Renée de VendômoisRenée de Vendômois
Renée de Vendômois est une noble française condamnée, en 1486, à être traînée et brûlée pour adultère, vol, larcin des biens et complicité de l'assassinat de son mari, Jean de Saint-Berthevin, seigneur de Souday. Mais, le roi Charles VIII lui ayant fait grâce de la vie, sa peine fut commuée « à demourer perpétuellement recluse et enmurée au cimetiere des Saints-Innocents à Paris, en une petite maison qui lui sera faite à ses dépens et des premiers deniers venans de ses biens, joignant l'église, ainsi que anciennement elle estoit ». PrésentationLe village de Souday, dans le Perche Vendômois, qui est situé presque au bord d'un plateau, entre les curieuses villes de Mondoubleau et de Montmirail, sur la rive gauche du Couëtron, fut le lieu d'un assassinat qui défraya la chronique à la fin du XVe siècle. Le fief de Souday appartenait au XIVe siècle à une noble famille nommée Le Gallois. L'un de ses membres, messire Tribouillard de Souday, vassal de Jeanne de Penthièvre[1], se distingua par ses violences à Melleray et surtout pendant la guerre de Cent Ans. Il eut la garde du château de Montmirail et fut pris à la bataille de Poitiers en 1356. Le neveu de Tribouillard, Jean Le Gallois, ne se maria pas. Il occupa ses loisirs à faire édifier son manoir de la Cour de Souday, qui passa bientôt par héritage à la maison de Saint-Berthevin[2]. C'est ainsi qu'au début du règne de Louis XI, Souday avait pour seigneur Jean de Saint-Berthevin, écuyer, fils de Jean et Jacquette de Vassé. Celui-ci épousa en premières noces Jeanne de Tucé, veuve de Guillaume de Chaources[3]), seigneur de Clinchamp, avec laquelle il eut 1 fils et 1 fille. Guillaume de Saint-Berthevin qui épousera Catherine de La Tour fille de Raoulet, seigneur de Glatigny[4] et Catherine de Saint-Berthevin qui épousera François de Mesenge, fils de René, seigneur de Saint-Paul-le-Gaultier[2]. Jeanne de Tucé décéda en 1474. Catherine de Saint-Berthevin, fille de Jean et de Jeanne de Tucé, avait épousé en 1488 l'écuyer manceau François de Mésange, mourut en 1504, après avoir demandé par testament la sépulture dans l'église des Saints-Innocents. Jean de Saint-Berthevin fit la connaissance d'une jeune veuve[5] nommée Renée de Vendômois, âgée de 16 ans, qui habitait La Tibonnelière. Renée de Vendômois était la fille d'Hamelin de Vendômois et l'arrière-petite-nièce de Jeanne de Vendômois qui avait épousé en premières noces Gervais de Ronsard, seigneur de La Poissonnière avant de vivre en adultère avec Jean de Bourbon-Carency qu'elle finit par épouser en 1420[2]. La famille de Vendômois, qui portait pour blason : coupé au premier d'or à trois fasces de gueules, et au deuxième d'hermines, occupait, tout comme la famille de Saint-Berthevin, un rang distingué dans la province du Maine et particulièrement au pays de Château-du-Loir, où elle possédait de nombreux fiefs. La noblesse de Renée de Vendômois, son jeune âge et sa beauté, avaient donc déterminé Jean de Saint-Berthevin, qui avait passé la quarantaine, de convoler en secondes noces avec Renée de Vendômois. Ils se marièrent vers 1478 et eurent 2 enfants : François né en janvier 1481 et un second enfant qui mourut en bas âge. Le meurtreJean de Saint-Berthevin mit à la disposition de sa seconde épouse toutes ses richesses et recevait toute la noblesse du pays. Ainsi la jeune femme qui s'ennuyait, fit connaissance d'un écuyer, Guillaume du Plessis, fils de feu Jean du Plessis et de Catherine d'Avaugour, dame du Mée en la paroisse d'Arrou[6] se présentant comme un lointain cousin. Sa présence trop fréquente et la disparition de sommes d'argent importantes finirent par éveiller des soupçons[7]. Renée prétendit que