernements norvégien et suédois ont imposé une règlementation stricte sur la consommation de cigarettes dans les lieux publics (respectivement en et ), les ventes de snus ont fortement augmenté[réf. souhaitée]. HistoireL'histoire du snus commence avec le deuxième voyage de Christophe Colomb à travers l'Atlantique. Un moine nommé Ramón Pané, qui l'accompagnait aux Amériques (1493-1496), a observé des prêtres indiens qui utilisaient, par voie nasale, une poudre composée notamment de tabac[1]. Le tabac à priser était utilisé comme médicament jusqu'à la Révolution française, mais il était si fortement associé aux classes supérieures qu'il est rapidement devenu impopulaire. Le tabac à chiquer était bien plus répandu dans les classes sociales dites inférieures. Le tabac à priser, une fine poudre de feuilles de tabac, a d'abord été utilisé en Espagne et en France au milieu du XVIe siècle. Au cours de ce siècle, l'ambassadeur français Jean Nicot vint au Portugal, en contact avec la plante de tabac, qui a ensuite été cultivée uniquement à des fins médicinales. Nicot conseilla même à la reine Catherine de Médicis, encline à de graves migraines, de renifler des feuilles de tabac broyées à priser. Il est dit que les maux de tête de la reine disparurent avec le tabac à priser et grâce à cela, il acquit une énorme popularité. Nicot fut après cet événement si fortement associé à l'usage du tabac en Europe que Linné donna au tabac le nom de Nicotiana. En 1637, les statistiques suédoises mentionnent pour la première fois le tabac snus. À la fin du XVIIe siècle, le tabac y était cultivé, dans quelque 70 villes, en grandes quantités. Au début du XVIIIe siècle, une forme de tabac à priser humide, à placer entre la gencive et la lèvre supérieure est introduite en Suède comme alternative au tabac à chiquer qui était relativement coûteux. Les planteurs de tabac à priser produisaient leur propre tabac mais bientôt apparurent des fabricants qui se spécialisèrent dans la fabrication de tabac à priser. En 1998-2000, ils ont cultivé les dernières récoltes principales en Suède de Kungsnus. Environ 3 000 à 4 000 plantes ont été délivrées chaque année. Des marques comme Göteborgs Prima Fint, Röda Lacket, Generalsnus et Ljunglöfs Ettan qui s'étaient installées, y vivent toujours. D'autres ont disparu, comme Havannasnus, Kaggsnus, Karottsnus, Melangesnus et Prustsnus. En 1919, au plus fort de la production, 7 000 tonnes de snus étaient vendues en Suède, et on estime que les Suédois consommaient alors environ 1,2 kg par personne. Les statistiques avant 1915 ne sont pas vraiment fiables car il y avait beaucoup de fabricants (parfois non référencés) répartis à travers la Suède. Les ventes de snus ont diminué à partir du moment où les gens ont commencé à remplacer son usage par celui du cigare. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les ventes de cigarettes ont explosé jusqu'à la fin des années 1960, époque où les dommages causés par le tabagisme ont commencé à être connus. Le tabac à priser retrouva alors sa popularité. Les boîtes étaient devenues rondes avec des couvercles métalliques, les autres étaient encore en carton ciré. En 1998, les ventes ont rebondi et 5 350 tonnes ont été écoulées, ce qui équivaut à 0,6 kg de snus par habitant. Aujourd'hui, un million de Suédois utilisent le snus et en 2000 la consommation était de 6 200 tonnes, dont 45 % était la portion de snus. La préparation contemporaine du tabac à priser ordinaire serait fermentée ou fabriquée par « transpiration » à des températures élevées pendant plusieurs mois, parfois jusqu'à six mois. Le tabac à priser est alors vendu en vrac ou emballé dans des boîtes de conserve. Ces dernières ont été pressées en carton ciré et de forme ovale. Les émigrants suédois en Amérique du Nord ont importé le läppsnus vers leur nouvelle patrie. Aujourd'hui le snus peut s'acheter aux États-Unis, des millions de personnes le consomment. En 2020, en raison de la mauvaise image de la cigarette, apparaît un nouveau type de snus sous les appellations « sachets de nicotine » (de l'anglais nicotine pouches) ou « snus 2.0 » , ne contenant plus de tabac bien que contenant toujours de la nicotine, et ce afin de pouvoir renouveler la clientèle des grands producteurs de produits à base de nicotine, notamment en attirant les jeunes, ce qui soulève des inquiétudes : le snus sans tabac, en raison de sa