Le Requiem est créé le à l'abbaye de Saint-Florian, un an après la mort de Sayler. Une deuxième exécution a lieu à l'abbaye de Kremsmünster le [3]. Le manuscrit est archivé à l'abbaye de Saint-Florian[4].
En 1892, âgé de soixante-dix ans, lorsqu'il révise la partition, Bruckner donne cette autocritique du requiem : Es is' net schlecht! (« Ce n'est pas mal ! »)[1]. Il donne la partition révisée à Franz Bayer. Bayer exécute l'œuvre le à Steyr pour les funérailles du curé Johann Evangelist Aichinger. La Bibliothèque nationale autrichienne acquiert la partition de la veuve de Franz Bayer, en 1923[3].
Le Requiem est certainement « la première composition d'envergure » de Bruckner « et probablement sa première grande œuvre »[5]. « [C']est incroyable ce qu'il a réalisé, en particulier si l'on regarde la grande double fugue du Quam olim Abrahae, composée au moins six ans avant même qu'il ne commence ses études avancées du contrepoint avec Simon Sechter ! »[6]. Le Requiem est la première œuvre d'envergure de Bruckner et sa première composition pour orchestre.
Il y a clairement une influence de Mozart, voire de Michael Haydn dans cette composition.
« [Il y a] de nombreux passages qui rappellent ce qui était déjà désuet en 1848/49 (le début du Requiem, qui cite celui de Mozart dans la même tonalité). Malgré l'inclusion d'archaïque basse continue pour l'orgue, il y a déjà plusieurs passages qui annoncent le grand Bruckner à venir[7],[6]. »
« [Malgré le fait que] ce n'est pas une œuvre magistrale… [on] peut cependant affirmer que c'est la première démonstration que le jeune homme était un compositeur d'une promesse inestimable. […] [Le] début expressivement réticent du début du Requiem, avec les syncopes doucement mouvantes aux cordes […] anticipe déjà discrètement certains de ses propres passages des deux premières symphonies en ré mineur, les symphonies no '0' et no 3… [On] ne peut échapper à la beauté solennelle de cette musique, qui a déjà l'atmosphère authentique d'un génie naturel[8],[9]. »
« Durant les années qui ont suivi la composition du Requiem, Bruckner composa un grand nombre de petites œuvres chorales ainsi que deux œuvres de plus large envergure : un Magnificat (1852) et la Missa solemnis en si bémol mineur (1854). Curieusement ces œuvres n'atteignent pas le niveau de qualité du Requiem[10],[6]. »
Versions et éditions
Bruckner effectua une légère révision de la partition en 1892.
Il y a trois éditions dans la Bruckner Gesamtausgabe :
Édition Haas (1930/1931), avec la Missa solemnis.
Édition Nowak (1966), qui corrige quelques erreurs de celle de Haas.
Édition Rüdiger Bornhöft (1998) : modernise les clefs et corrige quelques erreurs mineures résiduelles.
Discographie
La discographie du Requiem reste en peu en deçà de celle des autres œuvres de Bruckner. La plupart des quelque 20 enregistrements sont des exécutions live, qui n'ont pas atteint le commercial.
Selon Hans Roelofs, l'enregistrement LP de Schönzeler de 1970, qui était un vrai travail de pionnier, a, nonobstant les enregistrements ultérieurs, gardé son statut. Celui de Matthew Best constitue actuellement l'enregistrement de référence. Celui de Farnberger (1997) avec les Sankt Florianer Sängerknaben, enregistré dans l'abbaye de Saint-Florian, procure un parfum d'authenticité. Parmi les enregistrements plus récents, Roelofs retient ceux de Janssens (2006) avec le Laudantes Consort, et de Susana Acra-Brache (2010) avec le Grupo Vocal Matisses[11].