ces soupçons étaient injustes et que les vols étaient du fait des serviteurs, mais Jean de Saint-Berthevin finit par confondre les amants. Le bruit du meurtre de Jean de Saint-Berthevin ne tarda pas à se répandre non seulement dans les environs de Souday, mais dans toute la province du Maine[2]. ArrestationMarguerite de Saint-Berthevin et Ambroise de Mareuil, tuteurs des enfants mineurs du défunt seigneur de Souday, ayant eu connaissance de ces aveux, firent intervenir la justice. Marguerite de Saint-Berthevin, dame de Villenoble était la fille de Jean de Saint-Berthevin et de Jeanne de Courtarvel et sœur du côté paternel de Jean de Saint-Berthevin, qui était lui-même fils de Jean de Saint-Berthevin et de Jacquette Vassé sa seconde épouse. Ambroise de Mareuil était le mari de Roberte de Saint-Berthevin sœur de l'assassiné. L'information conduite par les officiers de Mondoubleau amena l'arrestation de Renée de Vendômois. Guillaume du Plessis ayant appris l'arrestation de Renée lui adressa une nouvelle lettre pour l'engager à ne rien confesser. Ensuite, il mit en œuvre les influences dont il pouvait disposer à la cour pour solliciter son absolution. Mais cette grâce ne fut pas entérinée et Guillaume du Plessis, pour échapper aux poursuites de la justice, se réfugia en Bourgogne, ou il épousa, par contrat passé le , devant Jean Picquenet, notaire au comté de Bourgogne, demoiselle Catherine de Ray, fille de Guillaume de Ray, chevalier, seigneur de Beaujeux, Pressigny, Autoreille, La Ferté-sur-Amance[8], et de feue noble et puissante dame Catherine de Vergy[9]. Le meurtrier de Jean de Saint-Berthevin entrait dans une des meilleures familles bourguignonnes[2]. Non plus criminelle que Guillaume du Plessis, Renée de Vendômois allait parcourir seule les étapes de l'expiation. ProcèsAprès une année d'enquêtes, de procédures et d'autres actes accoutumés en justice, la cause de Renée de Vendômois vint au Parlement de Paris sur la demande de Marguerite de Saint-Berthevin et d'Ambroise de Mareuil. La cour ordonna le , que Renée serait logée à la Conciergerie. Le , Renée de Vendômois fut envoyée devant le Prévôt de Paris, après examen du procès fait par les officiers de Mondoubleau et de Vibraye :
Comme Renée de Vendômois n'avouait pas son crime, le Prévôt de Paris, Jacques d'Estouteville, la transféra des prisons de la Conciergerie pour celles du Châtelet, afin de la soumettre à la question ordinaire. La veuve de Jean de Saint-Berthevin fut condamnée à « estre traynée et arse au marché aux pourceaux de Paris » et à la confiscation de ses biens[2]. CondamnationDeux années s'étaient écoulées que Renée de Vendômois avait passées dans les prisons de Mondoubleau, de la Conciergerie et du Châtelet, tandis que son complice, narguant la boiteuse justice humaine, jouissait de la liberté et oubliait à son nouveau foyer celle qui s'était perdue pour lui. Brisée par la question, condamnée au bûcher, Renée de Vendômois, qui avait vingt-deux ans, voulait espérer encore ne pas mourir étouffée par la fumée et dévorée par les flammes après avoir été traînée sur une claie à travers les rues de Paris, en raison le duc d'Orléans Louis XII, l'arrière petit-fils de Charles V et de Jeanne de Bourbon, implorait la clémence royale. Le , Charles VIII écrivit à ses conseillers tenant la cour de Parlement de Paris : « Nos amés et féaux, notre très cher et très aimé frère et cousin le duc d'Orléans nous a supplié à différentes reprises de vouloir bien pardonner à Renée de Vendômois, prisonnière à la Conciergerie de notre palais, le meurtre de son feu mari, l'écuyer Jean de Saint-Berthevin. Nous désirons que justice soit satisfaite, mais, pour complaire à notre dit frère et cousin, nous