Comme chez d’autres peuples en Europe, le mouvement de la renaissance ukrainienne émerge à partir du début du XIXe siècle. Vienne et Budapest craignent alors qu’il ne soit un vecteur de l’influence russe, tandis que Saint-Pétersbourg estime que ce mouvement est manipulé par les Polonais[3]. Des cercles nationaux (hromady) sont dissous, leurs membres pourchassés par l’Okhrana, et il est prohibé d’imprimer en ukrainien[3]. Les gouvernants russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes » à assimiler[3].
La culture ukrainienne connaît une renaissance dans les régions de la Ruthénie, de la Volhynie, de la Podolie et autour de Zaporijjia. C’est alors qu’apparaît de plus en plus le terme d’« Ukraine » — Oukraïna signifiant « la marche » —, terme employé surtout dans la langue ecclésiastique depuis le XVIe siècle, et relancé par les intellectuels à la fin du XIXe siècle. Officiellement, les pouvoirs impériaux autrichien et russe n'utilisent pas le terme d'« Ukraine ». Comme partout dans l'Empire russe, les territoires de l’actuelle Ukraine sont divisés en « gouvernements » : seul le grand-duché de Finlande échappe à cette division et forme un territoire unitaire. L’actuelle Ukraine est donc partagée, en Russie, entre les gouvernements de Kiev, Tchernigov, Ekaterinoslav, Volhynie, Podolie, Kherson, Tauride, Poltavie et Kharkov, regroupés en deux entités : Petite Russie et Nouvelle Russie. D’autres territoires aujourd’hui ukrainiens étaient à l’époque des parties de la Bessarabiemoldave ou du district des Cosaques du Don. En 1876, l'Empire russe interdit la langue ukrainienne dans les écoles, et la limite dans les journaux et la littérature. Cette limitation provoque en retour un manifeste idéologique qui permet de comprendre les revendications linguistiques actuelles. Les différentes formes d’ukrainien ne sont plus parlées que par une frange de la paysannerie et certains cercles cultivés de régionalistes : instituteurs, universitaires, ecclésiastiques (surtout uniates[4], car les orthodoxesdépendent alors du Patriarcat de Moscou[5]).
↑[Anon.]. "2. The Ukrainian National Revival: A New Analytical Framework". The Roots of Ukrainian Nationalism, Toronto: University of Toronto Press, 2016, p. 38-54. https://doi.org/10.3138/9781442682252-005
↑Représentations du monde dans l’espace postsoviétique, 2011, Terra hostica : la Russie dans les manuels scolaires d’histoire ukrainiens, Andriy Portnov, p. 39-61, https://doi.org/10.4000/anatoli.489.