1972 : Hans Michael Beuerle, Requiem en ré mineur, Laubacher Kantorei et Ensemble instrumental Werner Keltsch (, LP Cantate 658 231 ; rééd. Klassic Haus KHCD 2011-092 — avec le Psaume 146 par Wolfgang Riedelbauch)[12] (OCLC248543129).
1974 : Friedrich Wolf, Anton Bruckner – Requiem, Chœur et orchestre St Augustin, Vienne, Martin Haselböck, orgue (1974, LP Philips 6599 855)[13] (OCLC1040539480).
1980 : Herbert Ermert, Anton Bruckner - Requiem en ré mineur, Bach-Gemeinschaft Bonn, Siegerland-Orchester, Ludger Lohmann, orgue (, Aulos FSM-53 552 AUL / Aulos AUL 66122) (OCLC25707475) — avec le Requiem en ré mineur de Cherubini)
1984 : Jürgen Jürgens, Anton Bruckner – Music of the St. Florian Period, 1845-1855 (II), Monteverdi-Chor, Camerata Academica de Hambourg, Werner Kaufmann, orgue (, Jerusalem Records / BSVD-0111, 2012, Bruckner Archive Production)
1997 : Franz Farnberger, Anton Bruckner in St. Florian – Requiem & Motets, Sankt Florianer Sängerknaben, Ensemble instrumental St. Florian, Andreas Etlinger, orgue (, Studio SM D2639 SM 44) (OCLC49559425)
2006 : Guy Janssens, A history of the Requiem - Part III, Laudantes Consort, Benoît Mernier, orgue (111 , Cypres CYP 1654) (OCLC730534467) — avec le Requiem de Maurice Duruflé.
2010 : Susana Acra-Brache, Anton Bruckner : Requiem, Ave Maria et Te Deum, Grupo Vocal Matisses et In-Art Orquestra (, CD/DVD édition de l'Ensemble Musica Sacra, 2010[14],[15] (OCLC819135376).
↑« [There] are many passages reminiscent of what was even then, in 1848/49, a past age (the very opening points irresistibly to Mozart's Requiem in the same key), and though the very inclusion of a figured bass for organ continuo strikes one as backward looking, there are already several flashes of the later, great Bruckner to come. »
↑« [Despite it] is by no means a perfect masterpiece… [it] can be said to be the first full demonstration that the young man was a composer of inestimable promise. […] [The] expressively reticent opening of the opening of the Requiem, with his softly shifting syncopations in the strings […] already faintly anticipates one or two of his own symphonic passages in the two earlier D minor symphonies, for instance Nos. '0' and 3… [We] cannot escape the solemn beauty of this music, which already has the authentic atmosphere of natural genius. »
↑Notice de l'enregistrement de M. Best par Robert Simpson.
↑« During the years following the composition of the Requiem, Bruckner wrote a number of small choral works as well as two works on a larger canvas: a Magnificat (1852) and the Missa solemnis in B-flat minor (1854). Strangely enough these do not quite measure up to the qualities inherent in the earlier Requiem. »
Anton Bruckner, Sämtliche Werke, Kritische Gesamtausgabe – Band 15: Requiem d-Moll – Missa solemnis b-Moll, Dr. Benno Filsen Verlag GmbH, Robert Haas (Éditeur), Augsbourg-Vienne, 1930
Anton Bruckner: Sämtliche Werke: Band XIV: Requiem d-Moll (1849), Musikwissenschaftlicher Verlag der Internationalen Bruckner-Gesellschaft, Leopold Nowak (Éditeur), Vienne, 1966 - nouvelle édition, Rüdiger Bornhöft (Éditeur), Vienne, 1998
(de) Uwe Harten, Anton Bruckner : Ein Handbuch, Salzbourg, Residenz Verlag, .
(en) Keith William Kinder, The Wind and Wind-Chorus Music of Anton Bruckner, Westport, Connecticut, Greenwood Press,
(nl) Cornelis van Zwol, Anton Bruckner – Leven en Werken, Bussum (Pays-Bas), Thot,