Le régiment Préobrajensky (en russe : Преображенский лейб-гвардии полк) ou régiment de la Transfiguration est le plus ancien et l'un des plus prestigieux régiments de la Garde impériale russe. Il est intimement lié à l'histoire de l'émergence de l'Empire russe, de la fin du XVIIe au XIXe siècle. À ce titre, il incorpore une forte charge symbolique.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, l'adhésion était réservée aux jeunes aristocrates russes ayant fait preuve de loyauté envers le gouvernement impérial et le tsar. Dissous en décembre 1917, son nom a été redonné en avril 2013 au 154e régiment séparé du commandement Préobrajensky (en russe : 154-й отдельный комендантский Преображенский полк).
Dans les années 1695-1696, il participe à la campagne d'Azov[3]. En 1698, le régiment Préobrajensky se compose de quatre bataillons, auxquels il faut ajouter deux compagnies militaires distinctes composées de bombardiers (soldats en service sur les mortiers et les obusiers) et de grenadiers. Le , il prend le nom de régiment de la Garde Préobrajensky. Un autre régiment, également créé en 1683 pour les jeux guerriers du jeune Pierre Alexeïevitch, reçoit le nom de régiment de la Garde Sémionovsky : il doit son nom au petit village de Semionovskoïe, situé près de Moscou, où il est initialement stationné. En 1723, ce régiment est cantonné à Saint-Pétersbourg[4]. En 1706, Pierre Ier prend le grade de colonel du régiment Préobrajensky. En 1741 c'est à la tête d'une petite troupe du régiment que la future impératrice Élisabeth, fomente un coup d'État pacifique qui la propulse sur le trône de Russie[5]. En 1796, les bataillons du régiment sont nommés selon les patronymes de leurs chefs : 1er bataillon de Sa Majesté, 2e bataillon lieutenant-général Tatichev, 3e bataillon feld-maréchalSouvorov, bataillon de grenadiers major-généralAraktcheïev.
Le régiment Préobrajensky s'est illustré au cours de plusieurs guerres tout au long du XVIIIe siècle :
Il a également participé à la prise de Khotin (1739).
XIXe siècle
Guerre de Finlande
En 1808 le régiment Préobrajensky participe à la Guerre de Finlande. Le , le 2e bataillon du Régiment pénètre à Villmanstrand. Le , une partie du Corps du lieutenant-général Piotr Ivanovitch Bragation entame sa progression vers la Suède par les îles Åland et le , il est engagé dans des combats sur l'île de Lemland, le , sur l'île d'Eckerö.
Guerre napoléoniennes
En 1800, sur ordre de Paul Ier, le régiment Préobrajensky est débaptisé et reçoit le nom de Régiment de la Garde de Sa Majesté. Mais en 1801, Alexandre Ier le restaure dans son ancien nom. Il se distingue lors des guerres des Troisième et Quatrième Coalition.
En 1805, les 1er et 3e bataillons quittent Saint-Pétersbourg le et prennent part à la bataille d'Austerlitz le . Ils sont de retour à Saint-Pétersbourg le . En , le régiment composé de quatre bataillons quitte la Russie ; le , il engage le combat contre les troupes du maréchalNey à Guttstadt, Altkirchen et, le , prend part à la bataille de Friedland. Le régiment est de retour à Saint-Pétersbourg en août. En 1811, le régiment est transformé en trois bataillons, chacun d'entre eux se composant d'une compagnie de grenadiers et d'un peloton de tirailleurs (infanterie légère) et de trois compagnies de fusiliers. En , lors de la campagne de Russie, le régiment se rend à Vilnius où il rejoint la 1re Armée de l'Ouest, placée sous le commandement de Michel Barclay de Tolly. Le , il est engagé dans la sanglante bataille de Borodino. Au cours de la retraite de la Grande Armée, le régiment est placé en réserve. Il est de retour à Vilnius en octobre.
Entre 1812 et 1814, il s'illustre également au cours de la guerre de la Sixième Coalition. Le , le régiment traverse le fleuve Niémen en présence d'Alexandre Ier de Russie et du roi Frédéric-Guillaume II de Prusse. Il participe à la grande parade du et fait une entrée triomphale dans la ville de Dresde. Pendant la campagne d'Allemagne, il prend part aux batailles de Lützen et Bautzen. Sous le commandement du général Iermolov, il se distingue aussi à la bataille de Kulm. Le , en présence de l'empereur Alexandre Ier, à Bâle, le régiment traverse le Rhin comme unité de réserve. Il participe à toutes les offensives. Le , il conclut triomphalement la campagne de guerre engagée contre les armées napoléoniennes ; le 1er bataillon bivouaque à proximité du palais des Tuileries. Après avoir séjourné plus de deux mois dans Paris, le régiment part pour la Normandie et, le embarque à Cherbourg. Le , il fait son entrée à Saint-Pétersbourg. À cette occasion, en récompense des excellents services rendus par le régiment Préobrajensky entre 1812 et 1814, Alexandre Ier de Russie ordonne la construction d'un arc de triomphe en son honneur.
