Samira Tawfiq (ou Tawfik, Tewfiq, Taoufik) (arabe : سميرة توفيق), de son vrai nom Samira Ghastin Karimona (arabe : سميرة غستين كريمونا), est une chanteuse et actrice libanaise née le au Liban[1]. Elle est connue dans le monde arabe pour ses chansons et ses films en dialecte bédouin du Levant. Elle fait partie avec Fairuz, Sabah et Wadih Al-Safi des quatre icônes libanaises[2].
Biographie
Samira Tawfiq est née dans le village de Rmeileh[1]au Liban. Elle grandit dans le quartier de Medawar à Beyrouth (dans le secteur de Rmeil). Sa mère Naima est femme au foyer et son père Ghastin travaille au port de Beyrouth[3],[4]. Elle a trois frères et deux sœurs. Sa nièce, Lina Radwan, est sa manager[5].
Au début des années 1970, elle est invitée par The Holy Land Foundation à chanter à Détroit, aux États-Unis devant 15 000 spectateurs. Peu avant le concert, une bombe est retrouvée sous la scène.
Carrière
À partir de 1957, le pouvoir jordanien veut renforcer l'unité nationale à travers l'usage du dialectebédouin. Il souhaite à cet effet donner vie et diffuser à la radio un folklore jordanien. Samira Tawfiq, libanaise, apparaît comme parfaite pour cette mission. Elle apprend le dialecte bédouin en un mois avec l'aide de représentants de l'État en vue de l'inauguration de la radio publique en 1959. Lors de cet évènement, elle quitte la scène en pleurant, incapable de chanter devant le roi Hussein après le sabotage de son passage par les musiciens locaux. Malgré cette déconvenue, elle est à nouveau invitée à chanter des chansons populaires réinventées par des poètes, sous les consignes de hauts fonctionnaires, à partir du « folklore paysan jordanien et palestinien, avec quelque mots bédouins », présenté comme « bédouin » tout court (la prononciation du qâf de l'arabe standard est remplacée par le gâ). L'appropriation de Samira Tawfiq de cette manière de chanter est totale, puisqu'elle se présentera et sera perçue comme une bédouine[6].
Ses interprétations avec ce dialecte dit « bédouin de Jordanie » ont participé à la construction de l'identité nationale de la Jordanie. En 2017, elle est invitée à participer aux célébrations du jour de l'indépendance[7] et est présentée par la presse locale comme étant « jordanienne » ayant participé « à la formation du sentiment national »[8],[9]. La même année, elle reçoit une décoration honorifique saluant l'ensemble de sa carrière musicale par le roi Abdallah II[10].
En 1981, le musicien Brian Enosample Samira Tawfiq. Il isole sa voix[13] de la chanson Hobbak Mor du film La fille du désert (1973) pour son titre A secret life de l'album My Life in the Bush of Ghosts.
En 2005, le jeu vidéo Grand Theft Auto: Liberty City Stories utilise sa chanson Ballah Tesebou Hal Kahwa dans sa bande originale[14]. Cette chanson, dont le titre signifie « Je te demande de verser le café et d'y ajouter de la cardamome », est l'une des plus célèbres de la chanteuse.
Dans The Girl Who Fell to Earth: A Memoir (2012), l'artiste américano-qatari Sophia Al-Maria écrit sur son identité qu'elle nomme « Qataricaine », américaine redneck et bédouine du Qatar. Elle consacre son prologue à Samira Tawfiq, figure de la bédouine[15].
En 2019, la poétesse libanaise Zeina Hashem Beck déclare que son recueil de poésie Louder Than Hearts (2017) s'inspire en partie des chansons de Samira Tawfiq[16],[17].
D'ailleurs, les chansons de Samira Tawfiq sont régulièrement reprises dans les versions arabophones des télés-crochets Arab Idol[18] ou encore Star Academy[19]. Les plus reprises sont Ballah Tesobou Hal Khawa, Raf El Hammam, Ya Ayn Moulayiten et Bassek Tiji Haretna.
Filmographie
1960 : Mawled al rasoul en arabe : ولادة النبي (La Naissance du prophète)
1963 : Al bedaouia fi alhabi en arabe : بدوي في الحب (La Bédouine amoureuse)
1964 : Enta Umri en arabe : أنت حياتي (Tu es ma vie)
1964 : Lubnan Fi Allayl en arabe : لبنان في الليل (Le Liban la nuit)
1964 : Al bedaouia fi Baris en arabe : بدوي في باريس (Une bédouine à Paris)
1964 : Bent Antar en arabe : بنت عنتر (La fille d'Antar)