Après la prise de Paris par Henri V d'Angleterre en 1420, l'administration anglaise se montre favorable aux bourgeois de Paris, en confirmant leurs anciens privilèges et en accordant même de nouveaux.
Les Parisiens ont accepté les Anglais surtout par haine de Charles VII et du parti Armagnac qu'ils estiment menacer les nombreuses libertés obtenues par la ville de siècles en siècles.
Après la bataille de Montépilloy, le , Jeanne d'Arc et le duc Jean II d'Alençon prennent Saint-Denis, ville située au nord de Paris.
Le , Charles VII signe la trêve de Compiègne qui excepte de l'armistice Saint-Denis, déjà pris, Saint-Cloud, Vincennes, Charenton et Paris[1]. Visiblement convaincu par son entourage de traiter avec les Bourguignons, le roi traîne des pieds et ne répond d'abord pas aux appels répétés de Jeanne et des capitaines de venir en personne. Avec réticence, il finit par quitter Compiègne[2].
La nuit tombant, Jeanne est ramenée à son logis de La Chapelle. Bien qu'elle ait souhaité reprendre l'attaque de Paris, le roi donne ordre de se replier sur l’abbaye de Saint-Denis, n'ayant laissé leur chance à Jeanne et aux capitaines qu'une seule journée pour prendre la ville. Dans la nuit, le roi fait également détruire un pont que d'Alençon avait fait construire pour attaquer les remparts en un autre point, montrant à tous qu'il ne voulait plus attaquer Paris d'aucune manière[7].
La ville n'étant défendue que par 2 000 Anglais environ[8] mais Charles VII était alors en négociations avec les Bourguignons pour les détacher de l'alliance anglaise et ne voulait rien faire qui puisse porter ombrage à ses interlocuteurs. L'impression de beaucoup, y compris les chroniqueurs du temps, est que le roi n'a jamais réellement souhaité le succès de cette entreprise et a trouvé le premier prétexte pour lever le siège[9].
L'année suivante, en 1430, un complot découvert par les Anglais échoue et fait périr six Parisiens sur l'échafaud[8], ce qui prouve l'existence d'un parti pro-français dans cette ville.
Notes et références
Notes
↑Il s'agit d'un fossé à sec de près de trois mètres de profondeur par endroits, qui renforce le grand fossé rempli d'eau protégeant l'enceinte de Charles V[5].
Auguste Longnon ( éd.), Paris pendant la domination anglaise (1420-1436) : documents extraits des registres de la Chancellerie de France, Paris, Honoré Champion, , XXIII-374 p., in-8o (lire en ligne).
Henri Couget (chanoine), Jeanne d'Arc devant Paris, Paris, Éditions Spes, , 182 p., in-8o (lire en ligne).
Guy Llewelyn Thompson, « Le régime anglo-bourguignon à Paris : facteurs idéologiques », dans La « France anglaise » au Moyen Âge : actes du 111e Congrès national des sociétés savantes, Poitiers, 1986, Section d'histoire médiévale et de philologie, Paris, Éditions du CTHS, , 586 p. (ISBN2-7355-0136-1), p. 53-60.
(en) Guy Llewelyn Thompson, Paris and its People under English Rule : the Anglo-Burgundian Regime, 1420-1436, Oxford, Clarendon Press, coll. « Oxford Historical Monographs », , 296 p. (ISBN978-0-19-822159-3, présentation en ligne).
Anne Grondeux, « La présence anglaise en France : les Anglais dans la vallée de la Seine sous la régence du duc de Bedford (1422-1435) », Journal des savants, Paris, de Boccard, , p. 89-109 (ISSN0021-8103, lire en ligne).
Jean Favier, « Occupation ou connivence ? Les Anglais à Paris (1420-1436) », dans Jacques Paviot et Jacques Verger (dir.), Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses de l'université de Paris-Sorbonne (PUPS), coll. « Cultures et civilisations médiévales » (no 22), (ISBN2-84050-179-1), p. 239-260.