Ruth Schweikert naît le [1] à Lörrach, dans le Bade-Wurtemberg[2]. Son père, Friedrich Schweikert, est suisse et exerce la profession de juriste ; sa mère, Elisabeth Schweikert, est allemande, secrétaire de formation et s'occupe du foyer familial[2],[3] Elle a deux demi-sœurs nées d'une liaison cachée de son père[3].
Elle publie la même année un premier recueil de sept nouvelles, intitulé Erdnüsse. Totschlagen (La poupée fourrée dans sa traduction française), salué par la critique[6]. Son premier roman, Augen zu, qui parle de la recherche d'identité[3] d'une femme de 30 ans qui va perdre son enfant[8], paraît quatre ans plus tard, en 1998[6]. Il est suivi en 2009 par Ohio, roman sur la fin tragique d'un mariage, puis en 2015 par une double saga familiale intitulée Wie wir älter werden[3],[9]. Son dernier ouvrage, Tage wie Hunde, paru en 2019, est le journal de son cancer[10].
Elle signe une pièce de théâtre, Welcome home, mise en scène en 1998 au théâtre Neumarkt de Zurich(de)[3], où elle reprend des éléments de son roman Augen zu[8]. Elle est également l'autrice d'articles et d'essais parus dans des anthologies, revues et journaux[3].
Elle tourne en 2020 une comédie avec son époux, intitulée Wir Eltern et parlant de leur vie familiale avec trois de ses cinq fils[3].
Thématiques
Son œuvre traite de vies brisées, des errances de l'existence, de l'enlisement dans le passé[10], avec une forte place donnée à la famille, et ses écrits de fiction sont empreints de composantes autobiographiques[9]. Elle s'attache à « retracer les distorsions que l'histoire contemporaine et mondiale laisse derrière elle dans les biographies individuelles »[11] et ses personnages sont replacés dans leur contexte socio-culturel, qu'il s'agisse de fiction, ou de la narration largement autobiographique de son cancer[3]. Ainsi, son roman Wie wir älter werden traite d'un secret de famille inspiré par des faits réels, l'existence de deux demi-sœurs que son père a eues avec une autre femme que sa mère[3]. Ces secrets de famille jouent aussi un rôle important dans Ohio[12].
Style
Dans son premier recueil de nouvelles, Ruth Schweikert utilise un style sobre, factuel, en s'attachant à ne pas nommer les sentiments. Elle y utilise une sorte de répétition narrative : les sujets des sept nouvelles sont toutes de jeunes femmes entre 25 et 30 ans, confrontées à la petite-bourgeoisie locale dans leur statut de « mère célibataire ». Leurs parents sont invariablement les mêmes, avec une mère se réfugiant dans la gestion de son foyer pour ne pas être secrétaire, et un père respecté à l'extérieur, mais terriblement faible[13].
La trame narrative des œuvres de Ruth Schweikert est souvent décrite comme lacunaire, avec des « trous narratifs » délibérés dans Wie wir älter werden[9]. Le processus est poussé à son maximum dans sa pièce de théâtre Welcome home, où comédiens et spectateurs sont filmés et projetés sur des écrans, mais où les spectateurs n'ont qu'une vision limitée de l'action, sauf s'ils se déplacent[8]. Le même mécanisme est utilisé dans son essai autobiographique, avec une conception fragmentaire du texte jugée très frappante par un critique littéraire du Spiegel, assortie de phrases coupées et de mots mal orthographiés[14].
Les récits sont faits de multiples aller-retours dans le futur et de flash-backs ou rétrospectives[12],[15],[16],[17].
Activités culturelles et politiques
Elle préside Suisseculture, l'organisation faîtière des organisations culturelles suisses[3], de 2008 à 2012.
Welcome home. Première représentation au Théâtre Neumarkt de Zurich, 1998.
Scénario
(en collaboration avec Eric Bergkraut): Wir Eltern. Film. Suisse, 2019[32].
Ouvrages collectifs
(de) Lukas Bärfuss, Shahnaz Bashir, Mansoura El-Ezedin, Martin Frank, Peter Geimer, Melinda Nadji-Abonji, Noëlle Revaz, Ruth Schweikert, Michelle Steinbeck, Aveek Sen et Julia Weber (photogr. Hans Danuser, Dunja Evers, Joakim Eskildsen, Luigi Ghirri, Jitka Hanzlová, Roni Horn, Zoe Leonard, Annelies Strba), Nachbilder : Eine Foto Text Anthologie, Leipzig, Spector Books, (présentation en ligne)[25]
(de) Guy Krneta, Martin R. Dean, Franz Hohler, Georg Kreis, Antoinette Rychner, Ruth Schweikert, Julia Weber et Daniel Rothenbühler, Unsere Schweiz : Ein Heimatbuch für Weltoffene [« Notre Suisse - Un livre d'accueil pour les personnes cosmopolites »], Bâle, Zytglogge, (présentation en ligne)[25]
Notes et références
Notes
↑Le prix consiste en un droit de résidence d'un an dans la maison du chancelier (Stadtschreiberhaus) et de 20 000 euros.
↑ abc et dOffice fédéral de la culture, « Ruth Schweikert », sur www.schweizerkulturpreise.ch (consulté le )
↑ ab et cSandrine Fabbri, « Théâtre. Ruth Schweikert présente la chronique «en pièces» d'une famille ordinaire », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(de) Björn Hayer, « "Tage wie Hunde": Ruth Schweikerts Buch über ihre Brustkrebserkrankung », Der Spiegel, (ISSN2195-1349, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Valerie Heffernan, « The (M)other’s Voice: Representations of Motherhood in Contemporary Swiss Writing by Women », dans Narratives of Motherhood and Mothering in Fiction and Life Writing, Springer International Publishing, coll. « Palgrave Macmillan Studies in Family and Intimate Life », (ISBN978-3-031-17211-3, DOI10.1007/978-3-031-17211-3_7, lire en ligne), p. 115–134
↑(de) Urs Bühler, « Ruth Schweikert und Eric Bergkraut drehen einen Film: die etwas andere Homestory einer Künstlerfamilie », Neue Zürcher Zeitung, (ISSN0376-6829, lire en ligne, consulté le )