Autres batailles
Le régiment participa à la Guerre russo-turque de 1828-1829. Il mena la répression contre les insurgés polonais lors des insurrections de novembre 1830 et de 1861-1864. Enfin, il se distingua également au cours des batailles de la Guerre russo-turque de 1877-1878.
En 1906 le premier Bataillon est exclu du Régiment Préobrajensky et dépouillé des privilèges de la Garde impériale. Le nouveau 1er Bataillon est constitué de chevaliers de l'Ordre de Saint-Georges et des héros de la Guerre russo-japonaise.
La deuxième Compagnie du bataillon de réserve du Régiment Préobrajensky prit ensuite une part active à la Révolution de février 1917 en rejoignant la foule insurgée[6].
En 1917, le régiment Préobrajensky fut dissous par son dernier commandant, le colonelAlexandre Koutiepov (plus tard général) mais réintégré dans l'Armée blanche dans le sud de la Russie. Les officiers exilés créèrent alors l’Union Préobrajenstsev.
Pertes au cours de la grande guerre, la guerre civile et la terreur rouge
Les membres de la famille impériale en service dans les régiments de la Garde impériale ne sont pas comptabilisés dans le nombre d'officiers tués au cours ces périodes de guerre.
En 2013, le nom de régiment Préobrajensky est réattribué le par décret du président russeVladimir Poutine au 154e régiment autonome d'infanterie, dont la mission principale jusqu'alors était la protection du Kremlin[8],[9].
Récompenses et honneurs régimentaires
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Les couleurs de l'Ordre de Saint-Georges furent décernées au Régiment Préobrajensky « Pour ses prouesses manifestées lors de la bataille de Kulm le ». Au cours de cette bataille napoléonienne, ces couleurs furent attribuées au Régiment pour célébrer son action à Kulm, en infériorité numérique face aux troupes de la Grande Armée, il résista aux charges des troupes françaises placées sous les commandements de Dominique-Joseph René Vandamme, Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont et Laurent de Gouvion-Saint-Cyr.
Pour leur héroïque comportement au cours de la bataille de Varna (1700), les Régiments Préobrajensky et Semionovski reçurent des bas rouges, il symbolisait leur attitude aux combats (du sang jusqu'aux genoux).
Un hausse-col ou gorgerin d'argent avec l'inscription fut décerné aux sous-officiers du Régiment Préobrajensky afin de commémorer la bataille de Narva[11].
Un insigne porté en broche sur les chapeaux avec l'inscription Pour Tashkinen le fut décerné au Régiment Préobrajensky en récompense de son héroïsme au cours de la Guerre russo-turque de 1877-1878[12].
Insigne régimentaire représentant une double croix, l'une en émail bleu, l'autre en or représentant la crucifixion de Saint André, de part et d'autre de la croix et au-dessous trois aigles bicéphales (emblème des Romanov), au-dessus de la croix, la couronne impériale. Cet insigne régimentaire fut remis au Régiment Préobrajensky pour le bicentenaire de sa création (1909)[13].
Particularismes régimentaires
Le drapeau du régiment est aux couleurs de l'Ordre de Saint-Georges avec l'inscription : « Pour les faits accomplis dans la bataille de Kulm le ». (La date est donnée dans l'ancien calendrier julien et correspond au dans le calendrier grégorien). Ces couleurs célèbrent le fait d'armes de Kulm, où le régiment résista à la charge des troupes françaises supérieures en nombre.
les volontaires devaient être blonds et de grande taille ; en outre les soldats des 3e et 5e compagnies devaient porter la barbe[2].
Divers
En 1918, le Régiment Préobrajensky continua de vivre sous le nom d'Association du Régiment Préobrajensky. En 1970, après le décès de ses derniers officiers, leurs descendants réorganisèrent cette association et lui donnèrent le nom de Union Préobrajensky.
Souverains russes commandants du Régiment Préobrajensky
Edouard Trofimovitch Baranov : (1811-1884), général d'infanterie, membre du Conseil d'État, l'un des auteurs du règlement général des Chemins de fer russes, proche collaborateur d'Alexandre II de Russie ;
Sergueï Leontievitch Boukhvostov : (1659-1728), il fut le premier enregistré dans le Régiment Préobrajensky, Pierre Ier de Russie le baptisa « Premier soldat de la Russie[14] » ;
Vassili Dmitrievitch Kortchmine : Ingénieur en chef de l'artillerie de la Russie impériale, l'un des pères de l'artillerie russe, un proche collaborateur de Pierre Ier de Russie ;
Vladimir Ivanovitch Nazimov : (1802-1874), gouverneur général de Vilna ;
Vladimir Vassilievitch von Notbek : (1825-1894), général d'infanterie, inspecteur des usines d'armes et de munitions ;
Edward Anders Ramsay : (1797-1877), général d'infanterie, membre du Conseil d'État ;
Nikolaï Andreïevitch Read : (1793-1855), général de cavalerie ;
www.peter.petrobrigada.ru Photographie de soldats revêtus de l'uniforme du Régiment Préobrajensky, on notera le port des bas rouges, honneur accordé après la bataille de Varna.