Elle est depuis l'époque romaine un axe majeur de la ville et est actuellement une importante rue commerçante qui relie le noyau urbain de Clermont et le quartier de Jaude.
Origine du nom
Le nom de cette voie - La chareira de los Gras - vient de l'occitangras qui signifie « marches »[1] et désigne ainsi la montée progressive de la rue et les escaliers de sa partie supérieure et qui aboutie au parvis de la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption.
Son nom rappelle donc les degrés de l'escalier qui montait jadis à la cathédrale[2]. Par extension, ce nom fut donné au faubourg environnant du Clermont médiéval.
Historique
La rue des Gras reprend le tracé du decumanus maximus de la cité d'Augustonemetum et permettait de rejoindre le forum de la ville situé à l'emplacement de l'actuelle place de la Victoire. L'actuelle rue était également flanquée d'un aqueduc qui irriguait en eau la ville avant sa destruction partielle par la construction de la première cathédrale par l'évêqueNamatius[3].
La ville de Clermont est à l'époque médiévale divisée en plusieurs paroisses qui pour deux d'entre elles sont à la fois séparées et reliées par la rue des Gras. Cette dernière de larges dimensions permettait la mise en place de marchés et faisait office de limite entre les paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Genès[4].
Les murailles de la ville de Clermont passaient au niveau de l'extrémité occidentale de la rue et une porte nommée Porte des Gras, porte épiscopale ou encore Barreira dels Gras[5] en ancien occitan en ouvrait l'accès[6]. La rue donnait son nom à un faubourg présent en dehors des murailles et en contrebas de la rue[7]. Différents tremblements de terre ayant eu lieu à la fin du XVe siècle, de nombreux bâtiments et éléments de fortifications de la rue des Gras s'effondrèrent et nécessitèrent une reconstruction[8].
L'intronisation des nouveaux évêques de Clermont se faisait selon une liturgie d'ostentation du prélat. L'évêque nouvellement nommé devait aux XVIe et XVIIe siècles séjourner à Billom puis rentrer à Clermont en passant par la porte des Gras, traverser la rue des Gras devant le peuple pour finalement arriver dans la cathédrale par le portail occidental[9].
Au début du XIXe siècle une salle de prière juive était située au 38 rue des Gras avant son déplacement qui aboutira au retour du sanctuaire dans l'ancien quartier juif de Fontgiève par la construction de la synagogue Beit Yacov[10].
Louis Passelaigue, Histoire des rues de Clermont et Montferrand, Éd. de Borée, 1997. (ISBN9782908592580)
Louis Saugues, Louis et Philippe Deteix, Histoires de rues : guide alphabétique des noms de rues de la ville de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, Ville de Clermont-Ferrand, 1995, 143 p.
Ambroise Tardieu, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand 1870.
Notes et références
↑Philippe Olivier, Dictionnaire d'ancien occitan auvergnat (1340-1540). Tübingen : Max Niemeyer, 2009. Collection Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 349. (ISBN978-3-484-52349-4).
↑Charles Pietri, « L'espace chrétien dans la cité. Le vicus christianorum et l'espace chrétien de la cité arverne (Clermont) », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 177, , p. 177-209 (ISSN0048-7988, lire en ligne)
↑Jean-Pierre Chambon, « Quatre noms propres fantômes dans le testament de Peironelle de Bulhon (Notes de toponymie critique) », Nouvelle revue d'onomastique, vol. 11, no 12, , p. 142-143 (ISSN0755-7752, lire en ligne)
↑Anne Zinc, « Aux débuts de la communauté juive de Clermont-Ferrand », Archives Juives - revue d'histoire des juifs de France, Les Belles Lettres, vol. 36, , p. 89-99 (ISBN9782251694139, lire en ligne)