teneur en nicotine, est interdit aux moins de 18 ans en Suède mais est popularisé auprès des lycéens par des influenceurs[2]. Selon des test toxicologiques in vitro publiés en 2022, en termes de toxicité aigue et de génotoxicité, le snus lorsqu'il est utilisé par un fumeur adulte comme alternative à la cigarette se montre nettemnt moins toxique que la cigarette (et ni mutagène, ni génotoxique), cependant ajoutent les auteurs : « des études de caractérisation chimique, précliniques, cliniques, de perception et de comportement supplémentaires sont nécessaires pour une justification scientifique plus complète. »[3]. StatistiquesLes Suédois en sont les plus gros consommateurs, avec environ un million de consommateurs dans les années 2010, 15 % de la population en consommerait (un homme sur cinq serait consommateur régulier)[4],[5]. En Suède, le snus a largement remplacé la cigarette, dont la consommation a atteint un pic dans les années 1980 avec 34 % de fumeurs quotidiens, ce qui explique qu'il s'agit du pays comptant la plus faible proportion de fumeurs de cigarettes quotidiens (5 % en 2017 selon une étude de l'Union européenne)[5]. Les ventes de snus ont augmenté dans les années 1990, sans campagne du gouvernement pour l'encourager ou le décourager[5]. La consommation moyenne suédoise est d’environ 800 grammes par personne et par an[5]. Situation juridique et sanitaireL'Union européenne interdit la vente de snus sur son territoire depuis 1992, la Suède exceptée[6]. La Suède a soumis son entrée dans l'UE en 1995 à la condition de conserver la possibilité de vendre le snus[5]. Le snus, parce qu'il contient du tabac et donc de la nicotine, reste un produit addictif. N'étant pas inhalé, il n'affecte pas les poumons, mais une grande étude menée en 2007 par le Centre international de recherche sur le cancer et intitulée IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Smokeless Tobacco and Some Tobacco-specific N-Nitrosamines, conclut en ces termes : « Les expérimentations menées autour de l'utilisation du tabac à priser (snuff) n'ont pas conduit à des preuves évidentes de relation avec le cancer... En revanche, il existe une corrélation positive mise en évidence sur des tests animaux, entre le développement de formes cancérigènes et le tabac humide de type snus »[7]. Le risque de majoration des maladies cardio-vasculaires, nettement établi pour le tabac fumé, est encore en discussion pour le tabac oral selon un rapport scientifique publié en 2012[8]. L'arrêt du snus après un infarctus du myocarde améliore substantiellement l'état de santé du sujet affecté, selon une étude publiée en 2014[9]. Contournements, trafics et malversationsCe produit est concerné par une partie des règlementations sur le tabagisme et les produits addictifs. Face à l'interdiction croissante de fumer dans les lieux publics, et face au désaveu pour la pipe puis la cigarette en Europe, l'industrie du tabac et le lobby du tabac ne sont pas restés inactifs. Ils ont discrètement mais efficacement lançé au début des années 2000 une nouvelle vogue pour ces produits à base de nicotine[10].
L'accusation de trafic d'influence entourant une éventuelle levée de l'interdiction du snus dans l'ensemble de l'Union européenne à l'occasion d'une révision de la directive relative aux produits du tabac[6] discutée durant l'automne 2012 conduit à la démission du commissaire européen John Dalli[11]. Bien qu'interdit à la vente, la prise de snus, peu visible, mais répandue dans certains sport, dont en France[12], est actuellement présentée par les sportifs eux-mêmes comme stimulant plutôt que dopante, à l'image du discours véhiculé par les fabricants, basé notamment sur une étude[13] faite en Suède par Foulds et al. en 2003.
On constate aux États-Unis, au Canada et en Europe que certains adolescents, chez les sportifs notamment utilisent le snus, en substitut au tabac ou au mélange tabac canabis, qui sont souvent mal vus dans les milieux sportifs, et dans les pays où le snus est peu disponible, ces adolescents se mettent à sucer du tabac à chiquer[15]. En Europe et en France, il semble notamment s'être diffusé chez les grands adolescents et les jeunes dans les stations de ski durant au moins les deux premières décennies du XXIe siècle[16],[15] Notes et référencesNotes
Références
AnnexesArticles connexesLiens externes
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