Au fil des siècles, les dénominations se sont succédé, en latin, en allemand ou en français : Juxta pontem St Thomae (1300, XIVe siècle), rue du Corps de Garde de Saint Thomas (1786), rue des Armées de la République (1794), place Saint-Thomas (1856), rue Saint-Thomas (1858), Sankt-Thomas-Gasse (1872), rue Saint-Thomas (1918, 1945), Sankt-Thomas-Gasse (1940), rue Martin-Luther (1978[1]).
Relativement récente, cette dernière appellation rend hommage au réformateurMartin Luther, dans une ville très tôt acquise à ses idées[3], quoique Luther lui-même ne se rendit jamais en Alsace[4].
Des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, ont été mises en place par la municipalité à partir de 1995[5]. C'est le cas de la Thomasgass, qui conserve son nom historique.
Bâtiments remarquables
En 1860, l'historien et théologien Charles Schmidt entreprend de recenser les maisons canoniales du quartier[6]. À la fin du XIXe siècle, Adolphe Seyboth conclut, pour cette rue, que « tous les immeubles qui la composent appartiennent au Chapitre[7]».
Numéros impairs
nos 1 et 3
Les changements successifs dans la numérotation laissent subsister quelques incertitudes, mais plusieurs sources[6],[7],[8]indiquent que la maison curiale se trouvait tout près du pont. Puis venaient la boulangerie et les greniers du Chapitre (pistrinum et granarium, 1210) et enfin la trésorerie, nommée Zum Eselskopf (« À la Tête d'Àne »), mentionnée en 1401. Ces maisons ont successivement porté les nos 5 et 6, puis 1 et 9 et enfin 1 et 3[7].
Le no 1 est reconstruit entre 1858 et 1863 par l'architecte-entrepreneur Chrétien Auguste Arnold. Très sobre, il possède trois balcons au premier étage, celui du milieu se trouvant sur un plan coupé. Le no 3, avec une entrée symétrique au premier bâtiment est construit un peu plus tardivement. Entre les deux édifices, une porte cochère percée dans le mur d'enceinte permet d'accéder à la cour[9].
no 5
Située à l'angle de la place Saint-Thomas, la maison, qui abrite le Centre de soins infirmiers des diaconesses, se trouve, au XIVe siècle, sur l'emplacement d'une forge, remplacée au XVe siècle par une balance publique[7].
no 11
Cette maison était habitée vers la fin du XVIe siècle par le stettmeister Jean-Philippe de Kettenheim. Elle a d'abord porté les nos 7 et 8, puis 11 et 13[7]. Le foyer Rodolphe-Peter y est domicilié.
Centre de soins infirmiers des diaconesses.
Entrée du centre de soins.
Foyer Rodolphe-Peter.
no 15
À l'autre extrémité de la rue, qui forme l'angle avec la rue de la Monnaie, se trouvait le Doyenné du chapitre de Saint-Thomas. Martin Bucer y vécut de 1544 à 1549. En il y reçut Jean Calvin venu intercéder pour les Vaudois persécutés[10]. En 2019 une plaque commémorative est apposée sur l'édifice[11].
Plaque.
Numéros pairs
Le côté pair de la rue est principalement occupé, dans sa partie centrale, par la façade occidentale de l'église Saint-Thomas et ses dépendances. Au sud, près du quai, elle forme l'angle avec le bâtiment de l'ancien Séminaire protestant de Strasbourg. Au nord elle longe la place Saint-Thomas.
Façade de l'église donnant sur la rue.
Notes et références
↑ a et bMaurice Moszberger (dir.), « Martin-Luther (rue) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 80 (ISBN9782845741393)
↑Véronique Umbrecht, « Émile Salomon (1833-1913). Architecte de la reconstruction à Strasbourg après 1870 », Revue d'Alsace, no 142, 2016, p. 51-73, [lire en ligne]
↑Georges Bischoff, « Martin Luther, parrain de l'histoire en Alsace », La Réforme, 500 ans après : le protestantisme en Alsace, Les Saisons d'Alsace, hiver 2016-2017, p. 5
↑ a et bCharles Schmidt, Histoire du Chapitre de Saint-Thomas de Strasbourg, pendant le Moyen-Âge, 1860, p. 265
↑ abcd et eAdolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 476-477
↑(de) Wilhelm Wiegand, Urkunden und Akten der Stadt Strassburg: Bd. Urkunden und Stadtrechte bis zum Jahr 1266, K. J. Trübner, 1879, p. 444
↑« 1, rue Martin-Luther (Strasbourg) », ArchiWiki [1]
↑Jean Calvin, Graf Wilhelm Fürstenberg, Plaidoyers pour le comte Guillaume de Furstenberg : première réimpression de deux factums publiés à Strasbourg en 1539-1540, Presses universitaires de France, 1994 , p. LXVII
↑Jules Zolt, « Jean Calvin mis à l’honneur à Strasbourg pour son dur labeur », DNA, 23 septembre 2019 [2]
Maurice Moszberger (dir.), « Martin-Luther (rue) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 79 (ISBN9782845741393)
(de) Adolphe Seyboth, « St. Thomasgasse. Rue St-Thomas », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 104
Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 476-477