Religion dans l'Union européenneLes religions dans l'Union européenne (UE) sont diverses. La religion la plus importante dans l'UE est le christianisme, qui représentait 72,8 % de la population de l'UE en 2018[réf. obsolète][1]. Les groupes plus petits comprennent l'islam, le bouddhisme, le judaïsme, l'hindouisme et certaines religions d'Asie de l'Est, concentrés pour la plupart en Allemagne et en France. On observe récemment des mouvements marginaux de renaissance des religions populaires européennes pré-chrétiennes, notamment le paganisme, le rodnovery, la romuva et le druidisme[2]. La politique de l'union européenne est peu impliquée dans ce sujet, suivant une forme de laïcité, qui n'impacte pas significativement le fonctionnement des institutions de l'Union européenne. Lors des discussions sur le projet de la Constitution européenne, des propositions de groupes conservateurs visant à faire expressément référence à la religion ont été proposées[Note 1], une forte opposition a conduit à leur abandon. Finalement, le traité évoque une inspiration par des « héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l'égalité et l'État de droit; » et se positionne relativement aux statuts des religions dans les Etats par son article 11. La possibilité d'exercer sa religion et ses croyances est l'une des libertés fondamentales inscrites dans la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne à l'article concernant la liberté de pensée, de conscience et de religion. Au niveau des États membres, il existe une grande hétérogénéité dans la répartition des croyants et dans les relations qu’entretiennent les instances religieuses et politiques. StatistiquesAu cours des dernières décennies, la pratique religieuse a tendance à baisser. Le sondage d'Eurostat a montré en 2010 que 20 % des citoyens de l'UE ne croyait pas en une sorte d'esprit, Dieu ou force vivante. Les pays qui concentrent le plus de personnes non-croyantes sont la France (40 %), la République tchèque (37 %), la Suède (34 %), les Pays-Bas (30 %), l'Estonie (29 %), l'Allemagne (27 %), la Belgique (27 %) et la Slovénie (26 %). Les pays les plus religieux sont la Roumanie (1 % de non croyants) et Malte (2 % de non croyants). Dans l'UE, la croyance est plus fréquente avec l'âge et plus élevée chez les femmes, les personnes n'ayant qu'une éducation de base et celles qui « se positionnent sur la droite de l'échiquier politique » (57 %)[3].
Sécularité des institutionsLors des négociations préliminaires à l'adoption du traité d'Amsterdam en 1997, le Saint-Siège est intervenu afin que soit reconnue la place de l'Église dans l’héritage européen. Cette proposition n'a pas été adoptée et une terminologie plus laïque fut retenue : « héritage culturel, humaniste et religieux »[5]. Avec les élargissements successifs, les pays de tradition catholique et protestante ont été rejoints par des pays de tradition orthodoxe. Il n’existe en 2014 aucune disposition juridique régissant au niveau européen les rapports que doivent entretenir les États membres et les cultes ; cette liberté est laissée à chacun, dans le respect des traités européens et de la jurisprudence de la CJUE[5]. Les situations sont ainsi fort diverses, en fonction du contexte historique, culturel et politique, dans les relations institutionnelles avec les cultes et leurs représentants[6]. Le modèle politique développé par l'UE depuis les vingt dernières années s'oriente vers une identité communautaire et démocratique, avec une citoyenneté européenne, un État de droit et une justice en accord avec le respect des droits individuels. En 2000, le traité de Nice réaffirme les droits civils, économiques, politiques et sociaux de « tous les citoyens européens ainsi que ceux qui vivent sur leur territoire »[5]. La dimension religieuse reste du domaine des États membres mais le principe de séparation des cultes et de l’État reste essentiel au respect de tous les citoyens et de leurs croyances. Le traité d’Amsterdam modifiant le traité sur l'Union européenne, les traités instituant les Communautés européennes et certains actes connexes réaffirme cette distinction :
Cette politique est également défendue dans le processus d'adhésion de nouveaux États, le respect des libertés fondamentales, politiques, culturelles et religieuses est un prérequis pour tout ouverture d'un dossier d'adhésion. Liberté religieuseLa liberté de pratiquer une religion ou un culte est l'une des libertés fondamentales défendues par les États membres et repris dans un certain nombre de traités européens, et notamment dans la Charte des droits fondamentaux. Ces textes priment sur le droit national et ont un caractère juridique contraignant pour les États membres, c'est la Cour européenne des droits de l'homme qui traite les recours portés contre un État membre du Conseil de l'Europe qui ont ratifié la Convention mais ne respectent pas les droits et les libertés qui y sont reconnus[7].
— Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne Conformément aux idéaux d'égalité civile et de liberté de culte des nations fondatrices de la Communauté économique européenne dans les années cinquante, le traité fondateur instituant la CEE permet aux instances européennes de pouvoir agir dans le sens de la lutte contre toutes les formes de discriminations basées sur la religion.
— Traité instituant la Communauté européenne Ces mesures ont été réaffirmés dans le traité de Maastricht son attachement au respect des droits et libertés, à la suite du passage de la CEE à l'UE et de la ratification de la Charte des droits fondamentaux[8] qui reprend dans un seul document applicable aux acteurs nationaux et internationaux parties prenantes à l'UE :
— Traité sur l'Union européenne À l'extérieur de ses frontières, l'UE s'efforce également de promouvoir la liberté religieuse comme une vertu du modèle européen, le Conseil des Affaires Étrangères de l'Union européenne et le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) ont adopté les « Lignes Directrices de l'UE sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction », à destination de ses délégations et représentants européens à l'étranger[9] Place dans la société européenneLors de la fondation de la CEE et durant son développement, l'aspect religieux de la société européenne était présent, ainsi, certains symboles de l'unité européenne reprennent des symboliques propres au christianisme, religion majoritaire au sein de la population des pays européens en 1952, comme aujourd'hui[10]. Le drapeau européen reprend la symbolique du bleu, en référence à la couleur du manteau de la vierge et les douze étoiles, la couronne de douze étoiles évoquée dans l'apocalypse de Saint Jean, selon son créateur[11]. Cela s'explique par les racines profondes qui unissent société civile, États et religion.
Avec le développement de la bureaucratie européenne, des groupes de pression se sont développés en faveur des religions et des idées qu'elles défendent ou de la laïcité. C'est le cas de la Fédération humaniste européenne ou de la Commission des épiscopats de la communauté européenne[13] JurisprudenceSur le sujet de la religion, certains pays membres de l'UE sont soumis à la jurisprudence de la Cour européenne[14]. La Cour européenne des droits de l'homme considère notamment des concepts tels que: Le droit à la liberté de religion, ses dimensions intérieure et extérieure, ses aspects individuel et collectif, les relations entre Etat et communautés religieuses, l’imposition, par l’Etat, de certaines pratiques liées à une religion. Elle considère aussi l'étendue de la protection de la liberté de religion, le devoir de neutralité et d’impartialité de l’Etat, la protection contre l’offense gratuite, l’incitation à la violence et à la haine contre une communauté religieuse, la religion au travail et l’aménagement raisonnable[15]. Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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