voulons que la dite Renée ait la vie sauve. Si, par son procès, vous trouvez qu'elle a mérité la mort, nous vous mandons bien expressément de lui commuer cette peine en une autre que vous jugerez convenable, car tel est notre plaisir. » Le Parlement de Paris s'empressa d'obéir au souverain. Le 28 février et le , la cour, présidée par Jean de La Vacquerie, entendit les plaidoyers des avocats Gannay pour la dame de Souday et Michon pour le comte de Vendôme et les enfants de Jean de Saint-Berthevin. Suffisamment éclairée, le lundi , elle rejeta l'appel de Renée mais tenant compte des lettres de rémission, elle fit grâce de la vie à la coupable et fixa ainsi son sort :
En outre, la cour priva Renée de tous ses droits civils, la condamna à restituer les bijoux volés après la mort de son mari, à fonder des services religieux dans l'église de Souday en fournissant les ornements nécessaires, à faire ériger sur le lieu du crime une croix de pierre de huit pieds de hauteur avec une épitaphe narrative de la mort de Saint-Berthevin, à payer différentes amendes, à tenir prison jusqu'à la parfaite exécution de toutes ces charges et enfin :
La réclusionRenée de Vendômois avait été condamnée à la reclusion le . Elle resta encore prisonnière au Petit Châtelet de Paris pendant environ six mois, temps nécessaire à l'exécution des différentes clauses de l'arrêt du Parlement et au recouvrement des bijoux volés à la succession de Jean de Saint-Berthevin. Le matin du , la foule, toujours avide d'émotions, assiégeait le cimetière des Innocents et aspirait, sinon à la vie politique, du moins au spectacle assez rare de l'emmurement d'un vivant. Vers les onze heures, Renée apparut avec son escorte de greffiers, huissiers et sergents à verge. Elle prit place dans le cimetière, devant l'église, où elle subit sa dernière humiliation, la lecture de l'arrêt du Parlement. Ensuite on la fit entrer dans sa cellule « fermant à deux serrures ». Une des clefs fut remise aux marguilliers Jacques Le Moyne et Dominique de Moyencourt, l'autre fut portée au greffe de la Cour. Tout était fini. Le monde n'existait plus pour la recluse. Elle passa le reste de sa vie dans la solitude égayées seulement par l'assistance aux offices, le chant des psaumes et les cérémonies funèbres, jusqu'à sa mort, dont la date n'est pas connue. Le fils unique de Renée de Vendômois, François de Saint-Berthevin, meurt en 1500. Il y eut entre ses héritiers un grand procès au Parlement de Paris. Guillaume du PlessisAprès la condamnation de Renée, Guillaume du Plessis était revenu dans le Perche, où il se tenait en maison forte veillant à la sûreté de sa personne. De là, il prenait un soin scrupuleux de ses intérêts matériels. Il fit même hommage pour sa terre du Mée, dans la paroisse d'Arrou, le , à François d'Orléans, comte de Dunois. Mais le coupable parvenait à se mettre à l'abri et restait insaisissable dans son repaire. Enfin, comme il fallait en finir, la cour suprême, par arrêt du , le condamna en son absence à être pendu à une potence élevée sur le lieu du crime où son cadavre devait rester vingt-quatre heures avant d'être transporté aux fourches patibulaires de Souday, à plusieurs amendes, à augmenter les fondations de messes et de services faites par Renée de Vendômois, aux frais de différentes épitaphes commémoratives du meurtre et à la saisie de tous ses biens.
Tout porte à croire que, malgré ces rigoureuses procédures, Guillaume du Plessis ne finit pas ses jours pendu au gibet. Adrienne, fille de Guillaume du Plessis, se consacra à Dieu dans l'abbaye de Saint-Avit au Perche Articles connexesBibliographie
Lien externeNotes et références
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