Roger MehlRoger Mehl
Roger Adolphe Mehl, né le à Relanges (Vosges) et mort le à Strasbourg, est un théologien et sociologue protestant français. Il est professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg de 1945 à 1981 et fonde le Centre de sociologie du protestantisme au sein de l'université de Strasbourg. BiographieAgrégé de philosophie en 1935[1], Roger Mehl enseigne au Gymnase protestant de Strasbourg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son service en tant qu'officier interprète à l'état-major de la 8e armée le conduit à devenir professeur au lycée Thiers de Marseille en 1940[2], où il a comme étudiant Jean Delumeau. Il poursuit ses études à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, alors repliée à Clermont-Ferrand[3], où il obtient une licence en théologie en 1942. Il est nommé pasteur de l'Église réformée de France à Alès (1944-1945), puis est ordonné pasteur de l'Église protestante réformée d'Alsace et de Lorraine en 1947. Il soutient en 1945 sa thèse de doctorat de 3e cycle, intitulée La Condition du philosophe chrétien[4] et est nommé maître de conférences en philosophie de la religion à l'université de Strasbourg, puis à partir de 1949, il enseigne de l’éthique. Il soutient en 1956 une thèse de doctorat d’État, intitulée « De l’Autorité des valeurs. Essai d’éthique chrétienne ». En 1956, il est nommé professeur, titulaire de la chaire d'éthique qu'il occupe jusqu'à sa retraite académique en 1981. Roger Mehl a exercé à deux reprises les fonctions de doyen de la faculté de théologie (1967-1969 et 1976-1979)[5]. Son nom est particulièrement attaché à la sociologie religieuse : il introduit cet enseignement en 1964 à la faculté de théologie strasbourgeoise, puis contribue à la création du Centre de sociologie du protestantisme en 1969, devenu depuis le Centre de sociologie des religions et d'éthique sociale (CSRES)[6]. Roger Mehl exerce également des responsabilités ecclésiastiques, tant à l'échelle locale, au sein de la paroisse réformée Saint-Paul de Strasbourg, qu'au plan national, en tant que membre du conseil de la Fédération protestante de France, dont il présida notamment la Commission des études œcuméniques (1955-1967). c'est à cette époque qu'il se lia d'amitié avec le pasteur Marc Boegner, auquel il consacra un livre d'hommage, Une humble grandeur, pour lequel il reçoit le prix Broquette-Gonin (littérature), décerné par l'Académie française[7]. Œcuméniste convaincu, il s'intéressa de près aux confrontations catholico-protestantes[3] et devint membre du comité central du Conseil œcuménique des Églises (1968). Roger Mehl est rédacteur en chef (1946), puis directeur (1971), de la Revue d'histoire et de philosophie religieuses. Sous son impulsion, l’association des publications de la faculté de théologie protestante de Strasbourg est créée, qui édite encore aujourd’hui la revue. Il publie des chroniques dans l'hebdomadaire protestant Réforme et couvre l'actualité protestante dans Le Monde[8]. Hommages et distinctionsRoger Mehl est docteur honoris causa des universités de Glasgow, Bâle et Zurich, membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques, officier de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, ainsi que commandeur des Palmes académiques. FamilleLe , il épouse Herrade Koehnlein, titulaire d'une maîtrise de théologie et l'une des premières femmes pasteurs en France[9]. Celle-ci, en conformité avec la discipline ecclésiastique qui, à l'époque, interdisait le ministère pastoral aux femmes mariées, quitte son activité pastorale au moment de son mariage et devient professeure d'enseignement religieux en lycée. Membre du mouvement Jeunes Femmes et de la commission des ministères de l'Église réformée de France, elle est l'auteure de plusieurs ouvrages et articles[9]. PenséeRoger Mehl a été profondément marqué par la pensée théologique de Karl Barth, qui revient à l'autorité de la parole biblique dans la lignée des grands Réformateurs et qui s'oppose à une théologie de l'expérience psychologique et morale[5]. Sa pensée n'en est pas moins originale par son rapprochement entre théologie et philosophie et par sa volonté de s'orienter vers les valeurs éthiques de la société et donc vers la sociologie. Il fut l'un des premiers à proposer une véritable démarche sociologique en France concernant le protestantisme et à la faire accepter, en mettant en évidence également les différences avec la sociologie du catholicisme (religion majoritaire en France). Ainsi, il s'attacha à montrer que la participation au culte dominical n'est pas particulièrement un indicateur de la vitalité religieuse en ce qui concerne le protestantisme, et qu'il faut plutôt considérer le « degré d'intégration dans la vie paroissiale »[10]. Avec d'autres intellectuels, comme Jacques Ellul, André Dumas ou Jean Baubérot, Roger Mehl diagnostique une crise d'identité d'un protestantisme qui se serait trop bien assimilé à la société française et qui tendrait par conséquent à disparaître. En effet, ses valeurs (refus du dogmatisme, respect des minorités, laïcité, engagement social) font partie du patrimoine commun, même si elles sont toujours à défendre, car pour lui le message de la Réforme n'est pas qu'une forme atténuée de dogmatisme et de cléricalisme catholiques[11]. Publications
En collaboration
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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